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Les leçons du fiasco SAAQclic
Les leçons du fiasco SAAQclic

La Presse

time2 days ago

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Les leçons du fiasco SAAQclic

Le dérapage à 1,1 milliard du projet SAAQclic a braqué les projecteurs sur les grands chantiers informatiques québécois qui collectionnent retards et dépassements de coûts. Et ils sont nombreux. Quels apprentissages tirer du bourbier dans lequel s'est enlisée la Société de l'assurance automobile du Québec (SAAQ) ? Hydro-Québec : apprentissages et dépassements de coûts Avant de se lancer dans une colossale transformation numérique, Hydro-Québec avait déjà analysé les projets informatiques qui ont déraillé. « Et plus récemment, on a regardé ce qui s'est passé avec SAAQclic », a confié à La Presse Cyril Jaouich, directeur de l'évolution des systèmes de conduite du réseau chez Hydro-Québec, dans les dernières semaines. « Est-ce qu'on a un risque de se retrouver là où eux se sont retrouvés ? Qu'est-ce qui a fait qu'ils ont rencontré tel ou tel problème ? » Car le chantier d'une plateforme informatique qui doit orchestrer l'ensemble de la production et du transport d'électricité se révèle plus complexe qu'anticipé quand Hydro-Québec l'a entamé en 2018. Le lancement de ce système névralgique pour le bon fonctionnement de la société d'État a été repoussé de 2023 à 2027. PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE Le nouveau système d'Hydro-Québec doit permettre de superviser toute la production et le transport d'électricité. La société d'État a passé à la loupe des éléments comme les taux horaires de ses consultants et les stratégies qui entourent le déploiement des différents systèmes projetés. Objectif : freiner les retards et contrôler les coûts. Aujourd'hui, la facture anticipée dépasse de 14 % l'enveloppe de 541 millions de dollars initialement prévue, a récemment révélé La Presse. La situation aurait pu être pire, admet Cyril Jaouich, si ce n'avait été de l'entente forfaitaire qu'Hydro-Québec a conclue avec OSI, entreprise américaine qui chapeaute les travaux en 2019. « On a établi un prix pour l'ensemble des travaux, plutôt que pour le temps que ça prend pour les faire », résume-t-il. Comme une menace planant au-dessus des chantiers d'envergure actuels, le fiasco SAAQclic s'impose comme le parfait contre-exemple pour les gestionnaires de projets informatiques – la voie à ne pas suivre. Un chantier éprouvant à la CCQ La commission Gallant jette déjà les balises de ce que devraient être les règles de l'art pour la transition numérique d'organismes publics ou quasi publics, laisse entendre Audrey Murray, PDG de la Commission de la construction du Québec (CCQ). Son équipe est un public assidu des audiences qui se sont déroulées au printemps et qui reprennent lundi prochain. « On regarde ce qui se déroule à la Commission. On entend les questions qui sont soulevées et je ramène ces questions pour les poser à mes équipes. » PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE Audrey Murray, PDG de la Commission de la construction du Québec Le Chantier numériccq est la pierre angulaire du virage informatique dans la construction. Il devait être terminé dès 2023, mais à l'arrivée en poste d'Audrey Murray cette année-là, le projet battait de l'aile. La première phase du système, développé en partenariat avec Deloitte et SAP, n'est toujours pas déployée. La facture dépasse maintenant de 30 % le budget de 280 millions initialement prévu. « En regardant ce qui se passe, je retiens comme leçon qu'il faut être transparent avec nos instances, mais aussi avec nos clients. Il faut aussi constamment avoir l'heure juste sur l'avancement du projet », dit-elle. Projets en observation à la santé Avec ses énormes chantiers informatiques en cours, le ministère de la Santé et la nouvelle agence Santé Québec ont eux aussi de nombreuses leçons à tirer du bourbier dans lequel s'est enlisée la SAAQ. Dans les dernières semaines, le ministère de la Cybersécurité et du Numérique a demandé d'« annuler sans délai » la réalisation d'un important chantier qui doit centraliser la gestion interne du réseau de la santé. Raison invoquée : délais et dépassements de coûts, a rapporté Radio-Canada en juillet. Le Système d'information des finances, de l'approvisionnement et des ressources humaines (SIFARH) est déjà en retard de deux ans, selon le tableau de bord des projets informatiques du gouvernement. Et il fait face à des dépassements de coûts considérables : l'estimation du gouvernement est passée de 202 à 430 millions. Mais le ministre de la Santé tient mordicus à maintenir ce chantier « essentiel ». « À terme, le projet SIFARH va permettre d'économiser beaucoup d'argent et de rendre notre système de santé plus performant au bénéfice des patients », a déclaré Christian Dubé sur X, en juillet. Pour l'instant, le projet est donc maintenu. En outre, l'automne sera critique pour le Dossier santé numérique (DSN), qui doit rassembler toutes les données cliniques provenant de l'ensemble des établissements. En novembre, Santé Québec doit commencer à déployer le système dans deux CIUSSS pilotes : ceux du Nord-de-l'Île-de-Montréal et de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec. Mais dans plusieurs villes de cette dernière région, la nouvelle agence a décidé de reporter le lancement à mai 2026. « Afin de limiter les risques et de soutenir les soins et services à la population, nous avons été à l'écoute des préoccupations formulées par les équipes, et avons adapté l'échéancier de déploiement en deux phases. » SAAQclic : un « cas d'école » « D'un point de vue de gouvernance, c'est un cas d'école, honnêtement », indique Michel Magnan, titulaire de la Chaire Stephen A. Jarislowsky en gouvernance d'entreprise à l'École de gestion John-Molson. Il y a des leçons à tirer. Elles ne passent pas nécessairement par l'ajout de contrôles additionnels, mais plutôt par l'utilisation adéquate de ce qui existe déjà comme garde-fou. Michel Magnan, de l'École de gestion John-Molson Il souligne l'importance de l'audit interne : des experts qui analysent de façon indépendante et objective les activités d'une organisation. « C'est un peu un chien de garde, mais aussi un accompagnateur dans ce genre de chantier », dit-il. Dans le cas de la SAAQ, Michel Magnan souligne que les membres de l'audit interne ont « fait leur travail » en produisant nombre d'analyses, de rapports et de commentaires. Mais les audiences de la commission montrent que leurs drapeaux rouges ont suscité peu de réactions au sein de la direction et du conseil d'administration. « Il n'y a peut-être pas eu l'écoute que ça méritait. » Son de cloche similaire de Marie-Soleil Tremblay, professeure titulaire de l'École nationale d'administration publique (ENAP). Selon elle, les conseils d'administration doivent assumer leurs responsabilités : « Ils ont un rôle de surveillance, qui, aux yeux de certains, peut paraître moins sexy que celui de conseils stratégiques. » Déjà, le fiasco SAAQclic a l'effet d'un électrochoc sur la gestion des grands chantiers informatiques, comme le scandale financier d'Enron en 2001 et la fuite de données au Mouvement Desjardins en 2019 ont transformé leurs secteurs respectifs, selon la spécialiste. « Ces grands évènements créent une opportunité de réflexion pour les organisations et leurs dirigeants. »

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