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Elections : le président de Côte d'Ivoire s'accroche au pouvoir

Elections : le président de Côte d'Ivoire s'accroche au pouvoir

Les Echos6 days ago
Le président de Côte d'Ivoire Alassane Ouattara ne veut pas raccrocher. Il a annoncé mardi dernier son intention de se représenter en octobre pour un quatrième mandat de cinq ans à la tête de son pays, principale économie francophone d'Afrique de l'Ouest. Sa réélection, très probable, pourrait le maintenir au pouvoir jusqu'à l'âge de 88 ans. Ce qui ne l'a pas empêché de promettre que ce mandat serait une étape clé vers une « transition générationnelle ».
Sa réélection est hautement probable puisqu'il avait déjà été élu avec 94 % des voix en 2020. Loin d'être une preuve de sa popularité, les élections en Côte d'Ivoire se déroulent dans un contexte d'éviction systématique des opposants. « Il n'y avait en réalité aucun candidat de poids contre lui », analyse Rinaldo Depagne, directeur adjoint pour l'Afrique au Crisis Group International.
Les opposants écartés de la course
Quatre figures majeures de l'opposition ont ainsi été exclues du scrutin par décision de justice ; Tidjane Thiam, président du principal parti d'opposition, l'ancien chef de l'Etat Laurent Gbagbo, l'ex-Premier ministre en exil, Guillaume Soro, et l'ancien ministre de la Jeunesse Charles Blé Goudé. « Un pétard mouillé ! Comment Ouattara prend la Côte d'Ivoire en otage » résume en Une le quotidien ivoirien « Notre voie » le 31 juillet.
Alassane Dramane Ouattara (surnommé ADO) a été successivement élu en 2010, 2015 et 2020. L'élection présidentielle de 2010, censée réconcilier la nation, avait dégénéré en conflit lorsque les résultats donnant Alassane Ouattara vainqueur sont rejetés par le Conseil constitutionnel au profit de Laurent Gbagbo. Le bras de fer avait tourné à la crise post-électorale, causant plus de 3.000 morts, jusqu'à l'arrestation de Laurent Gbagbo en avril 2011 grâce à une intervention armée conjointe des forces pro-Ouattara, de l'ONU et de la France. Alors que Laurent Gbagbo a été écarté de l'élection de 2025, un vice-président de son parti, Ahoua Don Mello, a annoncé le 31 juillet sa candidature à la présidentielle.
Le nouveau scrutin prévu à l'automne est critiqué non seulement pour l'exclusion de candidatures adverses mais aussi parce que beaucoup jugent la possibilité d'un quatrième mandat « anticonstitutionnelle ». « La Constitution dispose qu'on ne peut pas se présenter plus de deux fois, mais le Conseil constitutionnel a statué en septembre 2020 que puisqu'il y a eu un changement de constitution en 2016, cela remettait les compteurs à zéro, donnant à Ouattara le droit à deux mandats supplémentaires, en 2020 et 2025. » , explique Rinaldo Depagne. Lors de sa troisième campagne présidentielle, Ouattara avait laissé émerger l'hypothèse d'un successeur, Amadou Gon Coulibaly. Un scénario abandonné à la mort de ce dernier.
Une économie diversifiée
S'il insiste pour rester au pouvoir, alors que son troisième mandat avait déjà été qualifié par nombre de commentateurs de « mandat de trop » en 2020, son bilan économique n'est pas mauvais. A son arrivée au pouvoir en 2010, « ADO » devait redresser l'économie d'un pays en conflit depuis près d'une décennie. « Il emprunte, il construit de grandes infrastructures, et il diversifie l'économie, c'est-à-dire moins de matières premières agricoles, et plus de services, plus d'extractions, donc plus de mines. » décrypte Rinaldo Depagne.
Sous l'impulsion de cet ancien économiste du FMI aux convictions libérales, la Côte d'Ivoire a amorcé un redressement économique et financier considérable, accentué en 2021 grâce à la découverte de vastes gisements de ressources naturelles, de pétrole, de gaz et d'or. Ces découvertes majeures révèlent un potentiel estimé à six milliards de barils de pétrole, plaçant le pays sur la voie d'une transition vers un statut d'exportateur net d'ici 2030. De quoi diversifier une économie trop dépendante jusque-là du cacao, dont il est le numéro un mondial.
Un bilan économique satisfaisant
Les mandats successifs du président ont été accompagnés par une croissance soutenue estimée entre 6 % et 7 % par le FMI. La Côte d'Ivoire pourrait s'imposer prochainement comme la deuxième puissance économique de la région, derrière le Nigeria. Les infrastructures du pays se sont développées massivement avec de nouveaux ponts, stades et routes sous la présidence d'Alassane Ouattara.
Toutefois, les défis politiques et sociaux demeurent : malgré une baisse de la pauvreté de 46 % à 39 % entre 2015 et 2020, une large part de la population reste vulnérable, la corruption reste préoccupante, et l'inflation pèse sur le pouvoir d'achat, en particulier dans les grandes villes comme Abidjan. « Des inégalités subsistent en Côte d'Ivoire, affirme Rinaldo Depagne, dans l'éducation et la santé, par exemple, il y a beaucoup plus d'infrastructures qu'avant, mais elles ne sont pas suffisamment dotées en personnel. »

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