
L'état d'urgence déclaré, des milliers de personnes évacuées
Des milliers de foyers ont été forcés d'évacuer leur maison jeudi au Manitoba, en réponse à l'état d'urgence déclaré par le gouvernement provincial en raison d'incendies de forêt massifs qui ravagent l'est de la province.
« Il y a beaucoup de gens inquiets ici, ce qui complètement compréhensible », écrit Hilda Rose Fitzner, une résidante de Thompson, une des nombreuses villes du Manitoba frappées visées par l'état d'urgence, dans une publication Facebook accompagnée d'une vidéo où on aperçoit un épais voile de fumée orange recouvrant la municipalité.
Pour certains ménages, il s'agit de la seconde fois qu'un ordre d'état d'urgence les force à quitter leur domicile. Mais le premier ministre du Manitoba, Wab Kinew, a assuré jeudi que ces évacuations sont essentielles afin de mobiliser les ressources.
« Nous allons demander aux Manitobains de nous aider de plusieurs façons, a-t-il expliqué en point de presse. Nous tenons à souligner la gravité de cette saison des incendies de forêt. »
D'autres images circulant sur les réseaux sociaux montrent d'imposants panaches de fumée au-dessus de forêts manitobaines, où des avions-citernes tentent de contenir les flammes. Plusieurs montrent le ciel orangé qui recouvre les régions touchées par les feux.
« Une quantité incroyable de fumée dans l'air et de la cendre qui tombe du ciel », a écrit Jan Thiessen, qui passait la nuit de mercredi à jeudi à Thompson, sur Facebook.
La déclaration de M. Kinew arrive alors que la Première Nation de Garden Hill, une communauté de plus de 3000 habitants accessible uniquement par avion, a donné l'ordre à ses résidants de quitter la région à cause d'un incendie indompté.
PHOTO TIRÉE DU PROFIL FACEBOOK DE ERNIE MCDOUGALL
Ernie McDougall, un résident de Garden Hill, une communauté autochtone visée par l'état d'urgence, a capturé le ciel saturé de fumée mercredi soir.
L'armée a été dépêchée à bord d'avions militaires Hercules pour faciliter l'évacuation de la communauté, située à près de 500 kilomètres de Winnipeg, a précisé Wab Kinew.
Des milliers d'évacués
Un total d'environ 12 600 personnes ont évacué leur résidence à travers le Manitoba. Il y avait 105 incendies actifs jeudi, selon la province.
La ville de Snow Lake, située à 600 kilomètres au nord-ouest de Winnipeg, a également publié un ordre d'évacuation obligatoire pour ses 1000 habitants. C'est la deuxième fois cette saison qu'on leur demande de partir.
Le maire de la petite municipalité, Ron Scott, s'est dit frustré de devoir partir à nouveau. « On s'attendait à ce que ce soit un long, douloureux été avec des conditions très sèches et venteuses, a-t-il dit à La Presse Canadienne. Il y a des feux partout. »
Un incendie important fait rage à moins de 16 kilomètres de la ville, et les flammes se rapprochent grâce au vent, selon M. Scott, qui assure que les résidants évacuent dans l'ordre.
La Ville de Snow Lake a toutefois averti que les évacués ayant besoin d'un abri seraient hébergés dans un complexe de soccer sur des lits de camp, « car il n'y a plus de chambres d'hôtel disponibles à Winnipeg », peut-on lire dans une publication sur les réseaux sociaux.
Kinew rétorque aux élus républicains
La fumée des incendies de forêt canadiens se diffuse vers l'ouest et vers le sud. Six élus Républicains ont par ailleurs écrit à l'ambassadrice du Canada aux États-Unis cette semaine, pour demander au pays de mieux contrôler la fumée.
Wab Kinew leur a répliqué, lors de sa conférence de presse jeudi. « J'ai serré la main de pompiers américains au nord du Manitoba qui nous aident, et je mettrais ces chasseurs d'ambulances au Congrès américain d'en faire de même », a-t-il lancé.
« C'est ça qui détourne les gens de la politique, c'est quand il y a un groupe de membres du congrès qui tentent de banaliser et de profiter d'une saison des incendies de forêt, alors qu'on a perdu des vies dans notre province. »
L'histoire se répète
De premiers incendies de forêt ont éclaté en mai au Manitoba, demandant l'évacuation de 22 000 résidents, incluant tous les habitants de Flin Flon, une ville située près de la frontière avec la Saskatchewan, et des milliers de personnes de la Nation crie de Pimicikamak, au nord de la province. Deux personnes ont perdu la vie dans les incendies.
Les déplacements massifs ont éprouvé les ressources de la province, qui a demandé aux hôtels de libérer le plus de chambres possible et établi des abris collectifs dans des espaces publics. Le gouvernement a également suggéré aux touristes de repenser leurs voyages pendant que les incendies font rage.
Des milliers de personnes ont enfin pu rentrer chez elles dans les semaines suivantes, grâce à des conditions météorologiques et des pompiers qui parvenaient à maîtriser les flammes. Mais les incendies, encouragés par la foudre, ont repris de plus belle la semaine dernière.
Avec La Presse Canadienne
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