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Festival du film: Léopard d'or de Locarno 2025: inattendu et à côté de la plaque

Festival du film: Léopard d'or de Locarno 2025: inattendu et à côté de la plaque

24 Heuresa day ago
Accueil | Culture | Cinéma & séries |
En primant un petit film japonais, les jurés font un choix étonnant, tout en ignorant les meilleurs films du concours. Publié aujourd'hui à 19h36
Shô Miyake avec son Léopard d'or, le 16 août 2025.
KEYSTONE/JEAN-CHRISTOPHE BOTT
En bref:
Il y a une constante avec les palmarès de Locarno, comme avec leurs jurys successifs. Ils tombent toujours, en tout cas très souvent, à côté de la plaque. 2025 allait-il y faire exception? Pas le moins du monde. En décernant le Léopard d'or au film japonais «Tabi to Hibi», traduction de «Two Seasons, Two Strangers» («Deux saisons, deux étrangers»), réalisé par Shô Miyake, ils ne saluent pas ce qu'il y avait de meilleur, mais au contraire une sorte de vision à l'ancienne de cette Asie tranquille et douceâtre d'un minimalisme forcené. Le film n'est pas raté, mais juste un peu quelconque. C'est d'autant plus regrettable qu'il y avait mieux.
Le Prix spécial du jury récompense «White Snail» d'Elsa Kremser et Levin Peter, curieux film sur la rencontre entre une mannequin biélorusse rêvant de devenir une vedette en Chine et un employé des morgues. Des oppositions naît l'harmonie, et ce double portrait est aussi juste que sensible, même si le film risque de très vite s'oublier. Les deux comédiens, Marya Imbro et Mikhail Senkov, ont également chacun remporté un Prix d'interprétation.
Mais ils ne sont pas les seuls, puisque les deux comédiennes de «God Will Not Help» de Hana Jusić, soit Manuela Martelli et Ana Marija Veselcić, se partagent aussi un Prix d'interprétation. Un double ex aequo assez rare dans les palmarès locarnais. On est en tout cas ravi pour «God Will Not Help». Cette plongée dans un monde aride, ce récit empreint de mysticisme, réflexion sur les liens familiaux et la mort, conjugue une certaine picturalité avec la rugosité d'un monde paysan replié sur soi. Difficile de s'y attacher, mais ce deuxième film d'une Croate en quête de ses racines entretient le mystère sans jamais le déflorer, et surtout fait partie des titres qui nous ont impressionnés. Les deux meilleurs films ignorés
Passons sur la mention spéciale à «Dry Leaf» d'Alexandre Koberidze (trois heures quinze de flou artistique), pari difficile qui a pourtant plu à bon nombre de festivaliers. Ce qui ne va pas, surtout, c'est l'absence du palmarès des deux films du concours à notre sens les meilleurs, «Mektoub, My Love: Canto Due» d'Abdellatif Kechiche et «Yakushima's Illusion» de Naomi Kawase. Étourdissant pour le premier, émouvant au dernier degré pour le second. Comment a-t-on pu à ce point les ignorer l'un et l'autre? Passer à côté de deux immenses films pourtant ovationnés par le public et la critique? À ce niveau, c'est incompréhensible.
Une image du Léopard d'or, «Two Seasons, Two Strangers».
DR
Côté suisse, signalons le Pardo de la meilleure interprétation pour la performance de Levan Gelbakhiani dans «Don't Let the Sun», nouveau film de la Zurichoise Jacqueline Zünd. Il a été présenté dans la section Cinéastes du présent. Pour le reste, les temps forts du festival ont eu lieu sur la Piazza, cette année sans une goutte de pluie. Emma Thompson, actrice et icône britannique, a présenté son dernier film, «The Dead of Winter», devant une Piazza bondée. Jackie Chan, légende asiatique du cinéma d'action, a apporté au festival son humour et son énergie, ce qui a provoqué une certaine hystérie chez ses fans. Willem Dafoe est venu présenter «The Birthday Party». Golshifteh Farahani, comédienne franco-iranienne, a marqué le coup d'envoi du festival par un discours émouvant. Et le réalisateur oscarisé Alexander Payne a ravi la Piazza de sa présence, tout comme la star sino-américaine Lucy Liu, parmi tant d'autres. Sur ce plan, c'était réussi, d'un strict point de vue événementiel.
Avec 224 films au programme, 101 premières mondiales et plus de 300 projections, les salles de Locarno ont de leur côté offert une vitrine unique. Parallèlement, la rétrospective «Great Expectations: British Postwar Cinema (1945 – 1960)» a permis d'inscrire la programmation contemporaine dans le contexte plus vaste de l'histoire du cinéma. Et ça, on a aimé.
Léopard d'or de Locarno Pascal Gavillet est journaliste à la rubrique culturelle depuis 1992. Il s'occupe principalement de cinéma, mais il lui arrive aussi d'écrire sur d'autres domaines. En particulier les sciences. A ce titre, il est également mathématicien. Plus d'infos @PascalGavillet
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En décernant le Léopard d'or au film japonais «Tabi to Hibi», traduction de «Two Seasons, Two Strangers» («Deux saisons, deux étrangers»), réalisé par Shô Miyake, ils ne saluent pas ce qu'il y avait de meilleur, mais au contraire une sorte de vision à l'ancienne de cette Asie tranquille et douceâtre d'un minimalisme forcené. Une jeune scénariste sud-coréenne y croise le chemin d'un sexagénaire qui s'occupe d'une auberge. Le résultat ressemble à une miniature douce et attentive pour un film minimaliste mais sans épure. Le film n'est pas raté, mais juste un peu quelconque. C'est d'autant plus regrettable qu'il y avait mieux. Comédiens à l'honneur Le Prix spécial du jury récompense «White Snail» d'Elsa Kremser et Levin Peter, curieux film sur la rencontre entre une mannequin biélorusse rêvant de devenir une vedette en Chine et un employé des morgues. Des oppositions naît l'harmonie, et ce double portrait est aussi juste que sensible, même si le film risque de très vite s'oublier. Les deux comédiens, Marya Imbro et Mikhail Senkov, ont également chacun remporté un Prix d'interprétation. Mais ils ne sont pas les seuls puisque les deux comédiennes de «God Will Not Help» de Hana Jusić, soit Manuela Martelli et Ana Marija Veselcić, se partagent aussi un Prix d'interprétation. Un double ex aequo assez rare dans les palmarès locarnais. On est en tout cas ravi pour «God Will Not Help». Cette plongée dans un monde aride, ce récit empreint de mysticisme, réflexion sur les liens familiaux et la mort, conjugue une certaine picturalité avec la rugosité d'un monde paysan replié sur soi. Difficile de s'y attacher, mais ce deuxième film d'une Croate en quête de ses racines entretient le mystère sans jamais le déflorer, et surtout a fait partie des titres qui nous ont impressionnés. Une image du film gagnant. DR Passons sur la mention spéciale à «Dry Leaf» d'Alexandre Koberidze (trois heures quinze de flou artistique), pari difficile qui a pourtant plu à bon nombre de festivaliers. Ce qui ne va pas, surtout, et on le répète, c'est l'absence du palmarès de deux films du concours, à notre sens les meilleurs, «Mektoub, My Love: Canto Due» d'Abdellatif Kechiche et «Yakushima's Illusion» de Naomi Kawase. Étourdissant pour le premier, émouvant au dernier degré pour le second. Comment a-t-on pu à ce point les ignorer l'un et l'autre? Passer à côté de deux immenses films pourtant ovationnés par le public et la critique? À ce niveau, c'est incompréhensible. Montré le premier week-end, «Mektoub, My Love: Canto Due» clôt un cycle de trois films dont on a ici passablement parlé . Filmant l'envers désenchanté du fébrile et solaire premier volet de son diptyque, Kechiche touche au sublime. On y voit Amin de retour à Sète, des rêves de cinéma plein la tête, rencontrer un producteur américain qui pourrait le produire. Et puis rien ne se déroule comme prévu. L'orchestration programmée mais imprévue de la mécanique du destin va broyer ses personnages, les laisser au bord du vide et nous avec. Tout cela méritait le Léopard d'or. On n'est pas loin de penser pareil de «Yakushima's Illusion» de Naomi Kawase, projeté le dernier jour. Au Japon, une spécialiste de transplantations cardiaques pédiatriques lutte pour sauver un enfant. En même temps, elle doit affronter la disparition, ou plutôt l'évanouissement, de son partenaire photographe. Les temps alternent, les thématiques se complètent, l'illusion de la vie devient épure, la réalité de la mort drame tellurique. Ce film terriblement émouvant et subtil est peut-être le plus beau de cette cinéaste, une habituée de Cannes. L'ignorer à ce stade relève de l'affront. Mais passons! Le succès de la Piazza Côté suisse, signalons le Pardo de la meilleure interprétation pour la performance de Levan Gelbakhiani dans «Don't Let the Sun», nouveau film de la zurichoise Jacqueline Zünd. Il a été présenté dans la section Cinéastes du présent. Pour le reste, les temps forts du festival ont eu lieu sur la Piazza, cette année sans une goutte de pluie. Emma Thompson, actrice et icône britannique, a présenté son dernier film, «The Dead of Winter», devant une Piazza bondée. Jackie Chan, légende asiatique du cinéma d'action, a apporté au festival son humour et son énergie, ce qui a provoqué une certaine hystérie chez ses fans. Willem Dafoe est venu présenter «The Birthday Party». Golshifteh Farahani , comédienne franco-iranienne, a marqué le coup d'envoi du festival par un discours émouvant. Et le réalisateur oscarisé Alexander Payne a ravi la Piazza de sa présence, tout comme la star sino-américaine Lucy Liu, parmi tant d'autres. Sur ce plan, c'était réussi, d'un strict point de vue événementiel. Avec 224 films au programme, 101 premières mondiales et plus de 300 projections, les salles de Locarno ont de leur côté offert une vitrine unique. Parallèlement, la rétrospective «Great Expectations: British Postwar Cinema (1945 – 1960)» a permis d'inscrire la programmation contemporaine dans le contexte plus vaste de l'histoire du cinéma. Et ça, on a adoré, malgré l'absence de sous-titres à certaines séances. Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l'info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Pascal Gavillet est journaliste à la rubrique culturelle depuis 1992. Il s'occupe principalement de cinéma, mais il lui arrive aussi d'écrire sur d'autres domaines. En particulier les sciences. A ce titre, il est également mathématicien. 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