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Plaquer plus que l'adversaire ou tenir le ballon : quel rapport de force choisir pour le quinze de France face aux All Blacks ?
Plaquer plus que l'adversaire ou tenir le ballon : quel rapport de force choisir pour le quinze de France face aux All Blacks ?

L'Équipe

time11-07-2025

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Plaquer plus que l'adversaire ou tenir le ballon : quel rapport de force choisir pour le quinze de France face aux All Blacks ?

À Dunedin, comme en novembre dernier, les Bleus ont fait le choix de beaucoup rendre le ballon aux Blacks, donc de beaucoup défendre. Sans renier cette stratégie, Fabien Galthié encourage ses joueurs à se montrer un peu plus ambitieux. « On ne peut pas préparer un match face aux All Blacks en se faisant des bisous », rappelait jeudi Fabien Galthié aux têtes en l'air qui auraient pu acheter cette drôle d'idée. D'accord, mais peut-on battre les All Blacks sans dépasser les 250 ou 300 plaquages tout compris, titulaires et finisseurs ? À Dunedin, le quinze de France est resté un poil court - défaite 31-27 malgré un dernier ballon pour espérer réussir le salto avant de l'année - mais il a terminé avec le titre superfétatoire de vainqueur moral, au nom d'une gigantesque débauche d'efforts en défense, mesurée à 302 actions défensives, comprenant les plaqueurs et les assistants plaqueurs. Le don de soi à vingt-trois avec le nez collé à un plan de jeu simplifié, tout cela a été d'autant mieux compris que personne ne demandait à une équipe construite à la va-vite et sans la plupart de ses cadres de se lancer dans une réinterprétation de la cinquième de Beethoven. En écrivant cela, on pourrait presque se convaincre qu'en novembre contre les Blacks (30-29), ou au mois de mars en Irlande (27-42) - les deux victoires les plus marquantes de la saison -, avec Antoine Dupont, Thomas Ramos, Louis Bielle-Biarrey, François Cros et tout le grand orchestre des premiums, c'était bien sûr une autre tambouille. Erreur (voir chiffres ci-dessous). La France de Galthié s'en tenait, en moyenne, à une possession autour de 40 %, 100 passes et 280 plaquages. Contre les deux nations du circuit les plus goinfres en séquences longues de possession, Fabien Galthié considère-t-il que le rapport de force le plus favorable à son équipe est celui-là, et pas un autre ? « Il faut choisir quel rapport de force on veut proposer à ces équipes-là, indique Galthié. Quand on s'aventure dans des environnements très complexes (le jeu de l'Irlande et des Blacks), il faut s'en tenir à une stratégie très claire et très simple. » Avec par exemple le choix d'un ouvreur - Joris Segonds - réputé pour sa longueur de jeu au pied et qui termina le premier test avec une ligne de stats assez parlante : 11 jeux au pied, 8 passes, 16 plaquages. « Même si on a vu cette saison des séquences offensives plus longues et différentes d'avant, la repossession, c'est un peu de la ''com'', estime Jean-Baptiste Élissalde. Ce que Fabien regarde en premier, c'est le ''mapping'' des jeux au pied. Comme en novembre, les Bleus ont tapé loin, dans le terrain. » « Alors c'est vrai, à un offload (une passe après contact) près, poursuit l'ancien Toulousain, tu risques une relance fatale de Will Jordan mais l'effet recherché, c'est de vite chasser ensemble pour défendre haut. C'est essayer de ne pas leur laisser le temps de manipuler le ballon et le récupérer après deux, trois ou quatre rucks en ayant gagné du terrain. Que dit l'étude du dernier match en Irlande ? La France a placé quatorze mecs sur le premier rideau, les Irlandais n'ont pas voulu rendre le ballon et se sont fait punir par une équipe qui, avec deux miettes, peut marquer trois essais. » Co-entraîneur des avants français, Laurent Sempéré revient sur cette histoire de rapport de force avec les Blacks : « Avoir moins le ballon, plaquer beaucoup plus que l'adversaire, ça ne veut pas dire perdre le rapport de force, insiste-t-il. On peut choisir de laisser le rapport de force comme ça parce qu'on recherche quelque chose de précis. Par exemple, à Dunedin, ce qui comptait, c'est le nombre de rucks néo-zélandais qu'on a su ralentir avec notre défense, le nombre de ballons récupérés par notre activité au sol. » Cette année, ce quinze de France a battu le record d'essais dans un Tournoi des 6 Nations (30). C'est une réalité et elle s'est accompagnée d'un enrichissement de l'offre offensive. « Pendant le Tournoi, glisse Patrick Arlettaz, le responsable de l'attaque, 60 % de nos essais sont venus de possessions supérieures à 40 secondes. Ça veut dire qu'on est capables aussi de tenir le ballon, d'avoir des séquences longues. Mais ce que j'ai aussi appris, c'est qu'il ne faut pas être têtu avec la possession au niveau international. » « En France, on a une culture du maul et de la mêlée. Il ne faut pas se renier » Patrick Arlettaz, responsable de l'attaque des Bleus À Dunedin, la France a obtenu cinq lancers en touche et n'en a dévié aucun. Elle est chaque fois restée au chaud, dans un maul, la couette remontée sous les yeux. C'était pourtant un soir sans vent ni pluie, un soir avec un toit sur la tête. « Pendant le Tournoi, on a fait 60 % de mauls sur nos touches et on a gagné le Tournoi, rappelle Arlettaz. En France, on a une culture du maul et de la mêlée. Il ne faut pas se renier. » « N'oublions pas que cette équipe a souvent été plus embêtée qu'autre chose quand elle a eu la possession, rappelle Élissalde. Laisser autant le ballon aux Blacks, c'est chaud, on est d'accord. Ce n'est pas le meilleur plan mais ça peut être le moins mauvais. » À condition tout de même d'avoir reboulonné la circulation défensive entre Dunedin et Wellington, en se souvenant qu'au premier test, les All Blacks sont entrés sept fois dans l'en-but français (trois essais refusés) et ont franchi dix-sept fois (!). «On doit mieux comprendre leur animation offensive », exhorte Galthié. « Ces stats-là, pour aborder le test 2 avec la bonne crainte, il ne faut surtout pas les occulter, dit Laurent Labit, ancien entraîneur de l'attaque des Bleus. C'est normal de ne pas s'être lancé dans un jeu énergivore quand on vient là-bas avec des joueurs qui ont une saison entière dans les pattes. Il fallait se rassurer autour d'un rugby avec un minimum de risques même si je suis sûr qu'en jouant plus de premiers temps de jeu, avec les joueurs qu'il y a, on menacerait plus les Blacks. » Samedi dernier, l'attaque en première main menant à l'essai de Mickaël Guillard, derrière une mêlée, serait donc un modèle à suivre et à reproduire davantage. « Oui, sur la partie possession, on peut être un peu plus ambitieux, convient Galthié. On est fans des All Blacks, on les adore, mais quand on joue contre eux, c'est la possibilité de se mesurer et d'être ambitieux. Il ne faut pas se sous-estimer et par moments, j'ai eu le sentiment, samedi dernier, qu'il y a eu un complexe, et c'est normal. Il faut l'évacuer et se dire qu'on a des armes nous aussi. » À lire aussi Entre ambitions légitimes et obligations politiques Roigard, le freluquet devenu métronome Arlettaz : «Il faut que je vive les émotions comme les joueurs» Barlot, le centurion surprise

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