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Le Figaro
9 hours ago
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Accès aux soins, immigration francophone, culture... Le Canada loin de certaines idées reçues
ANALYSE - Forte terre d'immigration sous les mandats de Justin Trudeau, le Canada a diminué ses quotas d'immigrants depuis 2024, mais il n'a pas pour autant fermé ses frontières. L'année 2024 a été une année charnière dans le domaine migratoire au Canada. Après des années de forte immigration, au cours desquelles le nombre d'immigrants annuels a presque doublé en 10 ans, l'ex-premier ministre Justin Trudeau, sous pression, a entamé l'an dernier une importante réduction de ses cibles de nouveaux arrivants. En 2025, Ottawa a prévu d'accueillir 395.000 résidents permanents, soit 21 % de moins par rapport à 2024. Toutes les catégories de nouveaux venus sont concernées. Les 305.900 nouveaux permis d'études représenteront 10 % de moins que l'année précédente, et les nouveaux travailleurs temporaires, 16 % de moins. Dépassés par les arrivées, les services publics ne répondaient plus, et ils sont toujours à la peine. Les prix de l'immobilier, des loyers, se sont envolés. La crise migratoire a déstabilisé la vie des Canadiens, mais aussi des nouveaux arrivants. À lire aussi Immigration: le virage du Canada sur les travailleurs étrangers Publicité « Le legs de Justin Trudeau sera d'avoir détruit le consensus canadien sur l'immigration », a titré l'an dernier le quotidien de référence The Globe and Mail. Si le Canada s'est déchiré sur cette question, c'est parce que leur nombre est passé, entre 2013 et 2023, de 259.000 à 465.000. Mais c'est surtout le nombre d'immigrants temporaires qui, en atteignant plus de trois millions — qu'il s'agisse de travailleurs ou d'étudiants étrangers —, a posé un problème. Entre 2015 et 2025, la population canadienne est passée de 35 millions d'habitants à 41 millions. Une explosion démographique difficilement gérable, due à l'immigration. Le Canada a, pendant des décennies, sélectionné son immigration en fonction de ses capacités d'intégration. Et le pays revient aujourd'hui à cette logique. Voilà pour le constat et les «mauvaises nouvelles». Toujours un pays d'opportunité Mais le resserrement de la politique migratoire ne signifie pas la fin du rêve canadien. D'une part, parce que l'explosion migratoire ne s'est pas retournée contre les immigrants. Les Français peuvent toujours y étudier, trouver du travail ou entreprendre. « Il est clair que nous aurions pu accueillir beaucoup plus d'étudiants étrangers sur notre campus cette année, mais les Français sont acceptés sans problèmes par les services d'immigration québécois », confie la directrice d'un établissement d'enseignement supérieur montréalais, qui requiert l'anonymat. À lire aussi Trafic de drogue, immigration clandestine... Donald Trump veut punir le Mexique, la Chine et le Canada avec des taxes D'autre part, parce que, malgré la diminution du nombre de permis d'études, il est important de relativiser, car le Québec reçoit toujours beaucoup d'étudiants étrangers. La province accueillait ainsi 50.000 étudiants étrangers en 2014, et 120.000 en 2023. Les universités canadiennes anglaises, même si leurs quotas de permis d'étude ont diminué, accueillent encore beaucoup d'étrangers. Elles sont des entreprises dont le financement dépend en grande partie des droits de scolarité versés par des étudiants étrangers. De fait, plus ces derniers sont nombreux, plus les universités sont prospères. Publicité Anglophones versus francophones Il est très important de faire la part des choses, au Canada, entre immigration francophone et immigration non francophone. Il y a toujours eu beaucoup de non-dits. La question de l'immigration francophone hors Québec est toujours un sujet sensible. Les communautés fondatrices du Canada, Anglais et Français, se sont longtemps affrontées sur ce thème, les francophones reprochant au gouvernement fédéral de privilégier une immigration anglophone ou allophone. Pour la première fois, en 2024, Ottawa a rempli ses engagements d'immigration francophone hors Québec, et les a même dépassés, avec 7,2% de francophones, contre 6 % en 2024. Non sans assouplir ses règles d'admission. Selon le ministère de l'Immigration, en 2023, le programme de mobilité francophone a été élargi afin de permettre aux employeurs canadiens de proposer des offres d'emploi aux candidats admissibles qui maîtrisent modérément le français, à l'exclusion des postes du secteur agricole primaire. Bref, des immigrants qui parlent un peu français sont considérés francophones. Nous sommes sur des cultures assez différentes ici au Canada par rapport à la France. Il y a une influence américaine, cependant les gens sont en général plus accueillants que les Français Lancelot Peaucelle, étudiant à l'école de jeux vidéo Rubika à Montréal Pendant des années, l'immigration francophone hors Québec se comptait sur les doigts d'une main — à peine 2 % en 2021. Lancelot Peaucelle, étudiant à l'école de jeux vidéo Rubika à Montréal, résume : « Nous sommes sur des cultures assez différentes ici au Canada par rapport à la France. Il y a une influence américaine, cependant les gens sont en général plus accueillants que les Français, et la ville de Montréal en elle-même est assez active. Forcément, la nourriture française me manque et vivre ici est assez cher. » Et d'ajouter : « Le Canada représentera toujours une opportunité pour quiconque souhaite découvrir une industrie du jeu vidéo large et soudée. Beaucoup de grands studios de jeux vidéo sont ici, dont Ubisoft Montréal et ses 4500 employés, et encore bien d'autres. Cependant, la crise actuelle du jeu vidéo touche aussi de nombreux studios montréalais, et la réduction récente de certaines subventions gouvernementales met en péril les plus petits studios. » Publicité Pas de sentiments anti-immigration Il n'y a pas de sentiment anti-immigration déclaré au Canada. L'histoire y est différente de celles des pays européens, et le pays n'a pas de passé colonial. Ce qui fait que les Maghrébins et les Africains, dans leur ensemble, s'y sentent moins discriminés. Il n'existe pas de parti d'extrême droite ou d'extrême gauche véhiculant la haine et le racisme, et les partis politiques canadiens prônent le respect de l'autre, et non la division, afin de faire progresser le pays économiquement et socialement. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas de racisme. À lire aussi «Négociatrice redoutable» contre star de la finance... Ces deux amis en lice pour succéder à Justin Trudeau Parmi les idées reçues, celle que le Canada, pays riche, aurait développé un bon système de santé, est fausse. Les soins n'y sont ni meilleurs ni plus mauvais ; tout dépend des provinces, car la santé est une compétence provinciale. Certaines disposent de systèmes de santé meilleurs que d'autres, mais la moyenne est très inférieure à la France pour ce qui est de l'accessibilité aux soins. Maxence Perrin, étudiant, conclut, un brin philosophe : « Un des gros désavantages du Québec, c'est l'accessibilité aux soins. Il est compliqué d'obtenir un rendez-vous chez un médecin généraliste , et encore plus un spécialiste. Heureusement que les pharmaciens et pharmaciennes ont la possibilité de nous ausculter. » Et c'est peu dire lorsqu'on est malade !


La Presse
12-07-2025
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Le collège LaSalle conteste une amende de 30 millions
Le collège dit ne pas avoir été en mesure de respecter ces limites en partie à cause du nombre d'étudiants étrangers qui avaient été acceptés avant l'annonce des quotas. (Montréal) Le collège LaSalle, à Montréal, conteste une amende de 30 millions pour avoir accueilli un nombre excessif d'étudiants dans ses programmes anglophones. La Presse Canadienne Claude Marchand, président du collège, affirme que cette amende menace la survie de l'établissement bilingue vieux de 65 ans. « Une amende de 30 millions non seulement est disproportionnée, mais aussi sans précédent dans le système d'éducation québécois et ailleurs, a soutenu M. Marchand. Elle représente une menace existentielle pour notre établissement, nos étudiants et des centaines d'emplois. » Le Collège a demandé à la Cour supérieure du Québec d'annuler l'amende, arguant qu'elle est déraisonnable. Dans une récente publication sur les réseaux sociaux, la ministre de l'Enseignement supérieur, Pascale Déry, a défendu la décision du gouvernement. « le Collège Lasalle est le seul établissement privé subventionné à ne pas respecter la loi et à avoir défié la Charte de la langue française, et ce, malgré un accompagnement serré et plusieurs avertissements », a-t-elle déclaré. Le Collège admet avoir dépassé le nombre d'étudiants autorisés dans ses programmes anglophones au cours des deux dernières années. Le gouvernement du Québec impose des limites au nombre d'étudiants pouvant s'inscrire aux programmes collégiaux anglophones depuis l'adoption de la loi 96 en 2022. Au cours de l'année scolaire 2023-2024, première année d'application des nouvelles limites, le Collège LaSalle a dépassé son quota de 716 étudiants et a reçu une amende de 8,8 millions. Au cours de la dernière année scolaire, le collège a dépassé son quota de 1066 étudiants et s'est vu infliger une amende supplémentaire de 21 millions. Le collège dit qu'il était impossible de respecter les limites en partie à cause du nombre d'étudiants étrangers qui avaient été acceptés avant l'annonce des quotas. L'école affirme qu'elle sera en conformité d'ici l'automne. Dans des documents judiciaires, le collège affirme que le processus d'admission des étudiants étrangers commence souvent plus d'un an avant la date prévue de début des cours. Après avoir reçu une lettre d'admission du collège, les étudiants doivent obtenir un certificat d'acceptation du gouvernement du Québec. Le Collège LaSalle soutient que le gouvernement a accordé plus de 700 certificats à des étudiants étrangers souhaitant suivre des programmes en anglais pour l'année scolaire 2023-2024, malgré le nouveau quota du collège pour l'année, qui n'était que de 693 étudiants. Il y avait déjà 654 étudiants inscrits dans des programmes en anglais, ajoute-t-il. L'établissement d'éducation affirme ne pas avoir pu annuler les offres déjà faites aux étudiants ayant reçu des certificats d'acceptation du gouvernement du Québec. Il note également accueillir une proportion d'étudiants étrangers plus élevée que les autres collèges du Québec. « La loi a été mise en œuvre sans période de transition, ce qui nous a mis dans une situation où il était impossible de nous y conformer », a déclaré M. Marchand. Il a également noté que le nombre total d'étudiants anglophones n'avait pas augmenté depuis 2019. Le collège assure avoir imposé un moratoire sur les inscriptions à certains de ses programmes d'anglais pour l'année scolaire 2024-2025 et qu'il sera en conformité avec les nouveaux quotas d'ici l'automne.