30-07-2025
Pourquoi des scientifiques enfilent-ils des vêtements aux cochons avant de les enterrer au Mexique ?
Une méthode innovante. Au
Mexique
, les scientifiques mettent tout en œuvre pour tenter de retrouver les quelque 130 000 personnes disparues au cours des dernières décennies en raison de la violence des
cartels de drogue
.
Alors que les familles de disparus sont bien souvent livrées à elles-mêmes pour rechercher leurs proches, des scientifiques du gouvernement mexicain expérimentent plusieurs techniques de cartographie satellitaire, géophysique et biologique pour recueillir des indices cruciaux qui pourraient mener à la découverte de
tombes clandestines
.
Lorsque les
personnes disparues
sont retrouvées, c'est bien souvent par leurs proches qui, guidés par les informations des témoins, enfoncent une tige métallique dans la terre et reniflent l'odeur de la mort sur les territoires des cartels.
Si des nouvelles technologies de cartographie sont mises en place, elles ne font pas de miracle puisque « 90 % des recherches sont résolues grâce à un bon témoin et à des recherches approfondies », affirme Derek Congram, un anthropologue judiciaire canadien dont l'expertise en systèmes d'information géographique a inspiré le projet mexicain.
Parmi les techniques de recherches utilisées, on en retrouve une originale des scientifiques qui habillent des
porcs morts
pour les enterrer. Certains sont enveloppés dans du ruban adhésif, d'autres sont découpés, puis enfermés dans des sacs en plastique ou des couvertures. Ils les recouvrent également de chaux ou les brûlent et certains sont enterrés seuls, d'autres en groupe.
Le but ? Reproduire avec des
porcs
les méthodes utilisées par les cartels avec les cadavres humains puis observer la réaction des sols. Car, les porcs et les humains sont étroitement apparentés et partagent environ 98 % de leur ADN.
« Les
fleurs ont poussé
grâce au phosphore présent à la surface, ce qui n'était pas le cas l'année dernière », observe José Luis Silván, coordinateur du projet de cartographie et scientifique au CentroGeo, devant un site où des scientifiques ont enterré 14 porcs il y a environ deux ans.
« Les mères qui effectuent les recherches disent que cette petite fleur jaune fleurit toujours au-dessus des tombes et elles s'en servent comme guide », précise-t-il.
Un
drone
équipé d'une caméra hyperspectrale survole le site d'enfouissement des porcs et mesure la lumière réfléchie par les substances présentes dans le sol, notamment l'azote, le potassium et le phosphore, et montre leurs variations lors de la décomposition des porcs. L'image colorée qu'elle produit permet de donner des indices sur les éléments à retrouver lors de la recherche de sépultures.
Les chercheurs utilisent également des drones thermiques, des scanners laser et d'autres appareils pour enregistrer les anomalies et observer la décomposition des porcs en temps réel.