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Grande entrevue Yves Leduc – PDG de Métaux Torngat
Grande entrevue Yves Leduc – PDG de Métaux Torngat

La Presse

time10 hours ago

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Grande entrevue Yves Leduc – PDG de Métaux Torngat

Depuis qu'il a été nommé PDG de Métaux Torngat, en mars dernier, Yves Leduc est en mission. Il doit coordonner le lancement des activités d'une mine à ciel ouvert de terres rares dans le Nord-du-Québec, construire une route de 165 kilomètres pour atteindre la côte du Labrador, ériger une usine de raffinage de métaux de 8 millions de pieds carrés à Sept-Îles et lever 2 milliards de capitaux pour financer l'ensemble de l'œuvre. Et tout ça, en trois ans. C'est dans les années 1980 que l'on a découvert un important gisement de terres rares sur le site Strange Lake, dans les monts Torngat, dans le Nord-du-Québec, à la frontière du Labrador. À l'époque, on ne connaissait pas les propriétés stratégiques de ces minéraux critiques qui rentrent dans la fabrication de quantités d'objets technologiques indispensables. « Le marché des métaux rares est petit, 10 milliards par année, mais il permet de fabriquer pour 15 000 milliards de biens dans le monde entier, notamment les aimants permanents utilisés dans la fabrication d'à peu près tous les produits électroniques : cellulaires, téléviseurs, ordinateurs, avions à réaction, éoliennes, véhicules électriques… », expose Yves Leduc. Propriété de l'Iron Ore du Canada, les droits miniers du site Strange Lake ont été acquis par Quest Minerals dans les années 2000 et rachetés par Cerberus Capital, un fonds d'investissement alternatif américain, en 2022, dans le but d'exploiter le site de Strange Lake. Cerberus Capital a lancé un fonds dédié aux infrastructures stratégiques. C'est la Chine qui a le monopole des terres rares lourdes et le gisement de Strange Lake est le seul qui est exploitable à l'extérieur de la Chine. Yves Leduc, PDG de Métaux Torngat Les terres rares lourdes servent à la fabrication d'aimants permanents beaucoup plus gros que ceux qui utilisent des terres rares légères. Le dysprosium et le terbium, les deux métaux issus des terres rares lourdes, sont essentiels à la fabrication d'armements et d'équipements militaires, et l'armée américaine ne veut plus dépendre de la Chine pour ses besoins. « Le gisement de Strange Lake a des réserves estimées à 30 ans, durant lesquels on pourra extraire chaque année 600 tonnes de dysprosium, 200 tonnes de terbium et plusieurs milliers de tonnes de terres rares légères », évalue Yves Leduc. Le dysprosium se vend aujourd'hui à 453 000 $ US et la tonne de terbium, à près de 2 millions US, comparativement à 70 000 $ US la tonne de lithium. Un chef d'orchestre Cerberus Capital est allé chercher Yves Leduc pour sa longue et riche expérience dans le secteur manufacturier, puisqu'il a été durant 16 ans chez BRP, d'abord comme chef de la division autrichienne Rotax, puis comme chef des opérations nord-américaines, où il a orchestré des ouvertures d'usines tant au Canada qu'au Mexique. Il a aussi été PDG de Velan, fabricant de robinetterie industrielle, où il a aussi supervisé l'implantation de nouveaux sites industriels. Le projet Strange Lake n'a pas encore terminé le stade des études environnementales, ce qui devrait se faire au cours de la prochaine année, alors qu'il sera soumis au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE). L'entreprise doit également s'entendre avec les communautés autochtones qui vont être invitées à devenir actionnaires de Métaux Torngat. « On les avait invitées l'an dernier à devenir actionnaires de Torngat, et là, Mark Carney vient de créer un fonds pour financer la participation des communautés à des projets comme le nôtre », se réjouit Yves Leduc. PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, LA PRESSE Yves Leduc, PDG de Métaux Torngat Même si Métaux Torngat n'a pas encore franchi toutes les études requises, EDC et la Banque de l'infrastructure du Canada lui ont accordé un financement de 165 millions, ce qui constitue une première, selon Yves Leduc, et qui témoigne de l'importance stratégique qu'on accorde au développement d'un premier gisement de terres rares lourdes à l'extérieur de la Chine. Le PDG est en train de compléter une ronde de financement préliminaire auprès d'investisseurs québécois et canadiens et prévoit lever 110 millions d'ici le mois d'octobre. « Cerberus Capital détient 75 % des actions et des investisseurs canadiens privés détiennent 25 %. Cerberus souhaite avoir le plus d'actionnaires canadiens possible de façon à rendre plus facile la collaboration avec les autorités gouvernementales », explique le PDG. Métaux Torngat va démarrer son projet avec ce financement préliminaire de 275 millions, mais d'autres rondes vont être nécessaires au cours des prochaines années. L'entreprise prévoit, dans un premier temps, aménager le camp minier à Strange Lake et installer un concentrateur, tout en construisant la route par où seront acheminés les concentrés de terres rares jusqu'au port de Voisey's Bay, au Labrador. Par la suite, ces concentrés vont partir par bateau vers Sept-Îles, où ils vont être raffinés dans l'usine qui sera construite à Pointe-Noire sur un terrain appartenant au port de Sept-Îles. « On va d'abord s'entendre avec les communautés autochtones sur les paramètres de la route. J'ai aussi rencontré le premier ministre de Terre-Neuve, qui s'intéresse à notre projet, puisque le gisement de terres rares se poursuit sur le territoire du Labrador et pourrait être exploité dans une deuxième phase », soumet Yves Leduc. Le chef d'orchestre n'est pas un homme-orchestre, Yves Leduc est entouré d'experts dans leur domaine avec notamment Olga Kovalik comme cheffe des opérations, une spécialiste du monde minier qui compte 30 années d'expérience, et Sylvie St-Jean comme vice-présidente, environnement. Mme St-Jean a fait un doctorat sur l'impact des activités humaines sur la biodiversité et compte plus de 25 ans d'expérience. Le projet des monts Torngat est en train de prendre forme et le Québec pourrait bientôt devenir la seule source de production de terres rares lourdes et légères à l'extérieur de la Chine, brisant ainsi un monopole qui dure depuis toujours et qui n'est ni sain ni normal.

L'Allemagne veut rendre la filière éolienne européenne moins dépendante de la Chine
L'Allemagne veut rendre la filière éolienne européenne moins dépendante de la Chine

Le Figaro

time05-08-2025

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L'Allemagne veut rendre la filière éolienne européenne moins dépendante de la Chine

Le gouvernement allemand et l'industrie éolienne européenne ont présenté mardi un plan pour réduire la dépendance du secteur aux terres rares chinoises, dans un contexte de tensions avec Pékin et de ruptures dans les chaînes d'approvisionnement. Cette feuille de route, établie par le ministère allemand de l'Économie et de l'Énergie et cinq fédérations européennes de l'éolien, veut rendre le secteur «plus résilient» et «éviter une dépendance excessive aux importations de certains États». Cela signifie avant tout «réduire la part des aimants permanents chinois dans les turbines éoliennes à l'avenir», indique le plan. En Europe, plus de 90% de ces composants, qui jouent un rôle clé dans l'éolien mais aussi l'automobile ou l'électronique, sont importés de Chine. D'ici 2029, 15% des aimants permanents importés devront ainsi provenir d'autres sources, puis 50% à partir de 2035, préconise la feuille de route. Pour les terres rares, ces métaux présents dans les aimants permanents, le secteur veut atteindre une diversification de 5% en 2029 et de 35% dès 2030. Pour y parvenir, le ministère veut renforcer les garanties d'investissements, via des accords de livraison à long terme, ainsi que nouer des partenariats avec des pays comme l'Australie et le Japon. Publicité La Chine, de plus en plus concurrencée par les champions locaux Ces annonces confirment la stratégie de Berlin, réaffirmée par la coalition de Friedrich Merz, de «réduire les risques» associés à la Chine. L'industrie allemande a particulièrement tremblé devant les restrictions à l'export de terres rares chinoises, décidées en avril par la Chine en représailles aux barrières commerciales américaines. Fin juillet, la Commission européenne a annoncé avoir négocié un mécanisme «amélioré» avec Pékin pour assouplir ces exportations. La Chine reste aussi un marché crucial pour les exportations allemandes, mais de plus en plus concurrencées par les champions locaux. Leader européen de l'éolien terrestre et maritime, l'Allemagne a construit 25% des nouvelles installations terrestres et maritimes dans l'UE en 2024, selon la fédération du secteur WindEurope. Et le pays veut tripler, par rapport à 2024, sa capacité éolienne en mer d'ici 2030, afin de remplir ses objectifs climatiques.

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