Climat : un mois de juin record en Europe de l'Ouest et parmi les plus chauds dans le monde
dérèglement climatique
. Il est le mois de juin le plus chaud jamais enregistré en Europe de l'Ouest, où des températures « extrêmes » ont frappé le continent lors de
deux vagues de chaleur consécutives
précoces, annonce ce mercredi
Copernicus
, un service européen dédié au climat.
Dans le monde, le mois dernier a été le troisième mois de juin le plus chaud, juste derrière juin 2024 (qui était 0,2 °C plus chaud) et quasiment au même niveau (0,06 °C) que juin 2023. Une hausse des températures poursuivant pour la troisième année une série de températures moyennes jamais vues auparavant, alors que la planète se réchauffe en raison des émissions humaines de gaz à effet de serre, liées à l'utilisation du pétrole, du charbon et du gaz.
Selon les calculs de l'AFP (Agence France presse) effectués à partir des données de Copernicus, 12 pays représentant 790 millions d'habitants de la planète ont connu leur mois de juin le plus chaud. Cela a par exemple été le cas au Japon, en Corée du Nord et du Sud, ainsi qu'au Pakistan et au Tadjikistan.
Les températures ont été également particulièrement « extrêmes » en Europe, qui se réchauffe deux fois plus vite que la moyenne mondiale. Juin y a été marqué par deux vagues de chaleur, entre le 17 et le 22 puis à partir du 30,
jugées « exceptionnelles »
, note Samantha Burgess, climatologue pour Copernicus. Dans le contexte du réchauffement climatique, « ces vagues de chaleur sont susceptibles d'être plus fréquentes, plus intenses et affecteront de plus en plus de personnes en Europe », a-t-elle souligné.
Le graphique ci-dessus permet de visualiser l'évolution de la situation sur un plus long terme, en se fondant sur les températures moyennes de la période 1991-2020. Il représente chaque mois de juin entre 1979 et 2025 par rapport à cette moyenne. Jusqu'au XXIe siècle, juin se situait quasiment toujours en-dessous. Mais depuis, il se trouve dans la très grande majorité des cas au-dessus de la moyenne, approchant, comme cette année, un écart de + 3 °C. Au final, il a fait environ 5 °C de plus en moyenne en juin 2025 en Europe de l'Ouest qu'en juin 1980.
Localement, en juin 2025, les températures ont dépassé régulièrement
les 40 °C
dans plusieurs pays, et atteint jusqu'à 46 °C en Espagne ou au Portugal. Le 30 juin, nouveau record journalier mensuel, a été « l'une des journées d'été les plus chaudes jamais connues » sur le continent.
Mais ces moyennes ne sont rien comparées aux températures ressenties, qui mesurent l'impact sur le corps humain en tenant compte de l'humidité et du vent. Au nord de Lisbonne (Portugal), l'Indice universel du climat thermique (UTCI) a ainsi atteint jusqu'à 48 °C, ce qui correspond à un « stress thermique extrême », souligne Copernicus.
Les
nuits tropicales
, où la température ne descend pas sous les 20 °C, ont par ailleurs mis les organismes à rude épreuve le mois dernier : l'Espagne en a connu 24, soit 18 de plus qu'un mois de juin normal, et certaines zones côtières de Méditerranée en ont subi 10 à 15 au lieu de zéro habituellement en juin, souligne Copernicus.
Incendies dévastateurs
dans certaines régions du Canada
et du sud de l'Europe, inondations meurtrières sur certaines zones d'Afrique du Sud, de Chine et du Pakistan : les conséquences du réchauffement climatique ont aussi été particulièrement dramatiques dans le monde en juin.
Ce mois marque toutefois un léger répit après l'enchaînement des deux années les plus chaudes, 2023 et 2024. Il a été en moyenne 1,30 °C plus chaud qu'un mois de juin de l'ère préindustrielle à l'échelle de la Terre, soit « seulement le troisième mois sur les 24 derniers écoulés où la température planétaire a été inférieure à 1,5 °C au-dessus du niveau préindustriel », souligne Copernicus. Selon la tendance actuelle, 2025 pourrait toutefois devenir la troisième année la plus chaude.
L'accord de Paris sur le climat
a vu les pays s'engager à limiter le réchauffement climatique à long terme à 1,5 °C, au-delà duquel des changements environnementaux majeurs et durables deviennent plus probables. Mais de nombreux scientifiques affirment désormais qu'il sera presque
impossible de rester en dessous de ce niveau
. « À l'échelle du monde, le climat est environ 1,35 °C à 1,4 °C plus chaud que l'ère préindustrielle », a déclaré fin juin Samantha Burgess, dont l'observatoire prévoit que la barre de 1,5 °C de réchauffement sera considérée atteinte, au rythme actuel, dès 2029.
Juin 2025 a enfin été marqué par
une canicule marine
en Méditerranée occidentale. Le thermomètre à la surface de l'eau a grimpé en flèche dès le début du mois pour atteindre une température moyenne de 27 °C le 30 juin, un record absolu. La carte ci-dessous représente l'écart à la normale de la température de l'eau pendant cette journée. L'exemple du golfe du Lion est par exemple mentionné avec une température de 28 °C et un écart de + 5 °C par rapport à la référence.
« Ces températures exceptionnelles de l'eau de la Méditerranée ont réduit le refroidissement nocturne de l'air le long des côtes et ont augmenté l'humidité, aggravant ainsi les effets du stress thermique », explique Copernicus. Elles ont également des effets désastreux pour la biodiversité marine et des répercussions sur la pêche et l'aquaculture.
La situation en juin ne préfigure par pour autant l'ensemble de l'été. Il est encore impossible de dire quelle sera sa température moyenne finale. Mais avec un tel démarrage, la question n'est a priori pas de savoir s'il sera plus ou moins chaud que la moyenne, mais s'il sera
classiquement chaud, très chaud, voire record
.
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