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Un père incestueux reconnu coupable à son second procès
Un Montréalais qui accusait son ex-femme et sa fille d'avoir inventé des allégations d'inceste a finalement été reconnu coupable d'avoir agressé sa fille à plusieurs reprises quand elle avait 6 ans. C'est la fin d'un chemin de croix pour la victime qui a dû témoigner contre son père lors de deux procès.
Ce qu'il faut savoir Un Montréalais de 60 ans a été reconnu coupable de contacts sexuels sur sa fille de 6 ans.
Il avait été déclaré coupable à son premier procès en 2019, mais la Cour d'appel a ordonné un nouveau procès.
La juge n'a pas cru la version du père incestueux, qui accusait sa fille d'avoir tout inventé.
« Ici, malgré son jeune âge, cette plaignante est solide. Sa version est claire et sans équivoque. Son récit est incarné et bien senti. Elle semble dire la vérité de bonne foi », a conclu la juge Alexandra Marcil de la Cour du Québec, le 11 juillet dernier, au palais de justice de Montréal.
Au terme de son second procès, le Montréalais de 60 ans a ainsi été déclaré coupable de contacts sexuels sur une mineure et d'incitation à des contacts sexuels, pour des gestes commis sur sa fille entre 2015 et 2017. Pour protéger l'identité de la victime, on ne peut nommer le délinquant.
Le père incestueux a été reconnu coupable une première fois en mai 2019 et a été condamné à deux ans de détention. Mais il a fallu tout recommencer, car la Cour d'appel a ordonné un second procès en 2024 en raison d'erreurs commises par le juge.
Après avoir témoigné quand elle avait 10 ans, au premier procès, la victime a courageusement repris la barre, en avril dernier, à l'âge de 16 ans, pour raconter son calvaire.
« Le Tribunal note que sa description des évènements n'est jamais abstraite ni proche du rêve ou de l'imaginaire enfantin. À plusieurs moments, on est frappé par le réalisme de sa version », a conclu la juge Marcil.
Pendant deux ans, le père a agressé sexuellement son enfant à de multiples occasions. Il s'allongeait près d'elle la nuit, se déshabillait et lui touchait les parties intimes. Il incitait sa fille à toucher son pénis et l'embrassait sur la bouche.
« Son père lui aurait soufflé à l'oreille : 'C'est ce que les boys font aux girls' », relate la juge.
Sa mère – aux prises avec un gros problème d'alcool – a déjà surpris son conjoint nu et étendu sur le lit de sa fille. Mais rien n'a changé.
Pour éviter son bourreau, la victime avait pris l'habitude de se réfugier dans le lit de son frère, la nuit.
Le père n'a pas été accusé d'inceste, puisqu'une telle accusation, qui peut mener à une peine de cinq ans d'emprisonnement au minimum, signifie qu'un parent aurait eu des « rapports sexuels » avec son enfant, donc qu'il y aurait eu pénétration. C'est pourquoi il a été accusé de « contacts sexuels » sur sa fille.
Une version dénuée de « franchise et de sincérité »
Clamant son innocence, le père incestueux a tenté de convaincre le Tribunal que la victime, contaminée par sa mère, avait tout inventé pour être placée dans une autre famille. Car c'est lui qui avait obtenu la garde exclusive de sa fille.
Or, la juge n'a pas cru un mot de sa version dénuée de « franchise et de sincérité ». À la barre, le père a livré un témoignage « particulièrement laborieux » : il ne répondait pas aux questions et répliquait par « d'interminables tirades » en levant le ton. Il était incapable d'expliquer en quoi la version de sa fille ne tenait pas la route.
PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE
La procureure de la Couronne, Me Karine Lagacé-Paquette, en 2024
Au procès, il a témoigné n'avoir jamais été infidèle à l'égard de sa femme. Il a aussi minimisé ses antécédents judiciaires. Puis, il a fini par admettre avoir été déclaré coupable de sollicitation d'une prostituée, alors que sa femme était enceinte de huit mois de leur fils. « Elle n'était plus disponible sexuellement » pour lui, a-t-il expliqué.
Les audiences pour déterminer la peine auront lieu dans les prochaines semaines. Le pédophile demeure en liberté d'ici là.
Me Karine Lagacé-Paquette représente le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), alors que Me Jean Marc Tremblay défend le délinquant.