
L'isolation des bâtiments, un rempart contre la pénurie d'électricité en hiver
Cet hôtel de Zermatt a été totalement rénové en 2019 grâce au soutien du Programme bâtiments.
Programme bâtiments/Gerry Nitsch
En bref:
En Suisse, la construction de parcs éoliens et de nouvelles installations solaires ainsi que l'essor de l'énergie hydraulique suscitent de vifs débats. Albert Rösti, le ministre de l'Énergie, souhaite même autoriser la construction de nouvelles centrales nucléaires dans le contre-projet à l'initiative «Stop au black-out». Un projet de loi est attendu à Berne après les vacances d'été.
Dans ce contexte, l'amélioration de l'efficacité énergétique des bâtiments peut présenter un grand potentiel. Une étude de la Haute École de Lucerne a évalué dans quelle mesure la rénovation de l'enveloppe des bâtiments pourrait contribuer à résoudre le problème de pénurie d'électricité en hiver. L'étude a été financée par Flumroc, un fabricant suisse de matériaux isolants.
Le constat est clair: si tous les chauffages fossiles des bâtiments d'habitation étaient remplacés par des pompes à chaleur et que les bâtiments étaient isolés, la demande en électricité pourrait diminuer de 5,3 térawattheures (TWh) par an. Ce chiffre correspond à peu près à la quantité d'électricité qui fait défaut en hiver, soit environ 10% de la consommation annuelle d'électricité. Des coupes dans les subventions
«En moyenne, l'isolation thermique permet de réduire de moitié les besoins de chaleur des bâtiments d'habitation», explique Damian Gort, directeur de Flumroc. Les pompes à chaleur doivent alors fournir «beaucoup moins de puissance pour maintenir l'intérieur chaud». Cela est particulièrement important hiver, quand les besoins en électricité pour les pompes à chaleur sont les plus élevés et que l'offre est la plus tendue.
Sans travaux d'isolation supplémentaires, les pompes à chaleur consommeraient 11,5 TWh d'électricité. En isolant les logements, cette consommation tomberait à 6,2 TWh. L'étude présente ainsi une alternative à la stratégie énergétique actuelle: au lieu d'investir des milliards dans la construction de nouvelles centrales, on pourrait économiser beaucoup d'électricité en isolant mieux les bâtiments. Le tout sans contraintes dans la vie quotidienne, sans atteintes au paysage, mais avec un effet significatif sur la sécurité de l'approvisionnement.
«La discussion porte presque uniquement sur la quantité d'électricité qu'il faudrait produire en plus, ajoute Damien Gort. Mais la plus facile d'accès est celle que nous n'utilisons pas.»
Cet hôtel de Zermatt est chauffé avec des pellets de bois. Grâce à une bonne isolation thermique, il consomme peu d'énergie.
Programme bâtiments/Gerry Nitsch
Mais les décisions politiques actuelles prennent le chemin inverse. À partir de 2027, le Conseil fédéral prévoit en effet de mettre un terme au Programme bâtiments, qui accorde des subventions pour l'assainissement énergétique des bâtiments.
Les conséquences de la prochaine votation populaire du 28 septembre pourraient être encore plus lourdes. Si la valeur locative était supprimée, les déductions fiscales pour les rénovations disparaîtraient également. Selon les estimations du secteur, cela représenterait près de 200 millions de francs par année qui ne seraient plus investis dans les rénovations énergétiques. La rénovation des bâtiments n'est pas toujours rentable
Philippe Thalmann est professeur à L'EPFL, où il mène des recherches en économie de l'environnement, notamment dans les domaines du climat, de la construction, de l'immobilier et du logement. Sans avoir examiné en détail les données de l'étude, il estime que les résultats sont «cohérents». Selon lui, ils confirment des constats déjà bien établis: «Pour exploiter pleinement le potentiel de réduction de la consommation d'énergie et des émissions de CO 2 , il faudrait remplacer les chaudières fossiles par des pompes à chaleur.» Mais comme la consommation d'électricité augmente précisément lorsque les pompes à chaleur sont utilisées, c'est-à-dire au moment où la production électrique est la plus faible, il faut faire un choix: augmenter la production d'électricité renouvelable ou réduire la consommation en rénovant les bâtiments. «La rénovation thermique des bâtiments est coûteuse, que ce soit en termes d'argent, d'énergie, d'énergie grise ou de main-d'œuvre», souligne Philippe Thalmann.
De plus, il est difficile de rentabiliser la rénovation de l'enveloppe d'un bâtiment, étant donné que la consommation d'énergie a déjà fortement baissé grâce aux pompes à chaleur. Philippe Thalmann propose donc d'instaurer des tarifs d'électricité plus élevés en hiver afin d'encourager la rénovation thermique des bâtiments. Seuls les bâtiments les plus énergivores, classés dans les catégories F ou G, présentent un intérêt économique à être rénovés. «Pour les autres, l'électricité est probablement trop bon marché pour justifier une rénovation.» Selon lui, le Programme bâtiments est l'instrument le plus adapté en la matière. Toutefois, même si les déductions fiscales pour les rénovations sont une mesure de soutien, elles restent très peu ciblées.
Compte tenu des ressources nécessaires, il est légitime de se demander s'il est vraiment pertinent de rénover en profondeur l'enveloppe thermique de tous les bâtiments équipés de pompes à chaleur. Selon Philippe Thalmann, la combinaison de mesures incitatives et de contraintes serait la mesure la plus efficace, en particulier pour les bâtiments anciens: «Les propriétaires de maisons classées en catégorie G, puis dans un deuxième temps celles classées F, devraient être contraints de remplacer leur système de chauffage et de rénover l'enveloppe du bâtiment, tout en bénéficiant d'un soutien ciblé», estime-t-il. La fin d'une incitation fiscale importante
Pour Marcel Hänggi, de la Fondation suisse de l'énergie, le potentiel d'économie mis en lumière par l'étude de la Haute École de Lucerne n'a rien de surprenant. «Des études précédentes menées par la Confédération estimaient déjà le potentiel d'économie entre 25 et 40% de la consommation totale d'électricité», explique-t-il. Il juge d'autant plus incompréhensible que le Conseil fédéral tienne si peu compte de la question des économies d'électricité dans sa politique énergétique actuelle.
À ses yeux, les coupes prévues par le Conseil fédéral dans les subventions du Programme bâtiments sont «une violation de la loi sur la protection du climat adoptée en 2023», car le montant des aides accordées dans le cadre de ce programme est inscrit dans la loi. Marcel Hänggi estime par ailleurs que l'argument avancé par la Confédération, qui mise sur un possible effet d'aubaine, n'a pas de fondement scientifique: «Bien sûr, on peut améliorer les programmes, mais une critique aussi générale ne tient pas.»
La Fondation suisse de l'énergie porte également un regard critique sur le possible changement de système en matière de valeur locative, même si elle ne s'est pas encore prononcée sur la votation à venir. «Ce serait la fin d'une incitation fiscale importante en faveur des rénovations, ce qui est une erreur du point de vue de la politique énergétique.» En effet, le taux d'assainissement des bâtiments est actuellement bien trop bas pour atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050. «Il devrait être trois fois plus élevé pour que la Suisse respecte ses objectifs climatiques.»
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24 Heures
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- 24 Heures
L'argent des radars fait vrombir le débat politique suisse
Des millions récoltés à Zurich ou encore à Genève. Si les autorités invoquent la sécurité, la grogne monte et une initiative populaire dénonce une «arnaque». Publié aujourd'hui à 12h00 Le nombre d'amendes pour excès de vitesse à Genève a presque doublé entre 2019 et 2023. KEYSTONE Dans les cantons de Vaud, de Genève ou de Zurich, les radars routiers suisses rapportent des millions aux collectivités, mais leur finalité fait débat. Tandis que les autorités invoquent la sécurité routière, de nombreux conducteurs et certains politiciens y voient une manne financière déguisée, selon une enquête de «Blick» . Les revenus générés par les radars atteignent des sommets dans certains cantons. Zurich, locomotive économique du pays, a engrangé 39,5 millions de francs en 2023 uniquement grâce aux excès de vitesse, et prévoit 61 millions en 2024 pour l'ensemble des contraventions routières. Avec ses 338'100 amendes émises l'an dernier pour vitesse excessive, la Ville confirme sa réputation de chasseuse d'infractions. À Genève, le nombre d'amendes d'ordre punissant une vitesse trop élevée a passé de 308'270 en 2019, à 578'330 en 2023. Controverses nationales «Les emplacements des contrôles sont choisis avant tout dans une optique de sécurité routière», affirme la police cantonale des Grisons auprès de «Blick». Leur objectif serait de créer «l'attente subjective d'un contrôle» pour inciter au respect des limitations. Pourtant, les chiffres financiers impressionnants nourrissent le scepticisme. Lucerne se démarque en Suisse centrale avec plus de 20 millions de francs récoltés, tandis que Schaffhouse, malgré sa petite taille, réussit à générer plus de 7 millions annuellement. Rapporté à sa population, ce canton figure parmi les plus «efficaces» en matière de verbalisation. Le sujet divise les élus et alimente les initiatives populaires. Le canton d'Argovie verra ainsi ses citoyens voter en 2026 sur l'initiative «Stopper l'arnaque des radars», qui exige des règles plus transparentes et une réduction des contrôles cachés. Dans les Grisons, une proposition visant à réduire de moitié le budget prévisionnel des amendes (de 14 à 7 millions) a été rejetée récemment par le Parlement cantonal. En Thurgovie, la police se défend en avançant les statistiques des radars: seuls 0,25% à 0,34% des véhicules contrôlés sont en infraction. Pour les autorités, ces chiffres bas justifieraient le maintien des contrôles comme mesure préventive efficace. Les radars crépitent Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Claude Béda est journaliste à la rubrique vaudoise de 24 heures. Licencié en sciences sociales et politiques, passionné par les sujets de société et la vie des gens d'ici, il a couvert plusieurs régions du canton, avant de rejoindre la rédaction lausannoise. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
a day ago
- 24 Heures
Ces entreprises étrangères qui choisissent la Suisse romande pour se développer
Elles étaient 79 sociétés à s'établir, l'an dernier, entre Genève et Berne. Pour des raisons diverses, comme le montre le parcours de quatre d'entre elles. Publié aujourd'hui à 11h24 Venu de Grenoble (F), Thomas Grégoire fait partie des entrepreneurs qui ont choisi la Suisse romande. En implantant la filiale suisse de l'entreprise familiale Weepackup à Genève, le jeune directeur a pu développer le marché de l'emballage industriel. Le rachat de CDF Emballage, à La Chaux-de-Fonds, lui permet de produire en Suisse pour le marché local. Marie-Lou Dumauthioz/Tamedia En bref: Elle est moins connue ici qu'au-delà des frontières de la Suisse. C'est normal. Car l'association Greater Geneva Bern area (GGBa) a reçu pour mission – de la part des six cantons qui la composent – de prospecter et tenter d'attirer en Suisse occidentale les entreprises susceptibles d'y créer des emplois. Bon an, mal an, ces démarches aboutissent à l'implantation de nouvelles pousses. L'an dernier, selon le rapport du GGBa, elles ont été 79 à franchir le pas, avec la perspective de créer 470 emplois en trois ans. Pourquoi avoir fait ce choix? Comme on le constate avec quatre d'entre elles, les raisons varient. Mais chacune a pu bénéficier de soutiens pour son établissement. Si la Promotion économique de chaque canton est chargée d'attirer et de favoriser l'implantation de nouvelles entreprises, l'association GGBa est celle qui chapeaute et relie ces initiatives. «Notre mandat est de rendre l'écosystème suisse visible à l'étranger, précise Thomas Bohn, directeur de l'association. C'est dans ce but que douze de nos collaborateurs travaillent hors de nos frontières.» Et quelles sont les entreprises démarchées? Celles qui sont actives dans des secteurs pour lesquels la région dispose d'avantages compétitifs, comme les sciences de la vie, le numérique et les technologies vertes. «C'est davantage une question de qualité que de nombre, dit Thomas Bohn. Les entreprises que l'on démarche sont celles dont nous pensons qu'elles peuvent compléter un écosystème local.» Thomas Bohn, directeur de l'association Greater Geneva Bern area (GGBa). DR C'est que l'intérêt d'un tel développement réside dans le renforcement des différents pôles de compétences, dont les apports extérieurs complètent ceux des sociétés créées en Suisse. Le cas de la Silicon Valley est emblématique de ce phénomène: plus les compétences sont regroupées, plus la région devient incontournable. À ce petit jeu, la concurrence est mondiale. Ainsi, la GGBa séduit un bon nombre d'entreprises françaises. «Mais la Chine et l'Inde sont deux axes forts de notre prospection», souligne Thomas Bohn. La Suisse, au centre de l'Europe Que viennent chercher les patrons d'entreprise à l'ouest de notre pays? Les organes de promotion économique mettent en avant la position géographique de la Suisse pour un développement stratégique sur le continent européen. Avec la stabilité en plus. «C'est cette combinaison de sécurité, d'innovation et d'excellence industrielle qui fait de notre région un terrain fertile pour les entreprises ambitieuses en quête de croissance», soulignait Isabelle Moret, citée dans le récent communiqué de presse de la GGBa. La ministre vaudoise de l'Économie préside l'association pour 2024 et 2025. La conseillère d'État vaudoise n'est pas la seule à le dire. En juin, l'institut de management IMD classait la Suisse en tête de la compétitivité mondiale, juste devant Singapour et Hong Kong. «Les pays avec des monnaies fortes sont en tête car cela – contrairement à ce que beaucoup pensent – est un signe de force», expliquait alors le professeur Arturo Bris, chargé de cette étude, tout en louant un cadre institutionnel «solide», favorisant la stabilité. Un mois plus tôt, le cabinet d'audit Ernst & Young s'avançait en montrant que les projets d'investissements étrangers avaient augmenté de 25% l'an dernier en Suisse, alors qu'ils s'affichaient en recul partout en Europe. Si la stabilité du pays, les hautes écoles ou encore la qualité de vie peuvent attirer des patrons d'entreprises internationales, les cantons mettent en œuvre une batterie de services pour permettre un atterrissage en douceur. Aides au financement, recherches de terrains ou de locaux, mise en relation avec d'autres acteurs, coaching, etc. Et la fiscalité dans tout cela? Les facilités face à l'impôt ne semblent plus figurer au premier plan de la promotion économique. «D'ailleurs, je n'ai pas d'argumentaire qui va dans ce sens lorsque je discute avec des patrons d'entreprise», assure le directeur de l'association Greater Geneva Bern area. Conthey (VS): Nutrazur réduit en poudre les huiles essentielles Bruno Obriot, fondateur et président de l'entreprise Nutrazur, installée à Conthey. Marie-Lou Dumauthioz/Tamedia L'installation de Nutrazur en Valais doit énormément à l'existence de l'entité PhytoArk , sur le site de l' Agroscope de Conthey . Elle offre des opportunités aux entreprises qui mettent en valeur les ingrédients naturels, tant dans les domaines alimentaires que cosmétiques ou de la santé. «C'est bien simple, je ne connais pas d'équivalent à PhytoArk en Europe», lance Bruno Obriot, fondateur de Nutrazur. «J'étais plutôt contre l'usage d'huiles essentielles car les gens ont tendance à les utiliser de façon inconsidérée, en oubliant que certaines peuvent être mortelles», explique cet ancien médecin, qui exerçait de façon traditionnelle. Il s'est reconverti aux traitements plus naturels après qu'une maladie de la peau développée par sa fille a trouvé son issue par le biais de l'aromathérapie. Un burn-out lui offrira l'opportunité de changer de voie pour devenir entrepreneur. Après neuf mois de recherches, il a mis au point un procédé qui mêle la poudre de coquilles d'huîtres à des huiles essentielles. La première vise à corriger l'acidité du corps, les secondes apportent les propriétés thérapeutiques qui leur sont associées. Le tout, contenu dans une gélule, permet d'éviter les surdosages que peuvent parfois s'infliger certaines personnes. Le procédé de Nutrazur mêle la poudre de coquilles d'huîtres à des huiles essentielles. Marie-Lou Dumauthioz/Tamedia Une vingtaine de références ont été créées par la petite société née à Aix-les-Bains. «Lorsque j'ai découvert l'existence de PhytoArk, c'était comme une bénédiction», raconte Bruno Obriot, qui cherchait un site pour développer de nouvelles recherches. C'est ce que lui offre le site de Conthey, sur lequel la filiale tente d'isoler de nouvelles molécules à base de plantes utilisées dans la pharmacopée traditionnelle aux Philippines. Aides au démarrage Le site valaisan emballe l'entrepreneur au point qu'il songe à y déplacer l'intégralité de sa société et ses trois employés. Il ne cache pas que la fiscalité y est également plus clémente, mais c'est l'accueil qu'on lui a fait qui a été convaincant. «La Promotion économique du canton nous a accompagnés à la banque pour nous aider à nous implanter et à obtenir de prêts à taux zéro», illustre Bruno Obriot. Reste une chicane pour déplacer sa production du sud de la France à la Suisse: «Il manque aux façonniers une machine dans laquelle ils devraient investir pour produire nos gélules.» Le développement de son marché les convaincra peut-être car l'entrepreneur est en train de mettre en place sa phase commerciale, qui vise à convaincre les pharmacies de vendre son innovation. La Chaux-de-Fonds (NE): Weepackup applique les valeurs du rugby à l'emballage industriel Thomas Grégoire, 27 ans, dirige la branche suisse de Weepackup, une société française spécialisée dans les emballages industriels. L'entreprise a racheté CDF Emballage à La Chaux-de-Fonds. Marie-Lou Dumauthioz/Tamedia L'installation de cette entreprise familiale française en Suisse occidentale n'a pas de lien avec la fiscalité, pas plus qu'elle n'est liée à un pôle de recherche universitaire. Non, Weepackup a franchi la frontière par le biais d'une histoire humaine. «Mon père est très connu à Grenoble, et je voulais me détacher un peu de la famille, de ce côté fils à papa», raconte Thomas Grégoire, qui dirige l'extension helvétique de l'entreprise spécialisée dans les emballages industriels sur mesure. Ces emballages, ce sont ceux que le public ne voit jamais. Pourtant, ils permettent à une multitude d'objets de voyager sans être endommagés. Thomas Grégoire cite des exemples allant de la pale d'hélicoptère au secteur de l'horlogerie et de la médecine, en passant par les machines-outils que l'on exporte dans le monde. Weepackup s'est installée dans le bâtiment de CDF Emballage à La Chaux-de-Fonds. Marie-Lou Dumauthioz/Tamedia Alors qu'il était employé en Suisse – dans un autre secteur – Thomas Grégoire a senti qu'il pourrait y avoir une place à se faire pour l'entreprise familiale. En 2022, il décide de prospecter le marché. «Je suis passé de zéro à 1,3 million de chiffre d'affaires en trois ans», détaille le patron, aujourd'hui âgé de 27 ans. Ambitions alémaniques Un succès qui lui permet de racheter CDF Emballage , une usine familiale, elle aussi, qui produit à La Chaux-de-Fonds. «Nos usines en France couvrent le territoire, mais il était important d'avoir un site de production en Suisse pour limiter les coûts de transport», explique le directeur, qui porte ainsi à 27 le nombre de ses employés romands. Des éléments d'emballage en mousse produits par Weepackup à La Chaux-de-Fonds. Marie-Lou Dumauthioz/Tamedia Thomas Grégoire n'a pas l'intention de changer le nom de l'entreprise chaux-de-fonnière. «On vient du monde du rugby, dit-il. On en partage les valeurs et on ne fait les choses que si elles ont un sens.» Ambitieux, il prépare néanmoins la prochaine phase de croissance en profitant d'une diminution de la marche des affaires pour stabiliser son entreprise. Car le marché alémanique ne lui fait pas peur. «Des différences culturelles, il y en a aussi entre la France et la Suisse romande mais, lorsqu'on se retrouve en face-à-face avec un partenaire, c'est l'humain qui l'emporte.» On note au passage qu'il prononce déjà «septante» sans aucune hésitation. Genève: avec le soutien de milliardaires, Albert School se projette en une «Stanford européenne» Elle a trois ans d'existence en France. Mais l'école privée qui s'est installée à Genève, pour un premier cursus dès cet automne, affiche des ambitions à la mesure des parrains qui la cautionnent. Albert School est en effet financée par de grandes fortunes comme Xavier Niel et Bernard Arnault. Son but est de proposer un enseignement de niveau supérieur tout en étant fortement orientée vers le monde de l'entreprise. Matteo Bianchi, directeur du nouveau campus genevois d'Albert School. Georges Cabrera «La création d'Albert School est fondée sur le constat que les entreprises aujourd'hui ont besoin de recruter des profils hybrides, qui ont à la fois une compréhension technique ainsi que métier, décrit Matteo Bianchi, directeur du nouveau campus genevois. D'où un mélange de business et de datas, appliqué au mode réel avec les entreprises partenaires.» Le créneau de la vie professionnelle est en effet pleinement joué par le nouvel établissement. Des professionnels sont invités à y partager leur expérience, à moins qu'ils ne soient engagés comme professeurs. Et puis les étudiants y sont rapidement projetés en stages immersifs. Côté académique, Albert School a décroché un partenariat avec la prestigieuse École des mines, à Paris. Ce qui lui permet de proposer des formations en bachelor et en master reconnues en Europe. Une ambition dont ne se cache pas Matteo Bianchi: «Nous voulons être une Stanford européenne», en référence à la prestigieuse université californienne. Grandes villes européennes Après Paris, Marseille et Lyon, le groupe va également s'implanter à Milan et à Madrid. Mais pourquoi Genève? Les écoles suisses réputées ne suffisent-elles pas? «La Suisse a de très bonnes écoles, mais elle a aussi une grande culture d'écoles privées, répond Matteo Bianchi. 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Ce qui pourrait intéresser à terme des stations d'épuration, même récemment rénovées pour traiter les microparticules, comme celle de Lausanne. DR Il y a des innovations qui prennent du temps à voir le jour, même si leur apport est capital pour la santé. C'est le cas de la société BioStart , qui commence à s'installer au Parc de l'Innovation de l'EPFL, dans la région lausannoise. Fondée et incubée en 2018 au Genopole, au sud de Paris, la start-up développe depuis dix ans un filtre à eau qui promet de la débarrasser des micropolluants. Chlorothalonil dans les nappes phréatiques ou résidus de médicaments à la sortie des stations d'épuration? L'invention de la jeune pousse, brevetée dans une trentaine de pays, promet de venir à bout de tous ces micropolluants, si petits mais si inquiétants pour le vivant. «Nous avons développé un polymère d'origine végétale qui permet d'absorber tous ces micropolluants», présente Fabrice Grenard, l'un des sept cofondateurs de BioStart. Pour lui, cette invention aurait une action supérieure au charbon actif en captant une gamme très large de ces polluants. «On peut en plus le régénérer et réutiliser ce filtre jusqu'à dix fois en le débarrassant des polluants qu'il a captés», poursuit Fabrice Grenard. Phase commerciale Recyclable, économique par rapport aux solutions actuelles, capable d'être branchée sur n'importe quel circuit d'eau, l'invention de l'équipe parisienne a obtenu de multiples soutiens en France. Pourquoi alors venir en Suisse pour y poursuivre ses recherches? «Nous avons de bonnes relations avec l'EPFL, dit Fabrice Grenard. Et elle jouit d'une expertise de très haut niveau.» Concrètement, l'équipe française a «de très bons espoirs» de développer encore sa molécule afin qu'elle soit également capable d'absorber les polluants éternels, les fameux PFAS. Elle lance ainsi la phase commerciale de son invention en Suisse, mais aussi dans les Antilles françaises. 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24 Heures
2 days ago
- 24 Heures
Des voyageurs s'en inquiètent: y a-t-il des rangées 13 dans les avions?
Par superstition, de nombreuses compagnies aériennes ne proposent pas de rangées 13 à bord de leurs appareils. C'est notamment le cas de Swiss. Pierre Georges Publié aujourd'hui à 19h10 Les avions de la compagnie Swiss n'ont pas de rangée 13, à l'instar d'Air France ou Lufthansa. KEYSTONE C'est un détail qui n'échappe pas à des voyageurs qui empruntent l'avion: avez-vous déjà remarqué que, dans les appareils de certaines compagnies aériennes, la rangée 13 n'existait pas? Cette disparition n'est pas une erreur, mais bien le résultat d'une superstition solidement ancrée dans la culture occidentale: le chiffre 13 porterait malheur, une croyance héritée de la religion chrétienne et du dernier repas du Christ, où treize convives étaient présents, dont Judas, le traître. Les articles ABO sont réservés aux abonnés. S'abonner Déjà enregistré.e ou abonné.e? Se connecter