17-07-2025
Allemagne : les modérateurs de Tiktok alertent sur leur emploi et l'IA
Les modérateurs de contenu de la filiale allemande de TikTok ont manifesté jeudi à Berlin, accusant le réseau social de préparer leur licenciement et leur remplacement par l'intelligence artificielle, synonyme pour eux de plus grande exposition face à la haine en ligne. Environ 50 personnes se sont rassemblées près des bureaux de TikTok Allemagne, parmi lesquelles certains des 150 membres du département «confiance et sécurité» de Berlin, qui affirment que la direction a évoqué un licenciement massif.
Les manifestants exigeaient que TikTok revienne sur ses projets. «Nous avons formé vos machines, payez-nous ce que nous méritons», pouvait-on lire sur une banderole. Sollicité par l'AFP, TikTok n'avait pas réagi dans l'immédiat. La plateforme revendiquait plus de 20 millions d'utilisateurs en Allemagne fin 2023. Les modérateurs sont chargés d'empêcher la publication sur la plateforme de contenus véhiculant incitations à la haine, désinformation ou encore la pornographie.
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Ce conflit social s'inscrit dans une tendance mondiale des réseaux sociaux à réduire leur recours aux employés pour se tourner davantage vers l'IA. En octobre, TikTok avait annoncé la suppression de centaines d'emplois dans le monde, notamment en Malaisie, redirigeant des ressources vers des solutions automatisées telles que l'intelligence artificielle (IA) pour modérer ses contenus. Selon le syndicat TikTok Allemagne a refusé de négocier avec ses modérateurs.
Ces derniers espéraient «que le travail se poursuivrait à long terme», selon l'un d'entre eux, Benjamin Karkowski, après avoir «eu une session de formation sur un changement de système» au début de l'année. «Mais un mois plus tard, nous avons reçu un message disant que nous étions licenciés et que notre travail serait repris par l'intelligence artificielle», affirme cet employé de 32 ans. Une autre modératrice, Sara Tegge, souligne que «l'IA ne peut pas déterminer si un contenu discrimine certains groupes et elle ne peut pas évaluer le danger de certains contenus».
Propriété du groupe chinois ByteDance, la puissante plateforme de partage de vidéos, avec 1,5 milliard de membres, est en outre depuis des années dans le viseur des gouvernements occidentaux, qui redoutent son lien avec Pékin et un possible usage des données de ses utilisateurs à des fins d'espionnage ou de propagande.