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Rembourser les culottes menstruelles ? La promesse non tenue du gouvernement pointée du doigt
HYGIENE - Voilà plus de deux ans que la promesse a été faite et pour l'instant toujours rien. Une entreprise française qui fabrique des culottes menstruelles rappelle le gouvernement à ses engagements ce mardi 5 août. En mars 2023, la Première ministre de l'époque Élisabeth Borne annonçait que les protections menstruelles réutilisables allaient être remboursées pour les moins de 26 ans et les bénéficiaires de la complémentaire santé. Sauf qu'aujourd'hui, ce n'est toujours pas le cas.
Les cofondatrices de l'entreprise Elia ont ainsi écrit une lettre à François Bayrou, consultée par France Inter, pour demander au Premier ministre de tenir la promesse du gouvernement. Parmi les protections concernées, les culottes menstruelles et les coupes menstruelles (cups), utilisées déjà par plus de 60 % des femmes.
Ne pas « renoncer à hiérarchiser les priorités »
À la fin du mois de mai dernier, la ministre en charge de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé avait assuré que cette mesure serait bien mise en œuvre d'ici la fin de l'année. Elle avait toutefois concédé qu'il y a « du retard et ce retard n'est pas acceptable ».
« C'est la raison pour laquelle, avec le ministre chargé de la Santé, Yannick Neuder, nous allons tous les deux garantir qu'avant la fin de l'année, cela soit possible, que cela soit remboursé et que les engagements soient tenus, parce que cet engagement est nécessaire », avait-elle ajouté.
Dans sa lettre, Enia dénonce le fait que le décret d'application est toujours dans les cartons. « Reporter encore la mise en œuvre de cette réforme, sous prétexte des contraintes budgétaires, malgré son coût très limité, ce serait renoncer à hiérarchiser les priorités », regrettent ses fondatrices.
Le prix d'une culotte menstruelle est aujourd'hui autour des trente euros, un coût qui reste parfois un frein à l'achat.
« Rompre un engagement symbolique de justice et de dignité »
Auprès de France Inter, Marion Goilav, l'une des cofondatrices, rappelle que « la précarité menstruelle nuit à la santé, à l'insertion sociale des jeunes femmes. » Et d'ajouter : « C'est un sujet qui a été longtemps ignoré par notre système social et enfin on arrive à le mettre en avant. Le gouvernement et le Parlement ont su reconnaître qu'il y avait un besoin donc ils ont voté cette réforme. Y renoncer aujourd'hui reviendrait à rompre un engagement symbolique de justice et de dignité ».
« Au nom de toutes les jeunes femmes contraintes par la difficulté d'accéder à une protection adaptée, pour qui cette réforme représentait la reconnaissance par la République de leur droit à accéder à la dignité et à la préservation de leur santé, nous en appelons à votre arbitrage pour préserver un pas essentiel qui doit être franchi pour elles dans quelques semaines, et qui ne doit pas être différé », est-il écrit dans la lettre.
Selon les estimations des associations de lutte contre la précarité menstruelle, cette mesure coûterait 150 millions d'euros par an. En France, près de quatre millions de femmes (dont 1 million a moins de 25 ans), sont concernées par la précarité menstruelle, indiquait le site du ministère en mai.