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La bureaucratie numérique, une charge mentale insoupçonnée pour les proches : «Ces heures à faire les démarches de mon père, je m'en passerais bien»
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TÉMOIGNAGES - Impôts, rendez-vous médicaux, demande d'allocations... Les proches se retrouvent en première ligne pour combler le fossé entre des services de plus en plus dématérialisés et des personnes âgées qui peinent à s'y retrouver.
Sabine descend régulièrement de Paris dans le Var, où habite sa mère octogénaire. Non pas pour passer du temps avec elle, mais pour gérer ses papiers : retraite, impôts, formulaires. «Les changements de mots de passe, les mises à jour, je peux le faire à distance, elle m'a donné ses codes. Pour le reste de ses papiers, je dois y aller», explique sa fille de 55 ans. Ses «papiers» ? Il n'y en a plus, précisément. Et le train de la dématérialisation des démarches administratives a laissé toute une part de la population sur le quai : ceux qui ne «maîtrisent pas» le numérique, soit 62% des plus de 75 ans, et 24% des 60-74 ans, selon une étude de l'Insee publiée en juin 2023.
«Je passe quatre heures par mois à vérifier les démarches en ligne de mon père. Je m'en passerais bien!», abonde Franck*, 50 ans, cinq enfants et un travail chronophage en région parisienne. «Mon père est un ancien contrôleur de gestion: toute sa vie a tourné autour des chiffres. Ce n'est pas l'administratif qui le perturbe, mais le numérique. Il ne sait pas qu'on peut ouvrir deux fenêtres en même temps», déplore-t-il quelques jours après avoir passé «tout son samedi» devant l'ordinateur» de ce dernier.
Ils ont 30, 40 ou 50 ans et sont devenus malgré eux les supplétifs d'un service public qui a déserté ses guichets. Sur le site Services Publics +, les témoignages…