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24 Heures
2 hours ago
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Le stress thermique, ce tueur silencieux qui menace les organismes
Alors que des vagues de chaleur record font suer l'Europe, les experts alertent sur ce phénomène méconnu. Il causerait un demi-million de décès par an, un chiffre potentiellement sous-évalué. Publié aujourd'hui à 20h12 Les gens se rafraîchissent sous les jets d'eau à Madrid, le 4 août 2025. AFP Alors que l'Europe et l'Amérique du Nord subissent ou se préparent à affronter une nouvelle vague de chaleur étouffante et des incendies potentiellement incontrôlables cet été, les experts tirent la sonnette d'alarme concernant le stress thermique que ces événements pourraient occasionner, mettant les organismes en danger. Ce phénomène tue plus de personnes que les ouragans, les inondations ou tout autre événement climatique extrême. Un organisme public espagnol a ainsi attribué 1000 décès à la canicule de juillet, tandis que dans le centre de Tokyo, 56 personnes sont probablement décédées à la suite de la chaleur subie en juin et juillet. Des chiffres sans doute sous-estimés. Le stress thermique, c'est quoi? Le stress thermique survient lorsque l'organisme ne parvient plus à refroidir le corps, provoquant des symptômes allant des vertiges et des maux de tête jusqu'à la défaillance d'un organe et à la mort. Il est provoqué par une exposition prolongée à la chaleur et à d'autres facteurs environnementaux qui, cumulés, empêchent le corps de réguler sa température. «La chaleur est un tueur silencieux, car les symptômes ne sont pas si évidents. Et lorsqu'il y a des troubles de santé sous-jacents, les conséquences peuvent être très graves, voire catastrophiques», affirme Alejandro Saez Reale, de l'Organisation météorologique mondiale (OMM). Les nourrissons, les personnes âgées, les personnes ayant des problèmes de santé, les travailleurs en extérieur sont particulièrement vulnérables. L'OMM estime que la chaleur tue environ un demi-million de personnes par an, mais précise que le véritable bilan pourrait être 30 fois plus élevé qu'estimé. Un phénomène appelé à s'amplifier sous l'effet du changement climatique, qui rend les vagues de chaleur plus fréquentes, plus longues et plus intenses. Comment mesurer le stress thermique? La température de l'air est la donnée météorologique la plus utilisée et la plus facile à comprendre, mais ces «maxima» au-delà de 35 ou 40°C qui s'affichent en Une des journaux nous disent peu de chose sur la chaleur véritablement encaissée par le corps humain. A température égale, la sensation de chaleur est bien plus supportable sous 35°C dans l'air sec du désert que dans l'atmosphère humide et étouffante de la jungle, où la sueur s'évapore mal. Pour évaluer l'impact réel de la chaleur sur les organismes, les scientifiques prennent en compte, outre la température, une série de facteurs comme l'humidité, la vitesse du vent, les vêtements, l'ensoleillement direct, et même la présence de béton ou de verdure dans l'environnement. Plusieurs méthodes existent pour mesurer le stress thermique et tenter de résumer tous ces facteurs en seul chiffre ou graphique. L'une des plus anciennes est la température dite du thermomètre mouillé. Elle permet de réaliser la dangerosité d'une température de l'air pouvant sembler modérée mais qui, combinée à l'humidité, peut devenir insupportable, voire mortelle. Une personne en bonne santé ne pourrait pas survivre à une exposition prolongée (de six heures) à 35°C avec un taux d'humidité extrême de 100%, ont estimé des scientifiques en 2023. L'air est saturé et la sueur ne peut plus s'évaporer, le corps surchauffe, jusqu'au décès. «Température ressentie» Le service climatique de l'observatoire européen Copernicus utilise l'Indice universel du climat thermique (UTCI, en anglais), qui tient compte de la température et de l'humidité, mais aussi du vent, de l'ensoleillement et du rayonnement thermique, et classe les niveaux de stress thermique de modéré à extrême. Le stress thermique extrême, selon cet indice, correspond à une «température ressentie» de 46°C ou plus, à partir de laquelle il est nécessaire de prendre des mesures pour refroidir l'organisme. L'indice de chaleur (heat index), utilisé par le service météorologique des États-Unis, fournit une «température ressentie» fondée sur la chaleur et l'humidité à l'ombre, ainsi qu'un graphique coloré, allant du jaune ("prudence") jusqu'au rouge ("danger") et rouge vif ("danger extrême"). Leurs homologues canadiens ont mis au point l'indice Humidex, qui établit une valeur de «température ressentie» dans un tableau croisant la chaleur dans l'air et l'humidité, associé à quatre couleurs pour autant de degrés d'inconfort. Avec aussi sa déclinaison pour évaluer les dangers du froid extrême. Chacun a ses limites D'autres indices de «stress thermique» existent comme le «Tropical Summer Index», le «Predicted Heat Strain» (contrainte thermique prévisible) ou la température moyenne radiante. Mais chacun a ses limites. «La façon d'aborder la question n'est pas la même partout dans le monde», explique John Nairn, expert en canicule à l'OMM. L'UTCI, par exemple, est excellent pour évaluer le stress thermique en Allemagne, où il a été initialement développé, mais «une mesure très médiocre» dans les pays du Sud où «il sature et sur-mesure beaucoup trop» pour des populations déjà plus habituées à la chaleur, explique-t-il. Ces indices ne prennent pas non plus en compte l'impact de la chaleur hors santé, ajoute-t-il, une vague de chaleur pouvant bloquer les trains ou surcharger les climatiseurs, ce qui est aussi dangereux. Sur la chaleur AFP Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


La Presse
09-07-2025
- Science
- La Presse
La récente canicule jusqu'à 4 °C plus chaude
Des gens tentent de se rafraîchir sur une plage d'Athènes, en Grèce. (Paris) Le changement climatique causé par la combustion des énergies fossiles a rendu la récente vague de chaleur dans l'ouest de l'Europe jusqu'à 4 °C plus chaude dans de nombreuses villes, exposant des milliers de personnes vulnérables à un stress thermique dangereux, selon une « étude rapide » publiée mercredi. Nick Perry Agence France-Presse Entre fin juin et début juillet, les températures ont largement dépassé les 40 °C dans de nombreux pays européens, lors d'une exceptionnelle et précoce vague de chaleur, qui a déclenché de nombreuses alertes sanitaires. « Nous estimons que le réchauffement climatique a amplifié la vague de chaleur d'environ 2 à 4 °C dans la plupart des villes » étudiées, notamment Paris, Londres et Madrid, a déclaré Ben Clarke de l'Imperial College de Londres, qui a mené cette étude avec la London School of Hygiene and Tropical Medicine. L'épisode a probablement entraîné un nombre bien plus élevé de décès liés à la chaleur que sans l'influence du réchauffement climatique, a conclu cette « étude rapide », menée par plus d'une dizaine de chercheurs de cinq institutions européennes, en attendant les bilans officiels dans plusieurs semaines. Pour évaluer l'influence du changement climatique, les scientifiques ont simulé l'intensité de cet épisode dans un monde qui n'aurait pas connu la combustion massive du charbon, du pétrole et du gaz, en partant des données météo historiques. Ils ont conclu que la vague de chaleur « aurait été de 2 à 4 °C moins intense » sans le changement climatique dans 11 des 12 villes étudiées. Ces degrés supplémentaires ont considérablement accru le risque sanitaire pour les 30 millions d'habitants des villes étudiées, dont Paris, Londres et Madrid. « Cela place certains groupes de personnes dans une situation plus dangereuse », a déclaré le chercheur Ben Clarke de l'Imperial College de Londres. « Pour certains, c'est encore un temps chaud et agréable. Mais pour une grande partie de la population, ça devient dangereux », a-t-il déclaré aux journalistes. Vie ou mort L'étude tente pour la première fois d'estimer le nombre de décès attribuables à la canicule dans les 12 villes étudiées et la proportion attribuable au changement climatique. Sur la base de méthodes scientifiques évaluées par des pairs et de recherches établies sur la chaleur et la mortalité, l'étude estime que la vague de chaleur a probablement causé environ 2300 décès prématurés entre le 23 juin et le 2 juillet dans ces villes. Et environ 1500 décès, soit environ deux tiers, n'auraient pas eu lieu sans les degrés ajoutés par le dérèglement du climat par l'humanité. Les auteurs, issus d'institutions au Royaume-Uni, aux Pays-Bas, au Danemark et en Suisse, ont souligné que cette estimation n'était qu'un aperçu, avant tout décompte officiel. Les vagues de chaleur sont particulièrement dangereuses pour les personnes âgées, les malades, les jeunes enfants, les travailleurs en extérieur et toute personne exposée à des températures élevées pendant de longues périodes sans répit, en particulier lors de l'enchaînement de nuits chaudes. De larges territoires du sud de l'Europe ont connu des successions de « nuits tropicales », lorsque les températures ne baissent pas assez pour permettre au corp de récupérer. « Pour des milliers de personnes, une augmentation de seulement 2 ou 4 °C peut faire la différence entre la vie et la mort », a déclaré Garyfallos Konstantinoudis, de l'Imperial College de Londres. « C'est pourquoi les vagues de chaleur sont connues comme des tueuses silencieuses : la plupart des décès surviennent dans les maisons et les hôpitaux, à l'abri des regards, et sont rarement signalés », a-t-il déclaré. Les autorités estiment qu'il faudra plusieurs semaines pour établir un bilan définitif des victimes. La succession d'épisodes similaires a déjà provoqué des dizaines de milliers de morts prématurées en Europe au cours des étés précédents.