07-07-2025
Sucre ukrainien dans l'UE : la «pilule amère» pour les betteraviers français
Le syndicat des producteurs français de betteraves sucrières estime lundi que «la pilule est amère» après l'annonce d'un quota d'importation de sucre ukrainien sans droits de douane de 100.000 tonnes annuelles dans l'Union européenne. «Ce volume de 100.000 tonnes est cinq fois supérieur au volume autorisé avant la guerre : c'est l'équivalent de la production d'une sucrerie de l'Union européenne», a déclaré Guillaume Gandon, vice-président de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), dans un communiqué.
L'UE a annoncé le 30 juin avoir trouvé un «accord de principe» avec l'Ukraine en matière de libre-échange, notamment sur le volet sensible des importations agricoles. Afin de soutenir Kiev face à l'invasion russe, l'UE avait instauré depuis 2022 et jusqu'au 5 juin dernier une exemption de droits de douane sur des produits agricoles ukrainiens. Mais les agriculteurs européens dénonçaient régulièrement une «concurrence déloyale» de l'Ukraine, géant agricole, et demandaient de revenir aux quotas en vigueur avant la guerre, fixés par un accord de 2016.
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Écarts de normes sanitaires
Pour les rassurer, l'UE a promis des quotas sur les produits tels que le blé, le maïs, le miel, la volaille, les œufs et le sucre: des quotas supérieurs à ceux de 2016 mais inférieurs aux records atteints ces dernières années. Avant-guerre, le quota de sucre «était limité à 20.070 tonnes par an», rappelle la CGB. Elle relève que «l'ouverture du marché européen, en 2022, s'était traduite par l'afflux de près de 500.000 tonnes par an pendant deux ans, provoquant un effondrement des prix communautaires, avant d'être contingenté à 262.000 tonnes» au cours de la dernière campagne.
Les planteurs français, deuxièmes producteurs européens de sucre de betterave derrière leurs voisins allemands, affirment que le volume accordé à l'Ukraine «ne bénéficiera qu'à une dizaine d'agroholdings, structures commerciales de plusieurs milliers d'hectares, généralement détenues par des capitaux étrangers». «Les betteraves sucrières y sont produites dans des conditions non autorisées dans l'UE, avec l'utilisation de 30 produits phytosanitaires interdits en Europe», dénonce le syndicat. Parmi les autres produits importés qui voient leur quota augmenter, figurent la viande de poulet qui passe à 120.000 tonnes (contre 90.000 auparavant), le maïs à 1 million de tonnes (contre 650.000) ou le miel à 35.000 tonnes (contre 6.000).