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La Presse
03-08-2025
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Malaise autour de l'appui de la chambre de commerce de Rouyn-Noranda
(Rouyn-Noranda) L'appui de la Chambre de commerce et d'industrie de Rouyn-Noranda (CCIRN) à la Fonderie Horne et sa remise en question de la compétence des autorités de santé publique créent un malaise chez les commerçants de la ville. Beaucoup doutent de la légitimité de la démarche appuyée en majorité par des entreprises qui profitent des activités de la Fonderie. Émilie Parent-Bouchard Collaboration spéciale Dans une récente lettre envoyée au premier ministre François Legault, la CCIRN demandait à Québec d'appuyer la Fonderie dans sa demande d'assouplissement des exigences de réduction de ses rejets d'arsenic dans l'air. En entrevue avec La Presse1, Éric Beaupré, le premier vice-président du conseil d'administration de la CCIRN, mettait même en doute l'impartialité de la Direction de santé publique, qui a documenté les effets de l'arsenic sur la population locale. Des entrepreneurs de la ville se sont depuis dissociés de la sortie de la Chambre de commerce, qui donne l'impression de parler au nom de tous. Vague de départs Le répertoire de la CCIRN, qui compte 1200 membres, comprend des commerçants, des restaurateurs et des fournisseurs de services professionnels. Beaucoup n'ont aucun lien avec la Fonderie. La majorité (71 %) s'était par ailleurs dite « préoccupée » par la qualité de l'air lors d'un coup de sonde mené par Léger Marketing en 2022. « La position adoptée publiquement par la Chambre de commerce ne reflète pas les valeurs de La Semence. Je n'ai pas été consultée et je ne suis pas d'accord avec les propos [qu'elle tient] », affirme Caroline Nolet, propriétaire d'un commerce d'alimentation situé à un jet de pierre des cheminées. Elle « ne compte pas renouveler [son] adhésion à la Chambre de commerce » au coût de 117 $ par an. « Je pense que j'ai eu un pressentiment », confie quant à elle la chiropraticienne Mireille Vincelette pour expliquer son retrait de la Chambre de commerce à la fin de l'hiver dernier. « J'ai quitté [la Chambre] après des discussions avec des membres du C.A. sur les orientations de la CCIRN », poursuit-elle, citant à titre d'exemple l'appui à une étude de biosurveillance financée par la Fonderie Horne. PHOTO JOSIE DESMARAIS, ARCHIVES LA PRESSE L'appui de la CCIRN à la Fonderie Horne divise la communauté d'affaires à Rouyn-Noranda. « Ça ne correspondait plus à mes valeurs de rigueur scientifique, d'entrepreneuriat et de développement économique respectueux de la communauté », poursuit celle qui s'implique au sein du comité Arrêt des rejets et émissions toxiques (ARET) mis sur pied à la suite du dévoilement des résultats des études de la Santé publique qui révélaient que les enfants du quartier à proximité de la Fonderie Horne étaient quatre fois plus exposés à l'arsenic que ceux du groupe témoin à Amos. Même son de cloche aux Éditions du Quartz. Selon le président du conseil d'administration, Marc-Olivier Hamelin, le retrait du regroupement d'affaires n'est qu'une question de temps puisque le Conseil a été « pris de court » et n'a pas encore eu l'occasion de se réunir pour entériner la décision en cette période de vacances. Ça fait juste encore plus briser la cohésion sociale. Et ce n'est vraiment, vraiment pas nécessaire en ce moment. Marc-Olivier Hamelin, des Éditions du Quartz M. Hamelin reconnaît toutefois que l'affiliation de longue date à la Chambre de commerce procurait des avantages financiers, par exemple des prix réduits pour les envois postaux. Une représentante de Glencore au C.A. La Chambre de commerce a affirmé par écrit que sa prise de position concernant la Fonderie Horne a été adoptée après que « chaque membre du conseil [d'administration a] eu l'occasion de la commenter et de faire ses suggestions ». Le C.A. l'a ensuite approuvée au terme de délibérations. Or, Cindy Caouette, responsable des communications et des relations publiques chez Glencore, l'entreprise propriétaire de la Fonderie Horne, siège au conseil d'administration de la CCIRN. Le premier vice-président, Éric Beaupré, a assuré que cette dernière se retire lorsque des décisions concernent la Fonderie. Aucun des membres du conseil d'administration n'a donné suite à nos demandes de précisions quant aux délibérations et à l'approbation de la lettre. PHOTO YVES TREMBLAY, LES YEUX DU CIEL, ARCHIVES COLLABORATION SPÉCIALE La CCIRN a demandé à Québec d'appuyer la Fonderie Horne dans une récente lettre envoyée au premier ministre François Legault. D'ailleurs, les 22 signataires de la lettre envoyée par la Chambre de commerce sont tous des fournisseurs miniers. De plus, seulement 2 des 18 membres du conseil d'administration de la CCIRN, soit le premier vice-président, Éric Beaupré, et le président, Stéphane Brown, l'ont signée. Pas d'entrevue « le temps de laisser retomber la poussière » : c'est en ces mots qu'Éric Beaupré a indiqué ne pas vouloir revenir sur les dissensions chez les membres de la CCIRN. La Chambre de commerce a adouci sa position depuis la publication de la lettre, réaffirmant « son respect envers les autorités de santé publique » et mentionnant « qu'il est légitime, dans une société démocratique, que les citoyens, les travailleurs et les représentants économiques puissent se poser des questions, chercher à comprendre les décisions prises et demander des éclaircissements ». Un expert de santé publique en tournée Au cours des dernières semaines, un expert affilié à l'École de santé publique de l'Université de Virginie-Occidentale, Christopher J. Martin, est venu à Rouyn-Noranda à la demande de la Fonderie Horne pour défendre la position de celle-ci. La Fonderie demande à Québec de lui accorder un délai supplémentaire de 18 mois pour atteindre la cible de 15 ng/m3 d'arsenic dans l'air prévue à l'entente ministérielle. Comme la Fonderie, cet expert croit que ce seuil est suffisant pour protéger la santé de la population, alors que la norme se situe à 3 ng/m3. Il a aussi rencontré l'administration municipale. « On a posé quelques questions d'éclaircissement. Mais notre position n'a pas changé […], on fait confiance à nos institutions publiques », fait de son côté valoir la mairesse de Rouyn-Noranda, Diane Dallaire. Mme Dallaire ajoute qu'à la suite de la sortie publique de la Fonderie, elle a écrit au premier ministre afin de lui demander la « relance immédiate » du comité interministériel pour étudier ces demandes. PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE La Fonderie Horne a demandé à Québec de lui accorder un délai supplémentaire de 18 mois pour atteindre la cible de 15 ng/m3 d'arsenic dans l'air. « Le conseil municipal presse le gouvernement du Québec d'agir dans l'intérêt des citoyens de Rouyn-Noranda. Nous avons officiellement interpellé le premier ministre du Québec afin qu'un suivi rigoureux, transparent et constant soit assuré dans ce dossier d'importance majeure », dit-elle. Au lendemain de la sortie publique de la CCIRN en sa faveur, la Fonderie a acheminé sa demande de modification de l'entente au ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs. Cette requête étant jugée « incomplète », l'entreprise est retournée à la table à dessin et en a fait parvenir une nouvelle, recevable cette fois, ce qui permet au Ministère de « débuter le processus d'analyse en vue de rendre une décision ». 1. Lisez l'article « La communauté d'affaires ne 'croit pas' la Santé publique »


La Presse
21-07-2025
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La communauté d'affaires ne « croit pas » la Santé publique
La communauté d'affaires de Rouyn-Noranda demande au gouvernement de réduire les exigences imposées à la Fonderie Horne, disant douter de l'impartialité de la Direction de santé publique et remettant en question ses études mesurant l'impact des activités de l'entreprise sur la santé de la population. « Nous appelons les autorités gouvernementales à reconnaître les progrès réalisés [par la fonderie] », écrit la Chambre de commerce et d'industrie de Rouyn-Noranda dans une lettre ouverte publiée lundi et cosignée par une vingtaine de dirigeants et dirigeantes d'entreprises de la région. La lettre se veut un appui à l'entreprise appartenant à la multinationale Glencore, qui demande à Québec de ne pas avoir à respecter la limite légale d'arsenic dans l'air de trois nanogrammes par mètre cube (ng/m3) et de lui accorder un délai d'au moins 18 mois pour atteindre le seuil transitoire de 15 ng/m3. « On trouve que ce que la fonderie demande, c'est raisonnable », a indiqué à La Presse le premier vice-président de la chambre de commerce et président-directeur général de Technosub, Éric Beaupré. « Au Québec, on est toujours un petit peu plus fussy [pointilleux] qu'ailleurs », dit-il, faisant valoir que d'autres États ont des seuils plus élevés. Doutes sur la santé publique La chambre de commerce réclame des « études impartiales » pour mesurer l'imprégnation de l'arsenic dans la population, explique M. Beaupré, qui dit ne pas savoir si la Direction de santé publique est impartiale. Comme la Fonderie Horne l'a fait, M. Beaupré remet en question la validité des études de biosurveillance de 2018 et 2019 qui ont démontré que les ongles des citoyens du quartier Notre-Dame, voisin de la fonderie, contenaient quatre fois plus d'arsenic que ceux des résidants d'Amos. « On n'y croit pas tant que ça », affirme-t-il, disant que l'étude de 2005 et 2006 mesurant le taux d'arsenic dans l'urine de la population était « beaucoup plus appropriée ». La fonderie a engagé un consultant spécialisé qui est venu nous l'expliquer. Éric Beaupré, Chambre de commerce et d'industrie de Rouyn-Noranda La chambre de commerce, comme la Fonderie Horne, affirme que l'Institut national de santé publique du Québec (INSPQ) avait qualifié les études sur les ongles de 2018-2019 d'exploratoires, ce que contredit l'organisme. « L'INSPQ considère que la mesure de l'arsenic dans les ongles est adéquate dans les contextes où il faut documenter l'exposition sur plusieurs mois » et qu'elle a été utilisée dans d'autres études, a déclaré à La Presse son porte-parole, Richard Daigle. L'Organisation mondiale de la santé (OMS) estime aussi que les ongles, comme les cheveux, « fournissent des preuves indirectes d'une exposition [à l'arsenic] dans les neuf mois précédents », alors que l'urine ne montre que l'exposition des deux à quatre jours précédents. Désaveu « préoccupant » Le désaveu de la Direction de santé publique par la communauté d'affaires de Rouyn-Noranda inquiète la professeure de santé environnementale à l'Institut national de la recherche scientifique (INRS) Maryse Bouchard. « C'est préoccupant de voir la chambre de commerce reprendre les arguments des experts payés par l'usine, alors que les experts indépendants en santé publique ont clairement expliqué que l'arsenic dans les ongles est un meilleur indicateur d'exposition dans le contexte d'une exposition à long terme », a-t-elle déclaré à La Presse. La communauté d'affaires avait aussi fait parler d'elle en 2022 quand elle avait voulu faire taire l'élue solidaire Émilise Lessard-Therrien, qui était alors députée de Rouyn-Noranda–Témiscamingue, lui reprochant de nuire à la réputation de la ville en s'inquiétant des rejets d'arsenic de la Fonderie Horne, avait révélé La Presse. La chambre de commerce avait toutefois assuré avoir changé d'avis en affirmant que « la vitalité économique ne peut se faire au détriment de notre santé collective et individuelle ». L'organisme assure aujourd'hui être toujours « préoccupé » par la santé publique, mais s'inquiète de l'avenir de la fonderie, « un pilier économique incontournable » de la région. Se disant consciente de l'apport économique de la fonderie à la ville de Rouyn-Noranda, la directrice de santé publique par intérim de l'Abitibi-Témiscamingue, Omobola Sobanjo, a déclaré que « l'atteinte du seuil de 15 ng/m3 en 2027-2028 et le respect des attentes de l'autorisation ministérielle doivent se poursuivre selon l'échéancier établi ».