2 days ago
Dans les Pyrénées, le train touristique le plus haut d'Europe rêve à un bel avenir
Le train d'Artouste a été construit il y a plus d'un siècle pour la création d'une centrale hydroélectrique. Il permet d'aller admirer les sommets à 2000 m y compris, désormais, quand la neige n'est pas au rendez-vous. Un exemple de diversification scruté.
« Nous sommes heureux de vous accueillir dans le train le plus haut d'Europe ! ». L'annonce est diffusée en français, puis en espagnol et en anglais pour que tous les passagers mesurent la chance d'avoir pris place dans les petits wagons, prêts à s'élancer vers les sommets pyrénéens. Après une première montée en télécabine de 15 minutes depuis Artouste, située à moins d'une heure de Pau, ils pourront sans effort tutoyer, à 1997 mètres, le Pic du Midi d'Ossau ou encore le Pic Palas, emblématiques de cette partie du massif franco-espagnol.
Les premières centaines de mètres, le trajet de 55 minutes au total emprunte un tunnel étroit, juste à la taille des wagons, donnant le sentiment de partir à une chasse au trésor. Ce trésor, on le découvre au fur et à mesure de l'avancée sur les kilomètres de voies étroites creusées dans la montagne. La vue plongeante sur la vallée d'Ossau est impressionnante.
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Marmottes et orchidées
« Orchidées, papillons, vautours et même marmottes et isards avec un peu de chance, l'ours se faisant bien plus discret. Vous pouvez croiser les bergers et leurs brebis aussi », énumère Jean-Christophe Lalanne, directeur général de la station d'Artouste. Une fois arrivés, on rejoint le lac en quelques minutes de marche. Il est possible de faire des circuits plus longs voire de rester bivouaquer pour observer les étoiles. Ou juste s'installer au restaurant ou à la buvette avec sa nouvelle terrasse au bord du lac pour profiter du paysage », complète-t-il, à bord de l'une des rames jaune et rouge.
C'est cette station, située entre 1400 et 2100 mètres d'altitude, qui exploite désormais pleinement cette ligne de chemin de fer après avoir acheté les wagons l'an dernier, pour un euro symbolique, auprès de la filiale régionale du producteur d'électricité Engie.
« Il s'agit d'un outil industriel construit par la Compagnie des chemins de fer du Midi, entre 1920 et 1929, pour acheminer du matériel et quelque 2000 hommes à près de 2000 mètres, explique Sophie le Scaon, responsable de la communication de la SHEM (Société hydroélectrique du Midi). Ils ont creusé dix kilomètres de galeries souterraines dans les montagnes pour créer des barrages et usines hydroélectriques entre le lac d'Artouste et la commune de Laruns, à 515 mètres. L'objectif initial était d'alimenter avec l'énergie hydroélectrique générée les trains de la compagnie, mais elle irrigue aujourd'hui toute une vallée. Et le train, une fois les ouvrages achevés, a été transformé en outil touristique », poursuit-elle.
Le colossal barrage d'Artouste, qui retient 24,5 millions de mètres cubes d'eau.
Annelot Huijgen / Le Figaro
Si les équipes de la SHEM continuent à monter à son bord pour inspecter, deux fois par mois, l'immense barrage - le plus grand des Pyrénées-Atlantiques avec sa capacité de 24,5 millions de mètres cubes, ce sont les visiteurs qui pourront profiter encore plus de cette infrastructure centenaire unique.
L'objectif de ses nouveaux propriétaires, qui ont par ailleurs signé une convention d'exploitation de 30 ans avec l'Etat et la SHEM, est clair : conforter son rôle de « locomotive de la Vallée Ossau » comme le dit si joliment Jean-Christophe Lalanne.
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Diversification
Et cela l'été comme, demain, l'hiver, alors que les sommets blanchissent ici de moins en moins souvent en raison du changement climatique. Début 2024, le train a quitté pour la première fois ses quartiers d'hiver avant début mai, qui marque normalement le début de la saison estivale jusqu'à début octobre. « Cet hiver, il n'est tombé que 183 cm de neige, alors que nous avions encore eu 14 mètres en 2013, et nous n'avons pas pu ouvrir l'ensemble des pistes (20 de 27 km au total) car nous n'utilisons pas de canons à neige », détaille le responsable.
Le train est donc une pièce maîtresse de la stratégie de diversification, à la fois quatre saisons et multi-activités (restauration, tyrolienne, VTT, spa…), de la station gérée depuis 2019 par la commune de Laruns.
L'an dernier, sur 180 000 visiteurs, seuls 20 000 d'entre eux ont chaussé les skis. Surtout, Artouste a atteint la rentabilité pour la première fois de son histoire commencée en 1966. « Nous tablons sur 200 000 visiteurs cette année et investissons pour étendre l'offre en créant d'autres manifestations, en plus des concerts en altitude ou des dégustations de Jurançon, notre vignoble local, que nous proposons déjà. Nous aurons également de nouvelles rames l'an prochain pour améliorer le confort et la fréquence du train et rallonger la durée de visite », présente Jean-Christophe Lalanne.
Un nouvel espace à visiter au retour du sommet est également prévu pour faire découvrir les richesses naturelles et culturelles de cette vallée béarnaise, dont ce train si singulier est le parfait ambassadeur.
Pour préparer votre visite
Une antique motrice diesel, qui devrait bientôt être remplacée.
Annelot Huijgen / Le Figaro
Comptez minimum 3h30 d'excursion. Départs toutes les 30 minutes, 9h-17h en haute saison. Réservation obligatoire. Tarifs : gratuit pour les enfants de moins de 4 ans, billet découverte 28 euros adulte, 20 euros enfant (4-12 ans) ; aller ou retour seulement, 24 euros et 14 euros.
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Forfait escapade (retour garanti sur le dernier train de 19h15) 34 euros, 30 euros. Tarif famille solo (un adulte, deux enfants) 65 euros, et famille duo 88 euros.