Droits de douane américains : les vins français toujours pas fixés sur leur sort
À défaut d'y voir plus clair, le secteur des vins et spiritueux peut toujours espérer une issue positive. Les producteurs européens ont été exclus de l'accord décroché dimanche par l'Union européenne, lors d'une rencontre entre Donald Trump et Ursula von der Leyen. Le président des États-Unis et son homologue à la Commission européenne se sont entendus sur un «deal» à hauteur de 15% de droits de douane pour les importations sur le sol américain. Un accord largement décrié par la classe politique européenne, qualifié, en France, de «soumission» par le premier ministre François Bayrou. Les vignerons et autres producteurs de spiritueux attendaient avec impatience d'être fixés, eux qui dépendent fortement de l'export, et en particulier vers les États-Unis. C'est raté. Si les 15% concernent «la grande majorité des exportations de l'Union européenne», selon Ursula von der Leyen, la dirigeante a botté en touche concernant le sujet des alcools. «Il n'y a pas eu de décision sur ce sujet. Il reste à régler dans les prochains jours», a-t-elle déclaré devant la presse, dimanche.
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Ainsi, la filière va continuer de vivre dans l'incertitude, comme elle le fait depuis le retour de Donald Trump au pouvoir en janvier dernier. «C'est très compliqué à gérer parce que c'est totalement insaisissable. Un jour c'est blanc, le lendemain c'est noir, l'administration américaine peut changer d'avis du jour au lendemain, et nous, on n'a aucune visibilité», déplore Philippe Tapie, président de Bordeaux Négoce, interrogé par l'AFP. L'époque lors de laquelle le président républicain menaçait de taxer les vins et spiritueux européens à hauteur de 200%, mi-mars, sonne toutefois comme un lointain (et mauvais) souvenir. Si la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux (FEVS) française n'a pas souhaité s'exprimer à ce stade, beaucoup espèrent encore un dénouement que l'on osait à peine imaginer il y a quelques semaines : celui d'un accord tarifaire «zéro pour zéro». Soit une exemption totale de droits de douane réciproque. Il a d'ailleurs été conclu pour certains produits stratégiques, notamment les avions, y compris les pièces détachées, ainsi que certains produits chimiques, des médicaments génériques et des produits agricoles. Une liste amenée à être complétée. Le Comité européen des entreprises du vin (CEEV) a plaidé pour que les vins et les spiritueux en fassent partie. «Nous sommes convaincus que le commerce du vin est très bénéfique pour les entreprises européennes et américaines», a indiqué Marzia Varvaglione, présidente du CEEV, dans un communiqué publié dimanche.
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Les vins concernés par les 15%, mais pas les spiritueux ?
Les discussions étaient toujours en cours ce lundi et en Bourgogne, qui a expédié 21 millions de bouteilles outre-Atlantique en 2024, l'heure était à la lassitude. «On a appris à vivre au jour le jour», souffle Laurent Delaunay, président du Bureau interprofessionnel des vins de Bourgogne (BIVB), auprès du Figaro. Également représentant de la maison de négoce Delaunay Vins & Domaines, il dit «se prendre à espérer un taux nul» et explique par ailleurs que les 15% seraient à rajouter à une hausse importante du coût de revient pour les importateurs basés aux États-Unis, provoquée par la dépréciation du dollar américain, estimé entre 10 et 12% depuis début 2025. Autant de facteurs qui, in fine, font grimper le prix des bouteilles pour le consommateur final.
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Autre scénario évoqué avec insistance par un importateur de premier plan, présent aux États-Unis depuis 25 ans, celui d'un traitement différent des vins et des spiritueux. Pour les premiers, «on s'oriente vers un alignement sur les 15%», alors que pour les seconds, une exemption serait à prévoir. Des prédictions évoquées par le ministre français du Commerce extérieur, ce lundi matin sur France Inter. Laurent Saint-Martin a malgré tout indiqué que la France allait «continuer à travailler» pour que le vin, mais aussi les fromages, les produits de luxe et les cosmétiques rejoignent la liste des produits soumis à l'accord tarifaire «zéro pour zéro». Pour ce même importateur, qui fait venir outre-Atlantique presque autant de spiritueux que de vins, tous français, la perspective d'une stabilité offre un soulagement bienvenu. «On va enfin savoir où on va», se satisfait-il. Pour rappel, les États-Unis représentent pour la filière française son premier marché à l'export, avec 24,5% des expéditions. À l'échelle européenne, l'UE a exporté pour environ 9 milliards d'euros (10,5 milliards de dollars) de vins et spiritueux en 2024, selon les données d'Eurostat.
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24 minutes ago
- Le Figaro
Nouveaux droits de douane américains: les négociations s'accélèrent
Des pays continuent jeudi de négocier avec Washington dans l'espoir de réduire l'impact des surtaxes massives désormais imposées sur leurs produits par Donald Trump, qui entend remodeler le commerce international au profit des États-Unis. Appliquées depuis 00H01 (04H01 GMT) ces surtaxes viennent remplacer, pour les principaux partenaires commerciaux des États-Unis, les droits de douane de 10% mis en place en avril, qui restent cependant en vigueur pour plus d'une centaine de pays. Elles ont pour but, selon le président américain, de rééquilibrer les échanges entre les États-Unis et leurs partenaires, qui «profitent» d'après lui de la première puissance économique mondiale. «Il est minuit !!! Des milliards de dollars de droits de douane affluent maintenant vers les États-Unis d'Amérique», a-t-il claironné sur son réseau Truth Social quelques minutes après l'échéance. Publicité Ces surtaxes se situent dans une large fourchette, comprise entre 15% et 41%. Parmi les partenaires visés par les taux les plus élevés, la Suisse tentait toujours ces derniers jours de négocier avec Washington, dans l'espoir de faire baisser la surtaxe de 39% désormais appliquée aux produits helvétiques. En signe de bonne volonté, Berne a annoncé jeudi ne pas envisager «pour l'instant» de représailles sur les produits américains. Autres surtaxes à venir Le gouvernement sud-africain a annoncé de son côté que le président Cyril Ramaphosa s'était entretenu mercredi avec son homologue américain, Pretoria assurant que «les deux dirigeants se sont engagés à poursuivre leurs discussions». L'Afrique du Sud est le pays d'Afrique subsaharienne le plus durement visé, avec des droits de douane additionnels de 30% désormais imposés sur ses exportations. Avant l'entrée en vigueur de ces nouvelles taxes, le taux effectif moyen appliqué aux produits entrant aux États-Unis était déjà de 18,4%, soit le plus élevé depuis 1933, selon le centre de recherche Budget Lab de l'Université Yale. Ce taux devrait maintenant s'établir à près de 20%, selon les analystes de Pantheon Macroeconomics. Et de nouvelles annonces sont attendues, puisque le locataire de la Maison Blanche souhaite également taxer les produits pharmaceutiques et les semi-conducteurs importés. Ces derniers, ainsi que les puces, devraient se voir appliquer une taxe de 100%, a-t-il précisé mercredi. Wall Street n'a malgré tout pas semblé particulièrement inquiet devant cette nouvelle étape, les indices à la Bourse de New York ouvrant en hausse jeudi, suivant la tendance observée sur les marchés européens. Impact économique attendu Les investisseurs estiment que l'entrée en vigueur de ces droits de douane apporte plus de certitudes et observent qu'un certain nombre d'exceptions ont été ajoutées, selon les pays, réduisant l'amplitude des surtaxes. Pour l'heure, alors que le gouvernement américain assurait que «des dizaines d'accords» seraient signés ces derniers mois, tout juste sept ont été annoncés, notamment avec l'UE, le Japon ou le Royaume-Uni. Il s'agit le plus souvent de préaccords, devant encore être formalisés, accompagnés de promesses d'investissements massifs aux États-Unis. Publicité Signe que tout ne semble pas encore finalisé, Tokyo et Washington faisaient ces dernières heures une lecture différente sur la manière dont les 15% sont désormais appliqués sur les produits japonais. Le Japon y voit un plafond (si les droits de douane antérieurs étaient inférieurs à 15%), alors que les États-Unis soulignaient qu'ils venaient s'ajouter aux taxes préexistantes. La trêve dans la guerre commerciale avec la Chine reste également en vigueur, les deux premières économies mondiales s'étant accordées le mois dernier sur le maintien d'une pause tarifaire afin de poursuivre leurs négociations: les droits de douane supplémentaires américains sur les produits chinois sont fixés temporairement à 30%, tandis que les taxes chinoises sur les importations américaines restent à 10%. Prévue pour arriver à expiration le 12 août, la trêve devrait être prolongée «de 90 jours supplémentaires», a estimé sur Fox Business le secrétaire au Commerce Howard Lutnick, «c'est mon sentiment». Le président Trump a vanté les mérites des accords déjà conclus, qui gonflent les recettes publiques d'une économie largement endettée. Selon Howard Lutnick, les surtaxes devraient rapporter aux États-Unis 50 milliards de dollars chaque mois. «Ce sont des chiffres incroyables. Et personne ne riposte», a-t-il vanté. L'impact de ces taxes sur les importations continue cependant d'inquiéter les économistes, qui les voient nourrir l'inflation et ralentir la croissance aux États-Unis, avec des effets sur l'emploi.


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L'éditorial de Gaëtan de Capèle : «Le déficit commercial, l'autre boulet de la France»
Réservé aux abonnés Les droits de douane américains, qui n'ont pas encore produit leurs effets, promettent d'aggraver la situation dans des secteurs clés, comme la pharmacie ou les vins et spiritueux. Les ricaneurs ont beau jeu de se gausser des débuts laborieux de François Bayrou sur YouTube. À l'évidence, l'univers du Béarnais, l'un des derniers Mohicans de la politique dite « à l'ancienne », c'est-à-dire posée et réfléchie, n'est pas celui des influenceurs. La pédagogie qu'il déploie sur le danger mortel de la dette vaut pourtant bien davantage que le tintamarre des professionnels du buzz médiatique. On pourrait d'ailleurs suggérer au premier ministre de se lancer dans un exercice similaire sur le désastre de notre commerce extérieur, cet autre boulet de l'économie française, qui le mériterait tout autant. À découvrir PODCAST - Écoutez le club Le Club Le Figaro Idées avec Eugénie Bastié À lire aussi Pourquoi le déficit commercial de la France se dégrade toujours plus Depuis plus de vingt ans, la France affiche, dans ses échanges avec ses partenaires étrangers, un déficit annuel qui dépasse aujourd'hui 80 milliards d'euros. Comme ceux du déficit public et de la dette, ce chiffre, vertigineux mais un peu impressionniste, n'évoquera sans doute pas grand-chose aux yeux d'une grande majorité de l'opinion. Il traduit pourtant la détérioration…


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