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La Presse
a day ago
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Des tours vertes pour se rafraîchir
Le projet Polinature, une tour temporaire qui compte 1400 plantes pour permettre aux gens de s'y rafraîchir Face aux canicules qui se multiplient, les citadins cherchent des espaces où se rafraîchir en milieu urbain. Mais permettre à de la verdure de s'enraciner dans les océans d'asphalte que sont les îlots de chaleur, ce n'est pas toujours évident. Une chercheuse de l'Université Harvard a créé une solution temporaire pour verdir rapidement des espaces bétonnés, comme des stationnements ou des places publiques. Lorsqu'elle a réalisé que les zones durement touchées par les îlots de chaleur hébergeaient souvent des populations plus vulnérables et des ménages à faible revenu, Belinda Tato, professeure agrégée d'architecture de paysage à la Graduate School of Design de l'Université Harvard, aux États-Unis, a senti qu'il était urgent qu'elle mette à profit ses compétences en design pour s'attaquer au problème. « Les personnes plus aisées peuvent fuir la chaleur – elles ont une piscine, une résidence secondaire. Mais ceux qui n'ont rien doivent pouvoir compter sur la ville », souligne-t-elle. Son équipe a donc conçu un prototype de tour végétalisée qui s'installe facilement dans des espaces pauvres en végétation pour que les gens puissent venir s'y rafraîchir. Leur objectif : que le projet temporaire soit facile à adapter dans d'autres villes, avec des matériaux accessibles, abordables, réutilisables et recyclables. Ainsi est né le projet Polinature, testé l'été dernier par les chercheurs sur le campus de Harvard, près de Boston. Démontée depuis, la structure autonome était faite d'échafaudages, de bulles d'air créant des brises, de panneaux solaires et de plus de 1400 plantes. PHOTO EMILIO P. DOIZTUA, FOURNIE PAR BELINDA TATO L'équipe d'une professeure de Harvard a conçu un prototype de tour végétalisée qui s'installe facilement dans des espaces pauvres en végétation pour que les gens puissent s'y rafraîchir. On avait inséré des capteurs climatiques dans le projet, et les données prouvent qu'on a réussi à faire baisser la température de façon significative à l'ombre de la structure. Belinda Tato, professeure agrégée d'architecture de paysage à la Graduate School of Design de l'Université Harvard « C'est fascinant, car l'investissement est minime, surtout en comparaison des projets à grande échelle qui mettent des années à se réaliser – quand ils se réalisent », explique Belinda Tato. La professeure n'a pas tort : les projets permanents pour contrer les îlots de chaleur peuvent mettre du temps à voir le jour. À Montréal, par exemple, entre 2013 et 2023, la superficie occupée par les îlots de chaleur a diminué de seulement 0,4 %. PHOTO EMILIO P. DOIZTUA, FOURNIE PAR BELINDA TATO Capteurs climatiques installés dans le projet Polinature Selon l'organisme Vivre en Ville, à l'heure actuelle, les secteurs défavorisés de l'île comptent trois fois plus d'îlots de chaleur que les autres. « Certaines zones n'auront peut-être pas de nouveaux parcs avant cinq ou dix ans. Parallèlement aux grands projets d'infrastructure, il faut donc aussi trouver des solutions immédiates, intermédiaires », plaide Belinda Tato. Une expérience renouvelée La chercheuse a répété l'expérience d'une structure temporaire cette année, cette fois dans le Quartier chinois de Boston. « Ce quartier a souffert du racisme environnemental et d'un manque d'investissement dans les infrastructures vertes. Il y a environ 7 % de couverture végétale. C'est donc un quartier très défavorisé sur le plan du confort climatique, probablement le plus chaud de Boston », explique-t-elle. « Encore une fois, l'idée est de voir comment on peut atténuer les conditions climatiques extrêmes dans des endroits essentiellement recouverts d'asphalte. On construit une table de 15 mètres de long, avec des bancs intégrés et 17 arbres – qui sont aussi bénéfiques pour la biodiversité et les pollinisateurs », ajoute-t-elle. À l'issue du projet, les végétaux seront redistribués. « Les plantes restent dans le quartier et continuent d'attirer les pollinisateurs l'année suivante. C'est magnifique de les voir refleurir », dit-elle, en espérant que son projet fera des petits un peu partout dans le monde. PHOTO EMILIO P. DOIZTUA, FOURNIE PAR BELINDA TATO Plantes installées dans le projet Polinature Susciter le débat Autre objectif de Mme Tato : créer un espace de discussion à l'ombre des plantes. « Sans confort climatique, les gens ne peuvent pas se retrouver dans l'espace public », souligne-t-elle. « C'est évident pour beaucoup d'entre nous, mais il y a encore des gens qui coupent des arbres pour mettre du bitume. » Pour Valérie Ebacher, urbaniste et coordonnatrice de Vivre en ville, l'une des qualités du projet de Harvard est justement d'attirer les regards. C'est certain que ce type d'objet là peut être intéressant pour amener la question des îlots de chaleur dans le débat public, faire réagir, mais c'est sûr qu'il doit y avoir des outils plus structurants à long terme : ça reste trop partiel comme stratégie. Valérie Ebacher, urbaniste et coordonnatrice de Vivre en Ville Mme Ebacher souhaite que les villes adoptent des plans de transformation ambitieux pour ajouter de la verdure dans les rues, les parcs et les terrains municipaux, mais aussi pour mieux encadrer les espaces privés, où l'on retrouve une bonne partie des surfaces bétonnées. À cet égard, Montréal veut justement redresser la barre. D'ici 2030, elle souhaite atteindre 38 % de végétalisation sur son territoire, en agissant tout particulièrement dans des zones plus économiquement vulnérables.


24 Heures
5 days ago
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Canicule: comment Yverdon mesure ses îlots de chaleur
Gestion de la canicule – Comment Yverdon mesure ses îlots de chaleur La Ville a déployé un réseau expérimental de capteurs avec l'aide de la HEIG-VD. Ces données précises permettront d'adapter sa stratégie de végétalisation. Fabien Lapierre Un capteur a été placé dans le Jardin de poche, un îlot de fraîcheur végétalisé en 2023, au cœur du quartier Pierre-de-Savoie. Yvain Genevay/Tamedia Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : Quinze capteurs mesurent désormais la température réelle dans différents quartiers d'Yverdon-les-Bains. Les données collectées permettront d'analyser précisément les îlots de chaleur urbains. Le projet évalue l'impact des stratégies de végétalisation sur le microclimat local. La Ville cherche à atteindre 33% de couverture végétale d'ici à 2050. La température a atteint la marque de 34 °C à Yverdon-les-Bains, mardi, nouvelle journée caniculaire de ce mois d'août. Vraiment? La mesure est en réalité théorique: elle est extrapolée à partir d'un relevé effectué par la station de MétéoSuisse de Mathod, en milieu rural. Elle ne renseigne pas précisément sur la température ressentie en plein centre de la capitale du Nord vaudois. C'est justement toute l'ambition du projet appelé, malicieusement, «Yverdon-les-Tropiques». On parle d'un réseau de quinze capteurs de température et d'humidité déployé au mois de juin sur le territoire communal par la Haute École d'ingénierie de gestion du canton de Vaud (HEIG-VD), en collaboration avec la Ville dans le cadre d'un projet citYLaB. Une première vaudoise, semble-t-il. Les points de mesure – ils émettent en temps réel sur les deux tiers du réseau – sont répartis le long d'une diagonale nord-sud, du parc des Rives jusqu'au quartier Pierre-de-Savoie, en passant par les zones piétonnes du centre. Le capteur (en haut) est relié à un émetteur (en bas) transmettant les données par ondes radio LoRa. Yvain Genevay/Tamedia «Nous mesurons concrètement la température en ville, sa variation au niveau spatial ou encore le nombre de nuits tropicales, au-dessus de 20 °C. Nous allons analyser ces données afin de quantifier précisément les îlots de chaleur», résume Tristan Brauchli, professeur en gestion intégrée de l'eau à la HEIG-VD. Les premiers résultats issus de ce réseau de capteurs seront présentés lors des assises communes entre la Ville et la haute école, en septembre, avant un rapport complet en fin d'année. Ressenti des piétons en pleine canicule «Nous pourrons affiner notre connaissance des îlots de chaleur locaux, déjà révélés par des images satellites de rayonnement infrarouge. Nous saurons mieux le ressenti au niveau des piétons. Nous cherchons aussi à mesurer l'effet de la stratégie de végétalisation communale, selon la croissance des arbres et leur type, afin de l'adapter. C'est un outil qui nous permettra d'agir au niveau du microclimat», complète Ulysse Brand, chef de projet au sein du Service de l'environnement de la cité thermale. Ulysse Brand (à gauche) du Service de l'environnement d'Yverdon et Tristan Brauchli (à droite), professeur à la HEIG-VD. Yvain Genevay/Tamedia Pour évaluer les effets concrets de cette stratégie, le quartier densément urbanisé de Pierre-de-Savoie a ainsi été équipé de deux capteurs placés dans des environnements diamétralement opposés. L'un est à l'ombre d'une pergola recouverte de glycine dans le Jardin de poche, un coin de verdure aménagé en 2023. L'autre se situe près d'un terrain à l'herbe roussie, au bord de la route de contournement. Cet îlot de chaleur bénéficiera d'un chantier de végétalisation à l'automne. La commune travaille autant à verdir les endroits minéralisés qu'à renforcer ses îlots de fraîcheur. «L'arborisation permet d'abaisser la température jusqu'à 2 °C, mais il y a une inertie de vingt-cinq ans entre la plantation d'un arbre et le moment où il fournit ses services écosystémiques. Cela peut se faire par le développement de microforets. On découvre aussi les sols pour améliorer l'infiltration de l'eau. Une ville éponge favorise l'évaporation, qui rafraîchit le microclimat, et limite les inondations. On utilise aussi les canaux et le lac, des rafraîchisseurs naturels», liste Ulysse Brand. La Ville va procéder à la végétalisation de cette parcelle peu ombragée, également mesurée par un capteur. Yvain Genevay/Tamedia L'opinion publique est favorable à la végétalisation. La Ville a récemment communiqué les résultats de sondages montrant que trois Yverdonnois sur quatre souhaitent la plantation d'un platane sur la place Pestalozzi. Ce sujet sensible doit être débattu au Conseil communal, assorti du nouveau Plan Canopée qui vise 33% de couverture végétale en 2050 (21,5% aujourd'hui). Ondes radio jusqu'à la HEIG-VD Le réseau expérimental de capteurs a pu être activé juste à temps, début juin. «Il faut être réactif. Des canicules, il n'y en a pas tous les jours!» plaisante à moitié Tristan Brauchli. Cela n'a pas été sans quelques difficultés techniques. Il a fallu installer en urgence une antenne LoRa dans le clocher du temple, pour transmettre efficacement les données jusqu'à la HEIG-VD. Après cette phase test, la Municipalité d'Yverdon devra décider de la pérennité du dispositif. Il pourrait être couplé à un autre projet de mesure de l'hygrométrie et de la température de bâtiments historiques de la Ville renfermant des biens culturels sensibles, également via un réseau de capteurs. Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Se connecter Fabien Lapierre est journaliste à 24 heures depuis 2022. Basé à Yverdon-les Bains, il couvre principalement l'actualité du Nord vaudois, ainsi que de Neuchâtel. Diplômé de l'Ecole supérieure de journalisme de Lille en 2010, il a travaillé pour la télévision, derrière et devant la caméra, notamment à Canal Alpha. Plus d'infos @fabienlapierre Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


Le Figaro
6 days ago
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- Le Figaro
La lettre du Figaro du 13 août 2025
Réservé aux abonnés Adapter les villes aux canicules, drôle de «voyage astral» en Espagne, le fléau du surtourisme, le point commun entre les pharaons et Xi Jinping : la bataille. Chers abonnés, Il faut adapter nos villes au changement climatique ou il nous en cuira ! Dans la nuit de lundi à mardi, à Nice, la température n'est pas descendue en dessous de 28,7°. Au premier rang des méthodes urbaines efficaces, la végétalisation. À propos de plantes, la «Guardia civil» espagnole a fait fermer une maison où des «guides spirituels» proposaient aux clients des «voyages astraux» à base de consommation d'Ayahuasca, venin de grenouille et thé de cactus. En politique, François Bayrou songe à créer une foncière d'État qui gérerait le patrimoine immobilier national pour perdre moins de sous. Au sujet des municipales, la réforme du mode de scrutin à Paris inquiète la gauche. Les électeurs de la capitale ont d'autres soucis : le fléau du surtourisme leur rend la vie difficile. Des pharaons à Xi Jinping… la grande bataille pour le contrôle des ressources naturelles est vieille comme le monde. Bonne journée ! Votre épistolier, Louis Lecomte. À la Une La France au défi des canicules…


Le Parisien
26-07-2025
- Politics
- Le Parisien
Canicule : à Strasbourg, jusqu'à 20 000 euros de prime pour aider les particuliers à végétaliser leurs extérieurs
C'est la dernière étape du Plan Canopée à Strasbourg et l'Eurométropole met le paquet. Après avoir déjà planté près de 5 600 arbres en cinq ans , aménagé 27 ha de nouveaux parcs et végétalisé une grande part de ses cours d'écoles, l'intercommunalité à majorité écologiste entend impliquer les particuliers. Avec sa nouvelle prime Végétalis, elle se tient prête à leur offrir jusqu'à pas moins de… 20 000 euros pour qu'ils végétalisent à leur tour leurs habitats privés. De quoi financer la majeure partie d'une étude d'avant-projet, de la désimperméabilisation de leurs espaces libres, de l'achat de leurs plantes et arbustes, des travaux de plantations sur leurs toitures et façades, ou encore de l'achat de leurs récupérateurs d'eaux et de gîtes pour la faune. « Les espaces privés représentent 70 % du territoire de l'Eurométropole mais seulement 25 % de sa canopée [zone de cimes des arbres] », indique la collectivité, soucieuse de verdir les villes pour contrer les effets des canicules , les inondations, d'améliorer la qualité de l'air, de favoriser la biodiversité et d'embellir le cadre de vie des habitants. Son enveloppe de 600 000 euros pour les deux premières années d'expérimentation du dispositif n'empêchera pas que les heureux élus soient triés sur le volet. La collectivité prévoit de ne retenir qu'une trentaine de projets accompagnés par son Agence du climat. En seront exclues la mise en place d'irrigations, de plantes exotiques ou monospécifiques, et les plantations hors sols. Les logements récemment construits ne seront pas éligibles.