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Raphaëlle Lacasse ou la vie après l'université
Raphaëlle Lacasse ou la vie après l'université

La Presse

time6 days ago

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Raphaëlle Lacasse ou la vie après l'université

Mercredi midi, au parc Jarry. Sur le terrain no 3, la Québécoise Raphaëlle Lacasse affronte l'Ontarienne Dasha Plekhanova, dans un environnement inhabituel pour les habitués de l'Omnium Banque Nationale. Une pelle mécanique mène un train d'enfer à quelques mètres du terrain. C'est sans oublier les « bip-bip » d'un camion qui a dû faire plus de kilométrage en reculant qu'en avançant. Les spectateurs sont rares. Dans les gradins, Odette et Yvon, les parents de Lacasse, sous un parapluie pour se protéger du soleil. À leur droite, six jeunes chasseurs de balles regardent l'action en attendant d'être appelés en relève. Dans un coin à l'ombre, un homme et une femme sont les seuls à encourager Plekhanova. Le pointage ? Il faut écouter l'arbitre, ou regarder le petit tableau installé à une extrémité du filet. Les chasseurs de balles et les juges de lignes se partagent la tâche de tourner les bandes de vinyle chiffrées entre les jeux. On le disait, des conditions inhabituelles pour ceux pour qui l'OBN est synonyme de matchs sous les projecteurs avec capsules de Jean-René Dufort pendant les pauses. Mais tout est une question de perspective. « Pour moi, ce sont vraiment de bonnes conditions, si je compare aux plus petits tournois que je joue, note Lacasse. Souvent, il y a juste un arbitre, pas de juges de lignes, pas de chasseurs de balles, donc tu cours après tes balles. Ils ne te donnent pas de serviette, pas de Gatorade, juste de l'eau. En République dominicaine, il y a plein de craques sur les terrains. C'est un autre monde ! » Nous voici aux préqualifications de l'Omnium Banque Nationale. Quatorze Canadiennes s'y affrontent. La gagnante obtiendra une place dans les qualifications de l'OBN, ce qui donne un sérieux coup de pouce à ces joueuses qui engrangent peu de points de la WTA. Les parcours sont variés. Ariana Arseneault, une spécialiste du double de 23 ans, est une des plus expérimentées du lot, elle qui a représenté le Canada aux qualifications de la Coupe Billie Jean King. Un autre nom qui ressort : Charlize Celebrini, sœur de Macklin Celebrini, premier choix du repêchage de la Ligue nationale de hockey en 2024. À 16 ans, elle fait partie des meilleures juniors au pays. Repartir à zéro Raphaëlle Lacasse ne se formalise pas des conditions, mais on aurait compris qu'elle le fasse, connaissant son parcours. D'abord, elle a déjà joué sur le central, à 150 mètres d'où elle suait mercredi. C'était lors des qualifications en 2020, en pleine pandémie, contre Christina McHale, future 24e joueuse mondiale. Quand j'étais plus jeune, je venais voir les filles chaque année. C'était mon rêve de jouer sur le central avec les meilleures. Raphaëlle Lacasse C'est à ce moment que l'idée de la NCAA a germé, même si elle commençait déjà à accumuler des points de classement – ce qui allait s'arrêter pendant ses études. Un parcours moins commun pour les joueuses d'ici, mais que Gabriel Diallo et Alexis Galarneau, notamment, ont emprunté. Les deux l'ont d'ailleurs encouragée. « Ils me disaient que j'allais aimer ça. Je suis une fille d'équipe, donc je me disais que c'était une belle expérience. Je n'allais rien perdre, tu ne te trompes jamais avec un diplôme ! », note-t-elle. Direction Kansas, où elle a amorcé ce parcours, avant de passer à l'Université du Nebraska, où elle a obtenu son diplôme en finance, mais aussi des prix pour son implication communautaire. « Mon école était payée. La cafétéria était incluse. J'avais la chance d'avoir des coachs, de bons matchs chaque fin de semaine, parce que le niveau est rendu bon », ajoute-t-elle. PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE Raphaëlle Lacasse La voie universitaire ne venait toutefois pas sans risque. « Tu es moins dans ta bulle de tennis pour la première fois. Beaucoup de filles s'éloignent du tennis après, croit Lacasse. Tu as ton diplôme. Ça te tente-tu de recommencer à zéro ? Ça prend des sous et ce n'est pas tout le monde qui en a. Où tu vas t'entraîner, as-tu des coachs ? Ça prend beaucoup d'organisation. » La logistique peut en effet constituer un choc, surtout après quatre ans dans la ouate de la NCAA, où « tu ne lèves pas le petit doigt, ils font tout, ils préparent ton eau, ta boisson protéinée. Chez les pros, tu dois penser à tout : ton avion, tes balles, texter 10 personnes pour voir si quelqu'un peut jouer le lendemain ». Par amour pour le sport Raphaëlle Lacasse amorce bien son match et brise même le service de Plekhanova, mais s'inclinera 6-3 et 6-1. Prochaine étape : Saskatoon, à la mi-août, pour un tournoi Challenger qui vaudra à la championne 50 points de classement. À titre de référence, l'Omnium Banque Nationale en rapporte 1000. Cela dit, son rare passage à Montréal – elle est établie en Floride – n'est pas fini. Après notre entrevue, sa mère lui rappelle de s'inscrire pour faire partie des « lucky losers », les joueuses invitées aux qualifications en cas de désistement. Elle entend aussi soumettre son nom pour être partenaire d'entraînement des joueuses inscrites au tableau principal. On comprend donc que malgré les défis logistiques, malgré une vie plutôt solitaire sur les circuits mineurs, Lacasse ne regrette rien. Elle vise toujours une place dans le top 100 mondial, un but encore loin depuis le 956e échelon. Si la vie de joueuse devient insoutenable, elle souhaite que ses études lui ouvrent des portes comme agente, par exemple. De façon plus globale, elle espère « vivre du tennis un jour ». « Plus je peux jouer longtemps, plus je vais être heureuse », lance-t-elle. « Je continue pour voir jusqu'où je peux me rendre, mais aussi parce que j'aime tellement le sport. Je ne me vois pas me lever demain matin et ne plus jouer. »

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