21-07-2025
- Science
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« Avec nous, il a été adorable » : pourquoi votre enfant est odieux quand vous le récupérez après ses vacances
FAMILLE - « Quand je récupère mes enfants, ils sont déchaînés et odieux ». À chaque fois que Charlotte, 39 ans, va chercher ses deux enfants, de 5 et 8 ans, chez leurs grands-parents après une période de vacances, c'est le même scénario. « Pendant le séjour, ça se passe très bien, mes parents me disent qu'ils sont adorables, raconte cette mère. Et au moment où on franchit la porte, c'est fini. Ils se tapent dessus, se chamaillent, nous parlent mal, nous sollicitent de 'maman' ou 'papa' toutes les trois secondes… »
Une situation qui provoque systématiquement l'étonnement des grands-parents, qui les ont gardés jusque-là sans difficulté particulière, que ce soit pendant quelques jours ou plus longtemps. « Ils me disent qu'ils ne comprennent pas, que deux heures plus tôt, avant qu'on arrive, ils étaient trop mignons », souligne-t-elle. La phase de « crise » dure généralement quelques heures, le temps de quitter le domicile des grands-parents et de rentrer.
Les parents, « figures d'attachement principales »
Pour Charlotte, c'est l'incompréhension qui domine, à un moment où de surcroît elle est contente de retrouver ses enfants. « Je n'arrive pas à savoir si c'est parce que mes parents sont plus lâches sur tout un tas de points, en termes de routine, d'heure du coucher, etc. ou si c'est parce qu'on est leurs figures d'attachement, mais c'est très net », soupire-t-elle. Ses pistes d'explication semblent être les bonnes, selon l'analyse d' Emmanuelle Rigeade, infirmière puéricultrice et coordinatrice de May App.
« Chaque enfant est différent en fonction de son environnement, du lieu et des personnes, et c'est tout à fait normal. Tous les enfants font ça », rassure-t-elle. Elle évoque elle aussi la « figure d'attachement principale » que représentent les parents, ce qui peut expliquer la réaction de leur progéniture. « Les parents sont les personnes 'préférées' de l'enfant, celles avec qui il se sent le plus en sécurité. Et de ce fait, il s'autorise des comportements qu'il ne va pas s'autoriser avec les autres, des comportements de décharge », explique-t-elle. Notamment après une journée d'école où l'enfant aura beaucoup pris sur lui ou un séjour chez les grands-parents dans un environnement différent.
Car dans la relation entre enfants et grands-parents, les « enjeux affectifs et émotionnels » ne sont pas du tout les mêmes. « L'attention du parent, quand on ne l'a pas vu depuis longtemps, c'est hyper important, souligne-t-elle. Par exemple, il y a des enfants qui vont très bien dormir chez la nounou, parce qu'ils s'en fichent un peu, alors qu'ils vont refuser de faire la sieste à la maison parce qu'ils veulent profiter de leurs parents. »
C'est normal et c'est « bon signe »
Bien souvent, les grands-parents donnent une attention exclusive à l'enfant et sont plus disponibles que les parents, qui gèrent le quotidien. « Avec les parents, soyons réalistes, ce n'est pas une attention exclusive tout le temps, il y a la maison dont il faut s'occuper et toute la logistique, développe-t-elle. Et l'enfant va souvent avoir tendance à aller chercher l'attention du parent, parfois par le biais d'une attention négative. »
Les grands-parents peuvent aussi parfois faire preuve de beaucoup plus de lâcher-prise, ne pas avoir la même exigence, accepter plus de choses… Ils n'ont pas la même « charge éducative » que les parents. Ce qui peut provoquer une réaction de l'enfant, quand il retrouve son cadre habituel. « Le jeune enfant ne fait que ça, tester le cadre de son environnement. Il a forcément testé chez les grands-parents, il le teste en revenant à la maison et vérifie que ça n'a pas changé », détaille Emmanuelle Rigeade.
Pour elle, il ne s'agit en aucun cas de « provocation », mais au contraire, d'un besoin de sécurité, de cadre, de reconnaissance des lieux et de besoin d'attention. Elle estime que c'est tout à fait normal et surtout « bon signe ». « C'est satisfaisant de savoir que son enfant se comporte bien quand il est à l'extérieur et qu'on n'est pas là, c'est très rassurant », appuie-t-elle. Aux parents qui considèrent que les retrouvailles sont un peu difficiles, elle conseille de se montrer un peu flexible et d'entendre le besoin d'attention ponctuel, exprimé par les enfants.