Tyler, the Creator au Centre Bell
Souvent, les artistes doivent demander aux spectateurs de faire du bruit, de chanter ou de taper des mains afin de maintenir le niveau d'énergie attendu d'un concert. La gigantesque foule venue voir Tyler, the Creator, mardi, au Centre Bell, n'a eu besoin d'aucune direction. Elle a tout donné à son rappeur préféré qui, en retour, lui en a mis plein la gueule.
Pendant 90 minutes, le Californien a enchaîné les nombreux succès de son vaste répertoire en commençant par ceux tirés de Chromakopia, paru en octobre dernier. Après tout, l'immense tournée de plus de 60 villes a été lancée en début d'année pour souligner son plus récent album.
Tyler, qui n'est pas du genre à obéir aux règles de l'industrie, a toutefois sorti sans trop d'avertissements un nouveau disque lundi. Encore plus dansant, Don't Tap The Glass est tout désigné pour les amphithéâtres remplis de gens en sueur, mais aucune de ses chansons ne s'est glissée dans la liste de mardi soir. Avec un peu de chance, Tyler en interprétera à Osheaga, où il sera la tête d'affiche, le 2 août.
Dans tous les cas, ses fans seront ravis. Sa performance scénique est encore plus maîtrisée que la dernière fois que nous l'avons vu. Avec une aisance et un plaisir apparent, il récite sans accroc ses paroles, danse plutôt bien et habite tout l'espace.
Celui-ci est composé de deux scènes qui séparent la foule au parterre. La première, au vert caractéristique de Chromakopia, est une superposition de conteneurs de marchandise qui se soulèvent pour dévoiler une scène éclairée de toutes parts puis agrémentée de flammes et de feux d'artifice à quelques occasions.
Sur cette scène, il a d'abord interprété St. Chroma, et dès les premières notes, les spectateurs se sont mis à répéter en cœur « Chromakopia ». Vêtu d'un costume vert inspiré de hauts gradés de l'armée d'une époque qui n'a jamais existé et d'un masque foncé qui fait disparaître ses traits, sans oublier son afro divisé rappelant celui de Grace Jones, Tyler a entamé la première pièce de son album de 2024 en marchant sur place d'un pas militaire.
Il a suivi dans l'ordre du disque avec Rah Tah Tah, Noid, Darling, I, I Killed You et Judge Judy. On pourrait penser que le propos senti et la vulnérabilité exprimée de ces chansons seraient incompatibles au cadre festif d'un concert, mais l'attachement profond des fans pour ces morceaux somme toute récents combiné à leurs rythmes entraînants ont maintenu l'énergie dans le tapis.
Ledit tapis a été arraché lorsqu'une passerelle est descendue des hauteurs du Centre Bell pour connecter les deux plateformes. Alors qu'il la traversait, Tyler a interprété la très accrocheuse Sticky, créant l'un des moments les plus marquants de la soirée.
PHOTO SHAUN LLEWELLYN, FOURNIE PAR EVENKO
La passerelle de Tyler, the Creator
Dans son salon
Une fois de l'autre côté, le masque et le costume sont tombés au son de Take Your Mask Off. Tyler s'est mis à l'aise comme s'il était chez lui, puisque la deuxième scène est aménagée comme un salon : sofa, bibliothèque, table tournante, boîte remplie de vinyles.
Il a pigé sur les disques Igor (Earfquake, Are We Still Friends ?, I Think), Goblin (Yonkers – au grand bonheur de l'auteur de ces lignes), Wolf (HIFY, Tamale) Call Me If You Get Lost (Lumberjack, Wusyaname, Dogtooth, Sorry Not Sorry) et Flower Boy (Who Dat Boy). L'artiste de Los Angeles a repris la passerelle afin de terminer « l'expérience Chromakopia » où elle a commencé.
Une fois de l'autre côté, il a entamé Thought I Was Dead et Like Him, offrant deux pièces aux ambiances contrastantes, mais adorées de la même façon par ses admirateurs. La jolie See You Again, au magnifique refrain de Kali Uchis, n'a ajouté qu'au bonheur des spectateurs. La montagne russe qu'est New Magic Wand est venue les bousculer une dernière fois puis Tyler, the Creator a dit au revoir avec I Hope You Find Your Way Home mettant le point final à un spectacle sans faille.
Lil Yachty, qui l'a précédé, devrait prendre exemple sur lui, alors le groupe Paris Texas, qui a ouvert la soirée, est sur la bonne voie.
Tyler, the Creator sera de retour à Montréal, le 2 août, dans le cadre du festival Osheaga.
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