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L'amitié qui nous grandit
L'amitié qui nous grandit

La Presse

time3 days ago

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L'amitié qui nous grandit

Une fois par mois, notre journaliste nous entraîne dans sa quête de réflexions philosophiques pouvant mener au bonheur. L'amitié mène à un bonheur que rien d'autre ne peut procurer et il vaut la peine de la cultiver. Combien d'entre nous, dans des moments de joie comme de peine, ont souhaité une seule présence, celle de leurs amis les plus proches ? Bien souvent, ils ont été à la source même des instants les plus heureux de nos vies. Ou du moins, ils en ont fait partie. Ils ont aussi été présents pour panser nos malheurs, indispensable compagnie pour traverser les épreuves. Pensez à ceux envers qui vous ressentez la plus profonde amitié. Ils se comptent souvent sur les doigts d'une seule main. Sans eux, un vide. Grâce à eux, les conversations qu'on ne peut avoir avec personne d'autre, les silences confortables, les échanges enrichissants… Les tenir pour acquis serait une grave erreur, car l'importance de nos amis pour une vie heureuse est éminente. Lorsque je me prête à l'exercice, je compte une main complète. Cinq personnes. Lorsque je pense à elles, un sentiment me comble : l'apaisement. Elles m'apportent sécurité, écoute, compréhension, mais aussi différentes perspectives et idées. Quelle ne fut pas ma satisfaction lorsque j'ai lu pour la première fois que la philosophie aristotélicienne considère qu'un véritable ami représente un « autre soi-même », un complément qui nous permet de tendre vers plus de bonheur. C'est cela que je ressens pour mes amis les plus proches. « Pour Aristote, l'autrui est un autre soi-même dans l'idée où l'être humain veut se rapprocher le plus possible d'une parfaite autosuffisance », explique Étienne Rouleau, doctorant au département de philosophie de l'Université de Montréal (UdeM). « Puisque l'être humain ne peut pas atteindre cet idéal d'autarcie, il ne peut qu'y aspirer, dans la mesure du possible. Aristote fait donc de la place pour autrui comme un complément : puisqu'il faut être autosuffisant pour être vraiment heureux, selon lui, autrui devient alors un autre soi-même. » Lorsqu'on se penche sur la définition que le penseur en avait, cette idée d'autre soi-même perd toutefois quelque peu en poésie. Pour Aristote, le bonheur ultime représente ce qu'on ressent lorsque l'on contemple le monde pour en obtenir une meilleure compréhension et une plus grande appréciation. Un humain est également plus heureux lorsqu'il penche le plus possible vers une complétude intérieure. Le véritable ami, dans cette optique, devient alors un partenaire de contemplation, tout comme une aide à l'épanouissement. Nos grandes amitiés nous permettent donc d'avoir une sorte d'autonomie de groupe, de mieux naviguer dans la vie, d'en faire un peu plus de sens, sur le chemin vers le bonheur. Aristote décrivait également l'ami comme une passerelle vers une meilleure connaissance de soi. « On est limités dans notre recherche pour se connaître soi-même, alors l'autre vient boucher les trous dans notre compréhension de qui on est », avance Étienne Rouleau. L'expert mentionne l'importance du « connais-toi toi-même » dans la tradition philosophique de Socrate et de Platon dans laquelle évoluait Aristote. En comprenant ses forces, ses faiblesses, ses désirs, on peut atteindre la sagesse et le bonheur, selon lui. Sur ce chemin, la présence d'amis est essentielle. Décupler ses joies Aristote s'est longuement penché sur le thème de l'amitié. Le terme « philia », qui désigne ce que l'on définit aujourd'hui comme l'amitié, est l'un des quatre mots grecs que l'on utilise pour parler de l'amour. Il est l'opposé de « phobia », la peur ou l'aversion. Ainsi, il n'y a rien de plus plaisant que l'amour, auquel participe grandement l'amitié. Mais rien n'est simple lorsqu'il est question de relations interpersonnelles. Et l'effort qu'il faut donner pour entretenir les amitiés n'est pas à sous-estimer. Il faut consacrer du temps à nos quelques véritables amitiés pour pouvoir jouir de ce qu'elles ont à nous offrir. Étienne Rouleau, doctorant au département de philosophie de l'Université de Montréal Si l'idée mise de l'avant jusqu'ici semble insister sur ce que l'on retire de nos amitiés, il n'est pourtant aucunement question de relations intéressées ici, au contraire. La véritable amitié, celle que valorise Aristote et que nous devrions tous prioriser aujourd'hui, est celle qui se déploie dans sa réciprocité. Tout ce que mes amis m'offrent, je le leur donne en retour. Tous les efforts qu'ils nécessitent, je les déploie. « Le point le plus frappant, c'est [qu'Aristote] nous dit qu'en plus de se percevoir dans autrui, lorsque je jouis de notre amitié, il y a une plus-value parce que je constate son plaisir aussi, ce qui m'amène plus de plaisir », note le doctorant de l'UdeM. Par nos amis, l'on partage et décuple nos joies. Rappelons que la vertu (sagesse, justice, douceur, générosité, etc.) est pour Aristote le moyen d'atteindre le but ultime de la vie : le bonheur. « Les relations qui nous mènent à des comportements vertueux nous approchent de la quête de bonheur, tout comme l'inverse est vrai, mentionne Étienne Rouleau. C'est une leçon intemporelle. »

Ce livre que Jean-Philippe Delhomme emporte en vacances : «Le titre est un poème en soi, et ceux des paragraphes sont des consolations anticipées»
Ce livre que Jean-Philippe Delhomme emporte en vacances : «Le titre est un poème en soi, et ceux des paragraphes sont des consolations anticipées»

Le Figaro

time3 days ago

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Ce livre que Jean-Philippe Delhomme emporte en vacances : «Le titre est un poème en soi, et ceux des paragraphes sont des consolations anticipées»

LIVRE D'ÉTÉ 3/9. - Neuf personnalités se racontent entre les lignes en révélant quel ouvrage elles emportent en vacances. Aujourd'hui, l'artiste Jean-Philippe Delhomme nous parle du livre Quelque part dans l'inachevé, de Vladimir Jankélévitch et Béatrice Berlowitz. «L'été, aérogares, stations-service et lieux de vacances sont autant de mises à jour qui poussent à la mélancolie. Plus que jamais, la bulle de transcendance d'une lecture s'avère nécessaire. Lu cet hiver, De la réminiscence, du philosophe Maël Renouard, m'a fait me souvenir de Vladimir Jankélévitch, auquel il consacre un chapitre. A ressurgi l'émerveillement, à 20 ans, d'entendre en 1980 la voix du philosophe sur France Culture évoquer Le Je-ne-sais-quoi et le Presque-rien. Ce 'presque rien', avec le recul, est le non-sujet de mes peintures réussies. Cet été, je vais relire Quelque part dans l'inachevé. Le titre est un poème en soi, et ceux des paragraphes sont des consolations anticipées : L'Errance infinie de l'humour, Les Mots sans domicile, Ce que chuchote le vent de la nuit»… Jean-Philippe Delhomme est peintre et écrivain.

Bertrand de Saint Vincent : «21 citations à méditer cet été»
Bertrand de Saint Vincent : «21 citations à méditer cet été»

Le Figaro

time04-07-2025

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Bertrand de Saint Vincent : «21 citations à méditer cet été»

Réservé aux abonnés , pour Le Figaro Magazine CHRONIQUE - Anatole France, Charles de Gaulle, Virginia Woolf... ou l'art de savoir dire l'essentiel en quelques mots. Petit florilège de citations à étudier sous la tonnelle. Certains auteurs ont le don de capter l'essentiel en une formule. En ce début d'été, qui s'annonce caniculaire, petit florilège de citations à méditer sous la tonnelle : À découvrir PODCAST - Écoutez le club Le Club Le Figaro Idées avec Eugénie Bastié – Ce qui n'a pas de secret n'a pas de charme. Anatole France. Une manière de clore le bec de ceux qui font l'éloge de la transparence, cet idéal de piscinier. – L'élégance est la seule beauté qui ne se fane jamais. Une phrase d'Audrey Hepburn vaut mieux qu'un long discours de Juliette Binoche. – Encerclés dans une banlieue sensible, des policiers font usage de grenades. Ce n'est pas une citation, mais le titre d'une dépêche de l'AFP. On rappelle la définition du mot sensible : « Capable de sentiment ». – J'ai fait tellement de chirurgie esthétique que, quand je mourrai, on donnera mon corps à Tupperware. Joan Rivers, actrice. Un modèle d'épitaphe. – Ce qu'il y a d'admirable dans le bonheur des autres, c'est qu'on y croit. Rien n'a changé depuis Marcel Proust. À lire aussi Quand Marcel Proust écrivait dans le Figaro: «Rayon de soleil sur le balcon» – Pour dire de telles bêtises, vous devez être un intellectuel

«L'enclavologie, cette géographie des lieux qui résistent à toute définition»
«L'enclavologie, cette géographie des lieux qui résistent à toute définition»

Le Figaro

time04-07-2025

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«L'enclavologie, cette géographie des lieux qui résistent à toute définition»

FIGAROVOX/TRIBUNE - Oubliées de la carte, les enclaves concentrent les tensions mémorielles des empires déchus. Du Haut-Karabakh à Kaliningrad, le destin des puissances mondiales pourrait se nouer dans ces interstices qu'elles feignent d'ignorer, observe le philosophe et spécialiste de l'Europe centrale Ulysse Manhes. Ulysse Manhes est normalien, doctorant en philosophie et producteur de l'émission « Voix d'Europe centrale » sur France Culture. À découvrir PODCAST - Écoutez le club Le Club Le Figaro Idées avec Eugénie Bastié Prenons une carte du monde. Pas celle des atlas étatiques rigoureusement découpés. Plutôt une carte artisanale, qu'on pourrait déplier dans un train ou gribouiller sur une serviette. Traçons-y quelques cercles au hasard : Kaliningrad, Nakhitchevan, Abkhazie, Sahara occidental, Transnistrie… Publicité Que voit-on ? Que des enclaves condensent, à elles seules, les tensions que les empires dispersent. Kaliningrad en est peut-être l'illustration la plus claire. Ancienne Königsberg, joyau prussien et patrie d'Emmanuel Kant, elle fut rattachée à l'Union soviétique à la faveur des conférences de 1945. Churchill, d'abord réticent, céda finalement sous la pression de Staline ; Truman confirma l'accord dans le silence stratégique de Potsdam. Rebaptisée du nom de Mikhaïl Kalinine (cacique discret du régime mais signataire de l'accord qui permit le massacre de Katyn), la ville devient une excroissance soviétique enchâssée dans l'Europe. Aujourd'hui, Kaliningrad est une enclave militaire russe, verrouillée entre la Pologne et la Lituanie, bardée de missiles, tournée comme une tourelle vers l'Europe tout entière. Le moindre navire quittant les ports baltes doit négocier son passage dans des eaux « russes », et la simple existence de l'enclave rend vitale la défense du corridor de Suwałki, 65 kilomètres de territoire que les pays baltes considèrent comme une voie décisive. À elle seule, Kaliningrad conjugue le souvenir des empires déchus, la fiction étonnante des accords de guerre et la hantise balte d'un retour de l'Histoire. À lire aussi «Donald Trump avait raison sur tout» : le président américain célèbre son triomphe en commémorant l'histoire des États-Unis Mais Kaliningrad n'est qu'un point sur la carte. D'autres poches, ailleurs, racontent les mêmes contradictions géopolitiques, les mêmes cicatrices non refermées. Elles ne sont pas des pays, pas même des régions : elles sont des îlots historiques, des zones où la carte officielle ne mentionne rien… Par exemple Daugavpils, en Lettonie – mi-russe, mi-européenne, comme en apnée. Ce qui saute aux yeux du visiteur à chaque fois, c'est un excès de mémoire. Chaque coin de ces poches semble saturé de récits non soldés, formant des trop-pleins qui fermentent. Certaines poches sommeillent, d'autres font surface. Aucune ne s'efface : elles restent en latence, peuvent changer de nom ou de protecteur mais ne quittent jamais la carte. La République serbe de Bosnie ? Un fragment figé dans l'État bosnien mais qui continue à parler une langue d'ailleurs. Le Syunik arménien ? Une gorge étroite que Bakou rêve d'ouvrir au scalpel. Le Donbass ? Une saignée permanente, stabilisée par les compromis, non par la paix. Il faudrait une science pour désigner tout cela. Une géographie secondaire, une cartologie mineure. Appelons-la enclavologie, faute de mieux : l'art d'observer les histoires non résolues, les accrocs de la carte et les lieux qui résistent à toute définition stable. Observons maintenant le Caucase. On croit que le conflit se joue entre États (Russie, Turquie, Azerbaïdjan, Iran) quand l'essentiel se décide en réalité dans les interstices. Le Nakhitchevan, ce bras géographique sans épaule, coupe l'Arménie comme un trait de hache et rêve d'un corridor vers l'Azerbaïdjan comme un retour au pays. À l'est, l'Artsakh (Haut-Karabakh) a été rayé d'un trait de plume mais persiste à flotter dans les esprits arméniens, comme une île perdue qu'on continue de voir après la marée. Plus au nord, l'Abkhazie géorgienne est une station balnéaire transformée en État russo-spectral aux intentions hautement impérialistes. L'Ossétie du Sud, quant à elle, n'est plus qu'un sas russe dans une république caucasienne qui n'a jamais choisi son camp. Une enclave n'est pas un détail historico-géographique. Une poche territoriale, si petite soit-elle, porte avec elle des couches de mémoire, de frustration, de dignités bafouées et de fantasmes d'unité Ulysse Manhes Publicité Dans les Balkans, l'Europe se lézarde à bas bruit. La Republika Srpska (enclave pro-serbe au sein de la Bosnie-Herzégovine) ne clame rien mais avance à pas lents vers ses deux grands frères orthodoxes : la Serbie et la Russie. Le Kosovo, reconnu ici, nié là, se maintient dans une position d'équilibre précaire, un pied dans la souveraineté, l'autre dans l'angoisse d'un effondrement. En Serbie même, le Sandjak musulman, entre Novi Pazar et la frontière monténégrine, reste une tache sans légende, invisible dans son voisinage orthodoxe. Quant à la Moldavie, elle plane, à moitié roumaine, à moitié russe, tout entière promise à une fusion qui paraît impossible. Autour, entre les poches et les enclaves, vivent bien des mondes sans capitale ni ministère. La Gagaouzie, dans le Sud moldave, peuplée de chrétiens turcophones qui ne ressemblent à aucun de leurs voisins. Les Tziganes, dont les capitales innommées migrent en silence entre les Carpates, les bords du Danube et les rives de la mer Noire. Les Souabes du Banat, les Arméniens de Djoug (Jugha en arménien classique), les Ruthènes de Slovaquie orientale, les Aroumains, les Pontiques, les Karakalpaks, les Kurdes, communautés interstitielles, transfrontalières, transculturelles, translinguistiques, survivances nomades ou sédentaires à flou politique constant. Ils ne revendiquent pas tous un État mais ils occupent les creux. Et c'est dans ces creux que s'agrègent les conflits futurs. Dans les médias, on parle d'équilibres régionaux. Il faudrait plutôt évoquer les déséquilibres localisés et, disons-le ainsi, enclavologiques. Ce sont ces enclaves visibles ou latentes qui fonctionnent comme des sismographes. Elles signalent les failles, les dénis, les chagrins, les rancœurs, les promesses non tenues. Elles condensent les haines frontalières, les malentendus culturels, les résidus de traités anciens. Et parfois elles explosent, non parce qu'elles veulent exister, mais parce qu'on les ignore ou qu'on refuse de les penser. À lire aussi Jérémie Gallon : «Le sommet de l'Otan a été un moment de vassalisation et d'humiliation pour l'Europe» Une enclave n'est pas un détail historico-géographique. Une poche territoriale, si petite soit-elle, porte avec elle des couches de mémoire, de frustration, de dignités bafouées et de fantasmes d'unité. C'est là, dans ces formations exiguës, que les conflits latents deviennent palpables. Là que se forment les appétits de revanche, les logiques de corridor, d'allégeance et de survie. Le monde se joue, de plus en plus, à l'échelle des zones non résolues. Dans un verrou caucasien comme le Syunik, qui détermine l'accès iranien à la mer ; dans le corridor de Suwałki, fragile jointure entre l'Europe balte et le reste de l'OTAN ; ou dans la poche ibérique de Ceuta, promontoire espagnol sur le sol africain, où se télescopent héritage colonial, pression migratoire et dépressions des sociétés occidentales. Il n'est pas exclu que le destin des puissances se dessine dans ces interstices qu'elles feignent d'ignorer. Une enclave n'est ainsi pas un « symptôme » mais un territoire témoin dont les diplomaties diffèrent le traitement, mais qui se révéleront peut-être autant d'épines dans le pied dans la construction d'un monde pacifié.

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