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Varsovie juge « inacceptables » les propos nationalistes de deux de ses évêques et écrit au Vatican
Deux évêques polonais ont suscité l'ire du gouvernement de centre gauche de
Donald Tusk
. Varsovie a même protesté auprès du Saint-Siège contre les propos jugés « inacceptables » de deux de ses prélats. Leurs déclarations, en plus de marquer « un soutien à des milieux nationalistes » remettent en question la « réconciliation germano-polonaise après la Seconde Guerre mondiale ».
La Pologne, pays à forte tradition catholique, reproche aux évêques locaux Wieslaw Mering et Antoni Długosz de s'« ingérer » dans les affaires de l'État qui tente de maîtriser des flux migratoires de manière conforme à la loi. La Pologne a pourtant réintroduit
le 7 juillet des contrôles aux frontières
avec la Lituanie et l'Allemagne, deux pays de l'espace Schengen, pour endiguer le flux de l'immigration illégale.
Dans un contexte favorable à la droite dure avec
l'élection à la présidence de Karol Nawrocki,
la semaine dernière, Antoni Dlugosz a ouvertement soutenu un mouvement ultranationaliste autoproclamé de « Défense des frontières » qui organisait des « patrouilles citoyennes » destinées à contrôler les passages à la frontière polono-allemande, le gouvernement soulignant leur caractère illégal.
Pour l'opposition nationaliste et l'extrême droite, accuse le gouvernement de Tusk d'avoir « abdiqué » face à l'Allemagne sur la question migratoire, l'accusant de laisser Berlin submerger la Pologne de migrants.
On pourrait songer à une mesure de rétorsion envers l'Allemagne, alors que début mai, le gouvernement du chancelier conservateur, Friedrich Merz a réinstauré
des contrôles aux frontières drastiques
pour lutter contre l'immigration illégale. Mais a priori, les accusations témoignent de lourds reproches face à Berlin mais aussi Bruxelles.
Dans les faits, seules 24 personnes ont été refoulées de Pologne vers l'Allemagne entre le 7 et le 13 juillet, selon
Der Spiegel.
De son côté, l'évêque de Wloclawek, Wieslaw Mering, a traité le pouvoir en place de « gangsters politiques » et cité un poète polonais du XVIIe siècle excluant à jamais une entente possible entre Polonais et Allemands.
Le hiérarque a mis aussi sur le pied d'égalité la situation à la frontière polono-allemande et celle avec de la Biélorussie, alors que Varsovie accuse Minsk et Moscou d'organiser un afflux de migrants à sa frontière orientale dans le cadre d'une opération hybride destinée selon elle à déstabiliser l'UE.
« Les frontières de notre pays sont menacées autant de l'Ouest que de l'Est », a déclaré l'évêque Mering. Le pays a recueilli un million de réfugiés ukrainiens depuis le début de l'invasion russe en 2022.
« Pas de consentement à des déclarations contenant des mots blessants et inacceptables, qui portent atteinte aux principes fondamentaux de la dignité humaine, ainsi qu'à la souveraineté du gouvernement de la République de Pologne », a déclaré le ministère polonais des Affaires étrangères dans une lettre remise au Vatican par l'ambassadeur polonais près le Saint-Siège.
« Ces propos sont incompatibles avec les enseignements de l'Église catholique et l'expérience historique de la réconciliation germano-polonaise après la Seconde Guerre mondiale » poursuit la lettre destinée à Javier Domingo Fernández González, chef du protocole diplomatique du Saint-Siège, selon le quotidien polonais
Rzeczpospolita.