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Comment les Français se mobilisent contre le retour d'un pesticide
Comment les Français se mobilisent contre le retour d'un pesticide

La Presse

time2 days ago

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Comment les Français se mobilisent contre le retour d'un pesticide

Manifestants brandissant des banderoles et des drapeaux syndicaux lors d'un rassemblement contre la loi Duplomb, alors au stade de projet de loi, fin juin Au début, Éléonore Pattery était toute seule. Quand l'étudiante de 23 ans a mis en ligne sa pétition, sur le site de l'Assemblée nationale française le 10 juillet, le Parlement venait tout juste d'adopter une loi controversée sur l'agriculture. La loi Duplomb, proposée par le sénateur Laurent Duplomb, prévoit un ensemble de mesures destinées à répondre à la colère des producteurs agricoles qui ont manifesté jusqu'à Paris l'année dernière. Les agriculteurs se sont réjouis de son adoption. « La loi Duplomb n'est pas la meilleure du monde, mais c'était celle qui écoutait ce qu'on avait à peu près dit », a expliqué à l'AFP la semaine dernière Dominique Raud, éleveuse de chèvres en Haute-Garonne. Les environnementalistes et de nombreuses voix en santé publique, eux… sont pas mal moins enchantés. C'est à leur tour d'être en colère. Une mesure en particulier est dans la ligne de mire des opposants : la réintroduction sous conditions de l'acétamipride, un insecticide de la famille des néonicotinoïdes. Les néonicotinoïdes, ce sont ces pesticides hautement toxiques pour les insectes, les oiseaux, les poissons et les amphibiens, mais surtout pour les abeilles. La France a progressivement banni l'usage des néonicotinoïdes à partir des années 2000 – l'acétamipride a été interdit en 2018. PHOTO GUILLAUME BAPTISTE, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE Des membres du public assistant à la session parlementaire dans la tribune publique ont réagi à l'adoption de la loi le 8 juillet dernier. Mais le reste de l'Europe, lui, ne l'interdira qu'en 2033. Les agriculteurs français dénoncent donc une concurrence déloyale et soutiennent que le recours à ce pesticide est « indispensable » pour soutenir les productions de betteraves à sucre et de noisettes. Éléonore Pattery dénonce, dans le texte de la pétition, « une attaque frontale contre la santé publique, la biodiversité, la cohérence des politiques climatiques, la sécurité alimentaire, et le bon sens ». Elle réclame « l'abrogation immédiate » de la loi Duplomb. « Aujourd'hui, je suis seule à écrire, mais non seule à le penser », concluait-elle, le 10 juillet. Deux semaines plus tard, on constate qu'en effet, Éléonore Pattery n'est pas seule… Près de deux millions de Français ont signé sa pétition ! Du jamais vu pour un texte déposé sur la plateforme de l'Assemblée nationale. Et la mobilisation ne semble pas s'essouffler. « C'est un produit qui a un potentiel d'exposition très important pour l'ensemble de la biodiversité, humains y compris », a déclaré à la radio publique Philippe Grandcolas, directeur adjoint du Centre national de la recherche scientifique (CNRS). Même les chefs cuisiniers se sont lancés dans la mêlée. Sur les réseaux sociaux, le chef étoilé Jacques Marcon a accusé le sénateur Laurent Duplomb de s'être « érigé en porte-parole de l'industrie agroalimentaire qui privilégie une agriculture intensive et néfaste pour les générations futures ». Et les agriculteurs, eux, fulminent à leur tour. La semaine dernière, en réaction au succès de la pétition, une centaine d'agriculteurs de la région de Toulouse ont répandu du fumier, des déchets, de la laine et ont jeté des œufs sur les locaux du parti européen Les Écologistes. PHOTO ED JONES, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE Un manifestant lance un œuf alors que des agriculteurs du syndicat de droite Coordination Rurale déchargent du fumier devant le siège du parti Les Écologistes, à Toulouse, mardi dernier. Qu'en est-il chez nous ? L'acétamipride est toujours utilisé au Canada. Au Québec, nous informe le ministère de l'Agriculture, il est surtout utilisé dans la culture des petits fruits. Selon les données du Bilan des ventes de pesticides au Québec pour l'année 2023, les ventes de cet insecticide représentent une « proportion très faible », « soit 0,03 % de l'ensemble des ventes de pesticides utilisés en agriculture ». Une proportion très faible, mais tout de même présente. D'où l'importance, pour certains, de chercher d'autres façons de combattre les insectes nuisibles au lieu d'avoir recours aux néonicotinoïdes. C'est d'ailleurs à quoi s'emploient des chercheurs comme Annie-Ève Gagnon, entomologiste d'Agriculture Canada. Ironiquement, c'est en visitant des producteurs de betteraves à sucre de Belgique – où le recours à l'acétamipride est toujours permis – qu'elle en a appris davantage sur l'utilisation de « bandes fleuries » et de « cultures intercalaires » pour lutter contre les pucerons. En gros, les deux méthodes cherchent à attirer les insectes prédateurs de pucerons avec des plantes qui poussent à proximité des betteraves. Ces insectes déposent leurs œufs sur les betteraves, et leurs larves se nourrissent des pucerons. Annie-Ève Gagnon teste ces méthodes au Québec avec, notamment, la laitue et les oignons. L'idée de l'agriculture dite « raisonnée », rappelle Mme Gagnon, est de « limiter l'utilisation des pesticides seulement dans les cas où on en a besoin ». PHOTO DIMITAR DILKOFF, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE Des opposants au projet de loi brandissent une banderole sur laquelle on peut lire « nourrir, pas détruire » devant les jardins du Luxembourg, à Paris, fin juin. Pour elle, le recul de la France pourrait aussi avoir des incidences sur les efforts déployés pour trouver d'autres solutions. « C'est difficile de travailler sur des alternatives si des pesticides sont disponibles », dit-elle. Entre une méthode d'éradication à l'aide d'insectes prédateurs qui peut prendre quelques années à mettre en place et l'épandage rapide d'un pesticide, les producteurs agricoles auront tendance à choisir la seconde méthode, plus simple et efficace à court terme. Plus on est restrictif, plus ça nous encourage à développer des méthodes différentes pour contrôler les problématiques phytosanitaires. Annie-Ève Gagnon, entomologiste d'Agriculture Canada Mais l'intérêt des producteurs agricoles pour les solutions permettant d'éviter le recours aux pesticides est bien présent, de ce côté-ci de l'Atlantique, tient-elle à souligner. « Ce qui est beau à voir, c'est que même si nos analyses sont encore en cours, des producteurs ont déjà adopté ces techniques. Je connais des producteurs qui ont décidé de mettre des bandes fleuries dans d'autres cultures. L'un d'eux, par exemple, a décidé de les essayer dans la culture du radicchio. » La pétition forcera-t-elle le gouvernement français à revoir sa position ? Ce serait étonnant, estiment les constitutionnalistes interrogés par les médias français. Mais la démarche empruntée par Éléonore Pattery prévoit que le Parlement peut décider d'organiser « un débat en séance publique sur une pétition ayant recueilli au moins 500 000 signatures ». Juste ça, ce serait du jamais vu : aucune pétition n'a jamais été débattue à l'Assemblée nationale française dans l'histoire récente. La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a d'ailleurs dit être « favorable » à l'organisation d'un débat, mais celui-ci « ne pourra en aucun cas revenir sur la loi votée ». Éléonore Pattery, quant à elle, refuse désormais les demandes d'entrevue, préférant laisser s'exprimer d'autres personnes, a-t-elle expliqué sur sa page LinkedIn. « Je ne suis pas indispensable à ce débat. » Consultez la page de la pétition Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue

Anne de Guigné: «La pétition contre la loi Duplomb ou le principe de précaution vingt ans plus tard»
Anne de Guigné: «La pétition contre la loi Duplomb ou le principe de précaution vingt ans plus tard»

Le Figaro

time3 days ago

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Anne de Guigné: «La pétition contre la loi Duplomb ou le principe de précaution vingt ans plus tard»

Réservé aux abonnés CHRONIQUE- Les débats autour de la loi Duplomb, accusée d'empoisonner les hommes et l'environnement, illustrent la manière dont le principe de précaution a façonné les mentalités depuis vingt ans. « La loi Duplomb est une aberration scientifique, éthique, environnementale et sanitaire. Elle représente une attaque frontale contre la santé publique, la biodiversité, la cohérence des politiques climatiques, la sécurité alimentaire, et le bon sens. (…) Nous sommes ce que nous mangeons, et vous voulez nous faire manger quoi ? Du poison. » Reconnaissons à la pétition contre la loi Duplomb une certaine qualité de verve. Moins celle de la nuance ! De nombreux scientifiques ont travaillé sur la question de la dangerosité de l'acétamipride, cet insecticide de la famille des néonicotinoïdes, que la loi propose de réintroduire en usage agricole dans des conditions bien précises. Sans entrer dans les débats techniques, leurs conclusions semblent toutes converger vers l'idée d'une très forte probabilité d'absence de danger pour l'homme et d'effets limités sur les abeilles (ce qui n'est pas le cas des autres néonicotinoïdes). Les opposants à la loi s'engouffrent dans cette part d'incertitude…

Loi Duplomb : existe-t-il une alternative à l'acétamipride ?
Loi Duplomb : existe-t-il une alternative à l'acétamipride ?

Le Figaro

time4 days ago

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Loi Duplomb : existe-t-il une alternative à l'acétamipride ?

Réservé aux abonnés DÉCRYPTAGE - Plusieurs travaux de recherche récents présentent des solutions pour lutter contre les pucerons sans avoir recours à l'acétamipride, néonicotinoïde controversé que la loi Duplomb prévoit de réintroduire, dont l'efficacité n'est en réalité pas assurée. Le Figaro fait le point sur ces propositions et leurs implications. En France, le débat enflammé sur la loi Duplomb, adoptée définitivement le 8 juillet dernier par le Parlement fait face à une contestation croissante incarnée par une pétition ayant récolté près de deux millions de signatures en seulement 15 jours, se cristallisant autour de la réintroduction à titre dérogatoire et sous conditions de l'acétamipride. Il s'agit d'une substance active de la famille des néonicotinoïdes, pesticides qui ciblent le système nerveux central des insectes pour les paralyser ou les tuer. Les néonicotinoïdes, réputés pour leur efficacité dans l'élimination des insectes ravageurs, notamment les pucerons (vecteurs de virus comme celui de la jaunisse) ont été utilisés à partir du milieu des années 90 par les agriculteurs français. Mais leur usage a été interdit par la loi du 8 août 2016, principalement en raison de leurs effets délétères sur la biodiversité. Une nouvelle autorisation de l'acétamipride marquerait donc un tournant si la loi Duplomb était promulguée par Emmanuel…

Comment les réseaux sociaux ont permis l'émergence de la pétition contre la loi Duplomb
Comment les réseaux sociaux ont permis l'émergence de la pétition contre la loi Duplomb

Le Figaro

time6 days ago

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Comment les réseaux sociaux ont permis l'émergence de la pétition contre la loi Duplomb

Réservé aux abonnés RÉCIT - «X est le réseau social où elle est la plus commentée, avec près de 255.000 tweets publiés depuis le 8 juillet, ce qui représente en moyenne 36.348 tweets par jour», commente Visibrain, un outil de veille des réseaux sociaux. La pétition contre la loi Duplomb s'est diffusée à la vitesse du son. Lancée par Éléonore Pattery, une étudiante de 23 ans, le 10 juillet, elle recueille désormais 1,8 millions de signatures. En cause : la réintroduction de certains néonicotinoïdes, interdit depuis 2018 mais autorisé en Europe. «Elle représente une attaque frontale contre la santé publique, la biodiversité, la cohérence des politiques climatiques, la sécurité alimentaire, et le bon sens», selon l'auteur du manifeste. Cette soudaine popularité lui a permis d'être disponible sur le site de l'Assemblée nationale et potentiellement d'être inscrite à l'ordre du jour de l'Hémicycle. À découvrir PODCAST - Écoutez le dernier épisode de notre série Questions Tech Aucune autre pétition inscrite sur le site du Parlement n'avait atteint un tel niveau aussi rapidement. Elle le doit en grande partie à sa diffusion sur les réseaux sociaux. D'abord, elle est relayée par Thomas Wagner, qui dirige un média écologiste, BonPote, comme le souligne Politico . Une publication sur LinkedIn, réseau consacré aux professionnels,

«Je ne suis pas scientifique et vous non plus, Hugo» : clash entre François-Xavier Bellamy et Hugo Clément sur fond de loi Duplomb
«Je ne suis pas scientifique et vous non plus, Hugo» : clash entre François-Xavier Bellamy et Hugo Clément sur fond de loi Duplomb

Le Figaro

time6 days ago

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«Je ne suis pas scientifique et vous non plus, Hugo» : clash entre François-Xavier Bellamy et Hugo Clément sur fond de loi Duplomb

Réservé aux abonnés Sur France 2 mercredi, l'eurodéputé LR avait nommé le militant écologiste parmi les «agents de désinformation» qui, selon lui, présentent un argumentaire biaisé sur les néonicotinoïdes. Il déplore que le militant ne réponde que par l'ironie via des vidéos sur Instagram, sans accepter le débat direct. Un eurodéputé LR, un militant écologiste et une loi sur les néonicotinoïdes : comment un tel cocktail ne pouvait-il pas exploser ? Sur fond de controverse sur la loi Duplomb qui défraie la chronique, François-Xavier Bellamy et Hugo Clément s'affrontent depuis mercredi par vidéos interposées. Le fond du désaccord, la toxicité de l'acétamipride, pesticide interdit en France depuis 2020 mais légal en Europe et que la loi Duplomb veut réintroduire. François-Xavier Bellamy affirme que la molécule, «dans des conditions très contrôlées», «ne présente pas de toxicité pour l'homme» et «ne conduit pas à une mortalité des abeilles». «Complètement faux», oppose Hugo Clément pour qui ce produit est d'une «toxicité terrible». Dans la dernière vidéo en date, postée par le militant ce jeudi après-midi, le ton est railleur : «Tu me fais un peu flipper François-Xavier pour être honnête», ironise l'influenceur, «surtout quand tu m'invites à débattre chez toi». Sans pour autant répondre à la…

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