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La Presse
21-07-2025
- Entertainment
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Avec Louise Forestier, dans le mot vieille, il y a le mot vie
Avec Louise Forestier, dans le mot vieille, il y a le mot vie Louise Forestier souhaiterait-elle un verre d'eau plate ou pétillante ? « Pétillante », s'exclame-t-elle. « Pétillante, comme la fille. » La fille, c'est évidemment elle. Elle qui, sans choker ni collier, pour paraphraser le titre de son autobiographie, a toujours appelé un chat un chat. Écoutez l'épisode complet Son plus récent album paru en avril dernier s'intitule Vieille corneille et est peut-être l'album le plus flyé jamais lancé par une octogénaire. Vieille, vieille, vieille : elle répétera ce mot tout au long de l'entrevue, presque comme un mantra, avec la conscience joyeuse de sa teneur subversive, ainsi qu'un salutaire dédain pour les formules euphémisantes à l'aide desquelles on préfère habituellement nommer le grand âge. « Oh que j'adore ce mot ! Je ne peux faire que l'aimer, puisque c'est ma situation en ce moment dans la vie. Je suis une vieille. J'ai été ménopausée à un moment donné, j'ai été abandonnée à un moment donné et je n'ai jamais voulu appeler ces moments autrement que ce qu'ils étaient pour moi. » Elle ajoute, avec un heureux mélange de sagesse et d'espièglerie : « Dans le mot vieille, il y a le mot vie. » Pause. « Et il est dans le mot vieux aussi ! Ne vous inquiétez pas, messieurs, on ne vous a pas oubliés. » PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE Louise Forestier en studio Qu'est-ce qui grouille en dessous de notre refus collectif de désigner la vieillesse sans faux-fuyant ? Notre peur de la mort, pense Louise Forestier. Voir quelqu'un de vieux nous fait immédiatement nous transposer en vieux. Et c'est très désagréable. Mais il y a des gens qui vieillissent bien, qui ont des rides apaisantes et ça, ça fait du bien. Mais il y en a d'autres qui ont des rides terriblement difficiles à voir parce qu'elles sont amères, elles sont violentes. Louise Forestier À 82 ans, Louise Forestier vit encore des premières fois, ce qui contribue sans doute à pacifier son rapport à son âge. Elle parlera ainsi avec un enthousiasme presque adolescent de sa découverte récente de l'univers de la littérature de science-fiction. Et c'est en le montrant du doigt qu'elle intimera à votre journaliste de lire Demain les chiens (1953), recueil de nouvelles de Clifford D. Simak, un gros coup de cœur. Il n'est donc jamais trop tard pour essayer de nouvelles choses ? « Non, il n'est jamais trop tard, tant que ton esprit est encore vagabond et un petit peu délinquant. » Regarder ses boulots verdir Sa délinquance, Louise Forestier la consacre désormais beaucoup à cultiver son sens de la contemplation. Nous évoquons brièvement son ami François Guy, qui nous a quittés en 2023. C'est avec lui, ainsi qu'avec France Castel et Michel Le François, qu'elle a enregistré en 2016 l'album Les vieux criss (décidément). François Guy a toujours été, observe-t-elle, en avance sur son époque, avec ce que ça peut générer d'insatisfactions, d'impressions d'être en porte-à-faux avec sa société. « Ça fait des êtres qui ont une espèce de frustration constante, et il y en a plusieurs chez les artistes qui vivent ça. Moi, je l'ai eu un bout de temps, ce sentiment-là, et si je me laissais aller, je l'aurais encore. Mais là, je me dis qu'il me reste tellement peu de temps à vivre qu'il faut que j'essaie de faire le ménage et de profiter vraiment de je ne sais pas, moi… la pousse d'une feuille sur un arbre ! » La pousse d'une feuille sur un arbre devient dans ma vie un évènement capital. 'Qu'est-ce que t'as fait aujourd'hui ?' 'J'ai regardé mes bouleaux verdir.' Wow ! Louise Forestier « Ne touchez à ma folie/c'est tout ce que j'ai/c'est ma Californie », chante Louise Forestier dans La saisie. Sa folie, elle aura su s'en faire une alliée, après avoir, dit-elle en éclatant de son légendaire rire de sorcière bienveillante, investi dans des thérapies un argent avec lequel elle aurait pu se payer un chalet. « J'ai toujours été obligée de gagner ma vie, parce que j'ai mis la moitié de ma fortune dans les mains des psys », lance-t-elle, sans aucun regret. « J'ai un doctorat en Connais-toi toi-même. » Aujourd'hui, ma folie, c'est une porte, un tunnel, une cave, une grotte, un océan. C'est l'encre dans laquelle je trempe ma plume. Louise Forestier Folle géniale Désespérée mais gaie, c'est le titre d'une autre de ses chansons, qui résume bien son rapport à la vie qui ne lui a pas toujours fait que des cadeaux, mais dont elle aura su tirer le meilleur. Un oxymore qui traduit bien aussi cette dualité entre la mélancolie qui imprègne plusieurs de ses refrains et son rire qui, lorsqu'il retentit, éclipse tout spleen. PHOTO CHARLES WILLIAM PELLETIER, COLLABORATION SPÉCIALE Louise Forestier en entrevue avec notre journaliste Nous parlons de la regrettée écrivaine Denise Boucher, qui habitait avec Robert Charlebois, Claude Péloquin, Sophie Clément et Louise, rue Melrose à Montréal, à l'époque de la création de Lindberg (1968). « Quelle grande femme ! Mais quelle solitude ! Toutes les poètes, toutes les peintres de cette gang-là, elles en ont sué. Elles étaient ostracisées dans leur société. Elles étaient considérées comme folles. Puis encore souvent, quand une femme fait quelque chose d'un petit peu extravagant, d'un petit peu excentrique, on va dire qu'elle est folle et le gars, lui, va être un génie. Alors voilà, je suis une folle géniale. » Elle s'approche du micro. « Mesdames et messieurs, je ne me crois pas quand je dis ça. Ce n'est pas vraiment vrai. » Silence. « Mais en même temps, oui, j'y crois. » Louise Forestier éclate de son rire fou. Génialement fou.


Le Figaro
19-07-2025
- Entertainment
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«En France, quand je dis que j'ai arrêté de boire, les gens sont déçus» : Gad Elmaleh lève tous les tabous à Montréal
NOUS Y ÉTIONS - Dans le cadre du Festival Juste pour Rire, l'humoriste s'est produit à l'Olympia vendredi soir, abordant des sujets comme l'alcool, la vieillesse, l'argent ou encore son ex-compagne Charlotte Casiraghi. De notre envoyée spéciale à Montréal, «Je sais que certains ont bloqué sur mes cheveux. Donc avant qu'il y ait un bad buzz, oui j'ai vieilli». Dès son arrivée sur la scène de l'Olympia à Montréal vendredi soir dans le cadre du Festival Juste pour Rire, Gad Elmaleh montre toute l'étendue de son talent et de son autodérision. Cheveux rasés courts sur le dessus et quasiment blancs, le quinquagénaire préfère rire de ces marques du temps qui passe, devançant sans doute les commentaires que les 2000 spectateurs de la salle ont dû se faire en le découvrant. L'humoriste, qui a fêté ses 54 ans le 19 avril dernier, le confie : désormais, il ne voit plus de près. «Là, le premier rang, je vous imagine !» Publicité Le reste du spectacle d'une heure et demie déroule. Il évoque l'alcool, et indique avoir «arrêté de boire depuis quatre ans», sous les applaudissements du public. «En France, quand je dis cette phrase, ils sont déçus», note celui qui a fait ses études de sciences politiques à Montréal (entre 1988 et 1992). «On peut être heureux sans alcool, assure-t-il. C'est agréable». Et d'ajouter pour nuancer : «Ça me manque seulement quand je fais des longs vols. Les deux verres de rouge te smashaient la tête !». À lire aussi «Les Français, ce sont les Arabes du Québec» : Jamel Debbouze de retour à Montréal après 12 ans d'absence Face au public montréalais, Gad Elmaleh en profite pour lancer des punchlines moins réceptives dans l'Hexagone comme «j'ai les moyens de me payer un palace». «En France, le sujet de l'argent est tabou, résume le comédien. Même mon banquier, quand il y a un gros virement qui arrive, il me le dit tout bas», plaisante-t-il encore. Durant le spectacle, il montrera également sa capacité d'improvisation. Face à des retardataires par exemple, il s'excuse d'avoir commencé sans eux ! Le petit, il fait des conneries mais je m'entends très bien avec la maman Gad Elmaleh à Montréal le 18 juillet 2025 Le spectacle se poursuit avec une longue partie sur son célibat. Gad Elmaleh se dit aujourd'hui «prêt à aimer et être aimé» mais il concède : «c'est compliqué de rencontrer quelqu'un quand on est connu». Il fait aussi passer un message sur le consentement, tournant en ridicule les précautions qu'il faut désormais prendre avant de passer la nuit avec une femme. «Faut faire gaffe, surtout dans notre métier», complète-t-il. Il évoque aussi un sujet intime, la famille princière de Monaco, celle de son ex-compagne, Charlotte Casiraghi et leur Raphaël, âgé de 11 ans. Le garçon a récemment fait une apparition publique au Grand Prix de Monaco. «Le petit, il fait des conneries mais je m'entends très bien avec la maman», affirme-t-il avant de raconter une croustillante anecdote : la révérence approximative de sa mère face au prince Albert II de Monaco. Enfin, Gad Elmaleh, qui a ces dernières années entamé un cheminement spirituel vers le catholicisme, termine sur sa rencontre avec le Pape François et passe les cinq dernières minutes à ironiser sur les accusations de plagiat de CopyComics. Du grand Gad Elmaleh.