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La Presse
2 days ago
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Docteur, j'ai peur… de tout !
Lorsqu'on pense à la multitude des épreuves que l'être humain a dû surmonter au cours de sa longue évolution pour survivre, domestiquer les forces de la nature et occuper le territoire, on ne peut qu'admirer ses capacités d'adaptation et d'invention, son sens de la coopération et, surtout, son courage ! On se dit, ma foi, ce drôle d'animal n'avait peur de rien ! Réjean Bergeron Philosophe, auteur de Je veux être un esclave ! (2016), de L'école amnésique ou Les enfants de Rousseau (2018) et de Homère, la vie et rien d'autre ! (2022) Aujourd'hui, c'est une tout autre histoire. Nos valeureux ancêtres qui parcouraient monts et vallées se sont métamorphosés en êtres fragiles et craintifs qui sursautent à la vue de leur ombre ou d'un titre de livre qui les indispose. Portrait de l'homme moderne L'été, on a peur des piqûres d'insectes, des coups de soleil et de la chaleur, tout particulièrement du terrifiant facteur humidex que tous les « señor météo » de ce monde agitent comme un épouvantail. L'hiver, on a peur du froid et du terrible facteur éolien, ce nouveau visage du Bonhomme Sept Heures qui jadis faisait si peur aux enfants. En cas de tempête de neige, pas de risque à prendre, on s'empresse de fermer les écoles. Tous aux abris avant que le ciel nous tombe sur la tête ! Et on a peur aussi que nos enfants se blessent, se fassent bobo ! Action-réaction : on leur impose alors le port du casque, de la ceinture, des bretelles et du gilet pare-balles avec interdiction de courir, de grimper, de se chamailler – presque de respirer ! Et les adultes ne sont pas en reste. Une enseignante me racontait que chaque année, la direction de son école recommandait fortement à tous les membres du personnel de tenir la rampe lorsqu'ils descendaient l'escalier et, l'hiver, de mettre des crampons à leurs bottes lorsqu'ils allaient marcher dans la cour de récréation. Que voulez-vous, il faut minimiser les risques… de poursuite contre l'employeur ! Il y a aussi cette peur des allergies alimentaires, du sel, du sucre, du gluten ou du mauvais cholestérol. Peur des microbes aussi, des germes, des infections de toutes sortes. « Lavez, lavez », chantait Martine St-Clair, sans oublier de frotter, de désinfecter, d'aseptiser l'intérieur de nos maisons tout comme l'intérieur de notre petit moi qu'il faut cajoler, rassurer, protéger. Allez, encore un effort ! L'être humain est un animal social, fait pour vivre en société, nous ont raconté bien des philosophes depuis plus de 2000 ans. Mais mon dieu que c'est devenu difficile et compliqué de vivre ensemble de nos jours – et surtout tellement menaçant ! Barricadés derrière nos écrans, on s'empresse de virtualiser nos rapports sociaux pour éviter le face-à-face et les contacts physiques. La vie en présentiel est tellement hasardeuse, pleine de surprises et dangereuse ! Comment interpréter le timbre de la voix qui sort de cette bouche ? Comment ne pas voir une intention malveillante dans le regard oblique de cette personne ? Comment se prémunir contre les non-dits, les allusions, les sous-entendus ? Mieux vaut alors se mettre à l'abri, bien emmitouflés dans nos cocons numériques. Oui, pour les êtres fragiles que nous sommes devenus, la vie en société est pleine de menaces qui peuvent se jeter sur nous sans crier gare. Une statue dans un parc, un conférencier, une représentation théâtrale, le titre d'un livre, la présence de celui-ci dans une bibliothèque ou encore le simple fait qu'un mot nouvellement déclaré tabou soit prononcé : voilà autant de manifestations culturelles qui ont désormais le potentiel d'être pointées du doigt par quiconque se sent agressé dans son ressenti. D'où cette ribambelle de traumavertissements diffusés à la télévision, au théâtre ou au cinéma pour nous prévenir qu'on pourrait être heurté non pas par une chute de glace, mais par une scène de violence ou de nudité, un langage vulgaire, la présence de produits du tabac, certains préjugés ou stéréotypes qui ne cadrent plus avec les valeurs de bienveillance, d'ouverture et d'inclusion qui sont dorénavant les nôtres. Y'a pas à dire, tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil ! Au bout du compte, c'est à se demander si les progrès de la science, les exploits de la technologie et le développement de notre civilisation en général n'ont pas eu pour effet de nous fragiliser, de faire de nous des êtres craintifs et anxieux toujours prêts à invoquer mille et une causes pour camoufler notre peur devant la vie, jusqu'à cette peur d'avoir peur. Qu'en pensez-vous ? Participez au dialogue


Le Figaro
12-07-2025
- Science
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Vous avez les dents sensibles ? C'est peut-être la faute d'un poisson venu du fond des âges
Réservé aux abonnés Chez les plus anciens vertébrés, les dents ne servaient pas à mâcher mais à « ressentir » le monde environnant. Un simple contact avec une brosse à dents ou une glace suffit parfois à provoquer une vive douleur aux dents. Malgré leur apparente robustesse, nos dents abritent en effet un réseau nerveux très sensible aux moindres variations de température ou de pression dans sa couche interne, appelée « dentine ». Mais si ce système sensoriel complexe est devenu un atout pour la mastication au fil de notre évolution, il s'est à l'origine développé pour une tout autre raison, a démontré récemment une équipe de chercheurs américains. Pour le comprendre, il faut remonter plus de 450 millions d'années en arrière, au cours de la période géologique de l'Ordovicien. Pendant cette période, la vie marine connaît une formidable diversification. Certains poissons vertébrés primitifs possédaient déjà alors de la dentine innervée, mais celle-ci n'était pas localisée spécifiquement au niveau de la bouche. Elle faisait essentiellement partie de la composition de structures solides entourant le corps, l'exosquelette…