6 days ago
«L'effaceur de zizis» veille sur les routes du Tour de France
Patrick Dancoisne transforme les messages et dessins inappropriés se trouvant sur les tracés de la Grande Boucle en quelques coups de pinceau. Publié aujourd'hui à 10h59
Les messages adressés aux coureurs et aux caméras de télévision sont nombreux sur la route. Les plus problématiques sont effacés en amont de l'étape.
AFP
En bref:
«On m'appelle sans vulgarité l'effaceur de bites.» Difficile de trouver une meilleure description de poste que celle de Patrick Dancoisne, qui n'édulcore pas son rôle devant la caméra de Brut .
Probablement moins connu que le diable, il est assurément crucial dans l'organisation du Tour de France . Le Français de 65 ans a pour mission de nettoyer les routes de tout message indésirable, qu'il soit politique, à caractère sexuel ou encore raciste. C'est donc lui ou son acolyte qui interviennent lorsque des dessins de parties génitales sont laissés au milieu du tracé.
S'il semblait gêné d'être réduit à un effaceur de sexe lors d'une interview datant de 2018, il a depuis pris le parti de rire de cet intitulé de poste incongru. Ou peut-être que les spectateurs se sont découvert une passion pour la peinture.
«Dans la course, souvent en montagne comme les coureurs y vont un peu moins vite, on voit des gros zizis», affirme celui qui arpente les routes du TDF depuis près de quinze ans. Le col du Soulor (11,8 km à 7,3%) et les pentes d'Hautacam (13,5 km à 7,8%), où le Tour de France passera cette semaine, sont des endroits propices à la floraison de sexes sur le bitume.
Mais l'homme veille, et il sait y faire en matière de dessin. On le voit muni de sa peinture blanche et de son rouleau pour recouvrir un pénis. Quelques gestes suffisent à transformer l'œuvre. «J'essaie de faire un hibou. Là, c'est parti plus pour faire un lapin», commente-t-il au micro de France Bleu. C'est son registre: hibou, papillon ou lapin. «Je ne suis pas là pour faire l'artiste peintre», avertit-il toutefois.
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Son boulot d'été, c'est du sérieux. Rien à voir avec ce que Frédérick Vin dépeint dans son court-métrage intitulé «Les Effaceurs», dans lequel apparaît Joey Starr. «Quand on voit le film… attention! On n'a pas une nénette ou on ne boit pas une bouteille de pinard sur la route. C'est zéro alcool.»
Pas une goutte, contre des centaines de litres de peinture pour astucieusement déguiser les tags. «EPO» devient «888», les pénis deviennent des animaux et s'il y a trop d'insultes envers les coureurs, ils tentent d'en supprimer le maximum.
Impossible de couvrir l'intégralité des tracés, si bien que les effaceurs se concentrent sur les 100 kilomètres avant l'arrivée des étapes en montagne, et à 60 kilomètres de la ligne signant la fin des étapes en plaine. Le tout en s'assurant que des gens n'aient pas attendu leur premier passage pour rapidement se lancer dans leur œuvre. Il était croque-mort avant d'être effaceur
Que les amoureux du vélo se rassurent: ils ne vont pas effacer les encouragements. Des fans qui auront écrit «Allez Alain Philippe» sur le bitume ne verront pas leur message disparaître au profit d'une peinture blanche et neutre. Les «Pogi», «MVP», «WVA» et autres initiales de coureurs restent bien en place. Mais les appels à la haine, accusations de dopage , les «Macron démission» et tout ce qui peut être perçu comme problématique subit un coup de rouleau.
Au passage, «Patoche» et son partenaire, engagés par la société Doublet, s'assurent que la route soit bien sécurisée. Leurs regards se posent autant sur la route que sur les panneaux de signalisation et les banderoles qu'il faut potentiellement rattacher.
Sa franchise et sa bonne humeur font de Patrick Dancoisne une coqueluche du public. Il colle parfaitement à la définition de quelqu'un de nature peinture. C'est avec une pointe d'étonnement dans la voix qu'il révélait au média Brut qu'il avait déjà signé deux autographes et consenti à des selfies de fans. Il semble touché de cette attention. Il se montrait aussi pleinement satisfait d'être au cœur d'une ambiance festive qu'il affectionne tout particulièrement.
«L'Effaceur de zizis» ne sort pas d'une école d'art. Il n'exerçait pas de métier particulièrement artistique avant sa retraite. «Je travaillais au boulevard des allongés», indique-t-il. Traduction: il était croque-mort. «Et maintenant, je travaille avec des bons vivants et ça me plaît», se marre-t-il.
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Rebecca Garcia est journaliste à la rubrique sportive de Tamedia. Titulaire d'un master en journalisme de l'Université de Neuchâtel, elle s'intéresse particulièrement au ski alpin, au trail running et à l'économie du sport. Plus d'infos
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