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À bord de l'Ocean Viking, récit d'un sauvetage en Méditerranée

À bord de l'Ocean Viking, récit d'un sauvetage en Méditerranée

24 Heures09-07-2025
«Le Soir» a embarqué à bord de l'«Ocean Viking», un navire humanitaire. Après quatre jours de navigation, les équipes de recherche et sauvetage ont secouru 73 prétendants à l'exil européen. De l'alerte à la prise en charge des naufragés, récit d'une mission de secours en haute mer.
Ugo Santkin - Le Soir Publié aujourd'hui à 21h06
Le 19 juin, les marins sauveteurs de SOS Méditerranée sont venus en aide à 73 exilés à la dérive dans la zone maritime maltaise.
Francesca Volpi/SOS Méditerranée
«Nous venons de recevoir un e-mail d'Alarm Phone1 concernant un bateau […] à la dérive. Il se trouve à 68 milles nautiques (ndlr: 126 kilomètres) de notre position actuelle, au sud-ouest. Ils signalent la présence de 68 survivants à bord, dont une personne grièvement blessée ou gravement malade. Nous faisons actuellement route vers la dernière position connue […] Heure estimée d'arrivée: 20 h 35», communique laconiquement à son équipe Luisa Albera, la coordinatrice Recherche et sauvetage de l' Ocean Viking .
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Perchés sur le plus haut point du navire, trois membres de l'équipage du bateau affrété par SOS Méditerranée commencent rapidement à scruter l'horizon en quête du canot en détresse. Après deux heures de recherches, un point noir apparaît dans les jumelles de Salva. «Le bateau semble très petit et se diriger vers Lampedusa», avertit prudemment le sauveteur italien dans son talkie-walkie. D'après de nouvelles informations reçues par Sea Bird 2, un petit avion qui survole quotidiennement la zone de détresse au large de la Libye, la personne en mauvais état pourrait être décédée. «Préparons-nous au pire et vidons le conteneur réfrigéré», ordonne l'expérimentée coordinatrice italienne.
Quelques minutes plus tard, à 19 h 15, toutes les radios crachent l'alerte donnée par la quinqua: «READY FOR RESCUE, READY FOR RESCUE» («Prêts pour sauvetage, prêts pour sauvetage»). Des sauveteurs à l'équipe médicale, en passant par les ingénieurs maritimes, c'est le branle-bas de combat sur le navire battant pavillon norvégien. Tout l'équipage met son casque et enfile son gilet de sauvetage. En cinq minutes, les deux zodiacs d'intervention sont à l'eau. Le 19 juin, quatre jours après avoir quitté le port de Carrare, en Toscane, la vingtaine d'humanitaires – extrêmement rodés (l' Ocean Viking n'accueille pas de bénévoles) – sont tous à leur poste, prêts à intervenir et à venir en aide aux exilés à la dérive dans la zone maritime maltaise. Cris de joie
À bord de l'embarcation de fortune surchargée, une septantaine de personnes poussent des cris de joie et lèvent les bras vers le ciel lorsqu'elles comprennent que les deux hors-bords remplis de gilets de sauvetage sont là pour les secourir. L'un d'eux est effectivement dans un sale état, mais vivant. «Juste» une grosse blessure à la jambe. À 150 m, sur le pont de l' Ocean Viking , c'est le soulagement. Le plan médical d'urgence ne doit pas être déclenché.
Petit à petit, les secouristes commencent à distribuer prudemment les gilets de sauvetage en évitant tout mouvement de panique qui pourrait faire chavirer la frêle embarcation. Dans la cabine du capitaine, Luisa tente de recevoir l'autorisation de procéder à l'évacuation. Après près de 40 minutes d'imbroglio avec les gardes-côtes italiens (entre-temps arrivés sur place) et les autorités maritimes maltaises aux abonnés absents, la Piémontaise peut enfin donner l'ordre aux secouristes de ramener les exilés à bord du bateau mère.
Dans le cockpit, Luisa Albera scrute radars et horizon à la recherche d'une embarcation en difficulté.
Jérémie Lusseau/SOS Méditerranée
Trente minutes plus tard, les sauveteurs débriefent de manière informelle leur opération réussie. «Tout s'est bien passé, c'était un sauvetage facile: lumière du jour, météo idéale, mer calme, pas de femme, d'enfant en bas âge, ni d'autre personne vulnérable», résume Stefan, marin roumain. Loin du naufrage d'avril 2021 qui hante encore les esprits de certains.
Après neuf heures de route vers une embarcation dans une météo particulièrement mauvaise, le navire n'avait retrouvé qu'une épave. «À côté, flottaient des cadavres d'hommes, de femmes et de bébés», se souvient Anne, médecin généraliste. Ou plus récemment, lorsqu'une petite fille syrienne est décédée, en février dernier. «On l'a réanimée à bord, mais elle est morte lors de son transfert en urgence vers Malte», raconte l'infirmière, Françoise, les yeux rouges. Reconnaissance des migrants
Pour l'équipe médicale et l'équipe de protection, le «vrai» travail vient juste de commencer. Caterina, la médecin en chef, trie les premiers rescapés. Les plus mal en point sont directement pris en charge par Anne, Françoise et Charlotta, la sage-femme, au poste médical avancé, devant le conteneur servant de clinique. Les autres titubent vers l'arrière du bateau de 70 m de long. Certains tout sourire, soulagés d'être en vie, d'autres les yeux dans le vide, marqués par la traversée. Mais tous reconnaissants.
«Ils présentent des symptômes et des troubles «classiques» dus au trajet», explique l'infirmière française d'une cinquantaine d'années. «Comme très souvent, dès qu'ils arrivent, ils se plaignent de maux de cœur et de douleurs dans le corps après avoir été assis dans des positions inconfortables pendant des jours. On s'attend généralement à ce qu'ils aient aussi des migraines à cause des fuites d'essence et des brûlures provoquées par un mélange d'eau salée et de gasoil», complète Anne, sa compatriote. «Mais ici, ils semblent surtout très impactés psychologiquement», confie celle qui est passée par de nombreux théâtres de catastrophe humanitaire.
Des secouristes assistent un migrant en gilet de sauvetage à bord de l' Ocean Viking .
Francesca Volpi/SOS Méditerranée
À la poupe du bateau, Camille, la leader belgo-italienne du team protection, envoyée par la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (IFRC), et les siens procèdent à l'enregistrement des nouveaux arrivants qui se voient attribuer un bracelet numéroté pour faciliter leur identification et le travail de suivi jusqu'à la prise en charge des exilés par les autorités.
Parmi les 73 survivants, 69 sont originaires du Bangladesh, deux d'Égypte, un du Soudan et un autre du Népal. Six d'entre eux sont mineurs. En recoupant les informations, Nura, la médiatrice culturelle, comprend qu'ils sont partis de Zouara, sur la côte ouest de la Libye (largement le principal pays de départ des migrants empruntant la Méditerranée centrale pour atteindre l'Italie). Cela faisait une vingtaine d'heures qu'ils n'avaient rien mangé ni quasiment rien bu. Complètement déshydratés, tous se ruent vers les gobelets remplis d'eau. «Séquelles d'un voyage traumatisant»
Peu à peu, après avoir mangé, s'être douchés et changés, les prétendants à l'exil européen, exténués, s'allongent sur le sol recouvert de tapis de yoga du grand conteneur qui leur est réservé. À l'écart, deux jeunes paraissent agités. Il s'avère que l'un a dû empêcher son compagnon de voyage de se jeter à l'eau. «Le témoignage d'une détresse psychologique et de séquelles d'un voyage traumatisant», commente Anne, la docteure.
Entrée du refuge pour hommes à bord de l' Ocean Viking .
Michael Bunel/SOS Méditerranée
Le reste du groupe d'humanitaires – majoritairement composé de femmes – s'en va se reposer. Mais bien que satisfaits de l'opération, un doute persiste. Dans l'intimité de la clinique, plusieurs des survivants ont raconté que l'un d'entre eux était bel et bien mort à bord et que le corps avait été jeté à la mer. Une affirmation que d'autres réfutent. «Qui dit vrai, qui dit faux? » s'interroge Camille. Difficile à dire. La barrière de la langue ne facilitant en rien les choses.
«Peut-être que certains s'imaginent qu'il pourrait y avoir des répercussions», suppute la leader du team protection qui, comme ses collègues, aimerait pouvoir établir la vérité. Et si besoin, trouver un moyen de contacter sa famille et ajouter un nom à la liste des 539 morts et disparus en Méditerranée centrale depuis le début de l'année. Et des plus de 25'000 – au bas mot – depuis 2015. Exilés bangladais
«Globalement, si on a quitté le pays, c'est à cause du manque d'emploi, de la pauvreté – les inondations de l'été dernier n'ont rien arrangé –, de la corruption et de la crise politique», explique Baril*, un jeune Bangladais de 25 ans secouru par l' Ocean Viking , le bateau humanitaire de SOS Méditerranée, ce jeudi 19 juin.
En août 2024, après quinze ans passés au pouvoir, la première ministre bangladaise Sheikh Hasina, critiquée pour sa dérive autocratique, a été renversée par un mouvement d'étudiants, confrontés à un chômage massif. «En Italie, il n'y a pas tous ces problèmes. Ici, il y a du travail pour nous et puis il y a déjà pas mal de Bangladais présents», intervient Lumon*, compagnon d'exil de Baril. Sur les 73 hommes retrouvés par l' Ocean Viking à une cinquantaine de kilomètres de Lampedusa, 69 sont originaires de ce pays d'Asie du Sud.
Ces paroles et ces chiffres reflètent une tendance observée depuis de nombreux mois en Méditerranée centrale. Depuis janvier, les Bangladais représentent la première nationalité à partir des côtes libyennes pour rejoindre l'Italie. Un flux migratoire qui n'est pas neuf, mais qui prend de l'ampleur, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM). Au premier semestre 2025, sur les plus de 57'000 personnes migrantes arrivées en Europe – principalement par voie maritime (Méditerranée et océan Atlantique via les Canaries) –, 6000 personnes sont originaires de cet État de 171 millions d'habitants, selon le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, faisant d'elles le premier contingent de personnes en situation irrégulière à entrer sur le continent.
En mai dernier, pour lutter contre l'immigration clandestine, Dacca et Rome ont signé un protocole d'accord visant à promouvoir des voies de migration sûres et légales et à remédier aux pénuries de main-d'œuvre italienne. Les autorités bangladaises encouragent depuis des années la migration de leur force de travail pour soutenir la croissance du pays. Selon l'OIM, chaque année, quelque 500'000 personnes partent travailler à l'étranger. En 2023, les transferts d'argent de cette diaspora s'élevaient à près de 19 milliards d'euros, soit 5% du PIB national, selon la Banque mondiale. Making of
Entraînements, (dé)briefings, opération de sauvetage et encadrement des rescapés une fois secourus jusqu'à leur débarquement… De la cale à la passerelle du capitaine en passant par le pont accueillant les exilés, «Le Soir» était à bord de l'«Ocean Viking» , navire humanitaire qui mène des opérations de recherche et de sauvetage en haute mer, ayant accès à l'ensemble du bateau affrété par SOS Méditerranée pendant une semaine.
Au-delà de sauver des vies et protéger les survivants avant de les ramener dans un port «sûr», SOS Méditerranée a la volonté de témoigner de la situation en mer. L'ONG prône ainsi la transparence, par souci éthique mais aussi car elle se sait épiée par le gouvernement italien, profondément anti-immigration, qui attend le moindre faux pas des ONG. Ainsi, l'organisation humanitaire européenne est extrêmement prudente sur sa communication. Cependant, quoique encouragé, «Le Soir» n'a pas eu l'obligation de passer par la chargée de communication à bord pour tout entretien formel avec un membre du crew dans le cadre d'une publication.
«Si on effectue une autre opération de sauvetage, on doit avoir l'aval de Rome. Sinon, on s'expose à des sanctions financières et à l'immobilisation du bateau», explique Luisa Albera, coordinatrice Recherche et sauvetage de l' Ocean Viking .
Francesca Volpi/SOS Méditerranée
Bien qu'ayant partagé son quotidien (repas, repos…) dans un espace restreint avec une trentaine de personnes – avant l'opération de sauvetage – et participé aux tâches journalières de base et aux entraînements in situ, notre envoyé spécial a gardé son indépendance journalistique. Néanmoins, si cela n'a pas été nécessaire, le journaliste embarqué devait être prêt à appuyer le staff en cas d'urgence vitale.
Tous les coûts inhérents à la présence du «Soir» à bord (logement, nourriture…) ont été facturés par SOS Méditerranée à la rédaction. «Le Soir» a également pris en charge les frais de déplacement jusque et depuis les ports italiens. Migration en Méditerranée centrale
Alors qu'il venait de sauver 73 personnes, l' Ocean Viking a été envoyé à plus de 1000 kilomètres du lieu de sauvetage pour ramener les rescapés à bon port. En Méditerranée, les ONG sont contraintes de naviguer loin, longtemps – et parfois de renoncer à secourir pour éviter les sanctions des autorités italiennes.
Pas d'accolade avec ses collègues du cockpit de l' Ocean Viking , ni même de signe de satisfaction. Alors qu'elle et son équipe viennent de sauver 73 hommes agglutinés dans un petit bateau tentant de rallier l'Europe depuis la Libye, Luisa Albera, la SaRCo (Search and Rescue Coordinator) du navire affrété par SOS Méditerranée reste concentrée, essayant de contacter les autorités maritimes italiennes pour se voir attribuer un port de débarquement pour les rescapés.
Plus d'une heure plus tard, la nouvelle arrive enfin depuis Rome. Ce ne sera pas Lampedusa, Pozzallo ou tout autre port du sud de l'Italie à quelques centaines de kilomètres du lieu de sauvetage. Non, le bateau humanitaire est prié de mettre le cap vers Savone, dans le nord-ouest de l'Italie, à plus de 1000 kilomètres de là. «Où est-ce que ça sera la prochaine fois? À Monaco?» ironise la Turinoise qui travaille pour l'ONG de recherche et sauvetage en mer depuis 2019 et qui s'est habituée à ces instructions illogiques. Politique de «ports éloignés»
Depuis deux ans, le Ministère de l'intérieur dirigé par Matteo Piantedosi, proche du leader d'extrême droite Matteo Salvini, assigne des ports au centre voire au nord du pays, beaucoup plus lointains que la Sicile ou Lampedusa, où étaient traditionnellement débarqués les migrants secourus. «Ici, on va mettre trois jours pour rejoindre Savone, puis trois autres pour redescendre dans la zone de recherche et de sauvetage. C'est quasi une semaine lors de laquelle on n'opère pas. C'est du gâchis», regrette celle qui a travaillé pour Sea Shepherd pendant plusieurs années.
Selon un rapport de SOS Méditerranée, depuis fin 2022, la dizaine de navires humanitaires présents en Méditerranée centrale ont été contraints de naviguer inutilement pendant 735 jours vers et depuis des ports lointains, parcourant au total plus de 275'000 kilomètres. Rien que pour l' Ocean Viking , cela représente 171 jours de navigation. Une augmentation de la durée de navigation qui entraîne d'énormes coûts supplémentaires pour les ONG, quand on sait qu'une journée de navigation pour un bateau de la taille de l' Ocean Viking (un des plus gros) représente 24'000 euros. En deux ans, SOS Méditerranée a déboursé 1,3 million d'euros de plus (quasiment rien qu'en carburant) à cause de la politique de «ports éloignés», qui, en plus de l'aspect financier, touche la santé physique et mentale des naufragés, déjà traumatisés par une périlleuse traversée à bord d'un canot de fortune. Décret Piantedosi
Depuis l'arrivée au pouvoir du gouvernement de Giorgia Meloni, sont apparus deux mots aux conséquences considérables pour les bateaux de sauvetage dans les notifications d'attribution d'un port de débarquement: «Sans délai.» Dès fin 2022 et la signature du décret Piantedosi (du nom du ministre de l'Intérieur), les bateaux humanitaires sont obligés de se rendre immédiatement au port assigné par les autorités juste après un premier sauvetage. «Si on effectue une autre opération, on doit avoir l'aval de Rome. Sinon, on s'expose à des sanctions financières et à l'immobilisation du bateau. Pour faire simple, on nous punit alors qu'on sauve des vies», avance la SaRCo de l' Ocean Viking .
En février dernier, le navire rouge et blanc a été détenu vingt jours au port de Brindisi et prié de payer une amende de plusieurs milliers d'euros. Une condamnation portée en appel par l'ONG. Au moment d'écrire ces lignes, le dossier suit toujours son cours. Actuellement, deux navires humanitaires, le Nadir et le Sea Eye Five , sont immobilisés dans des ports italiens dans le cadre du décret Piantedosi (entre-temps devenu loi). Dans son récent rapport, SOS Méditerranée indique que 640 jours de détention ont été imposés aux bateaux de recherche et de sauvetage et que plus de 76'000 euros d'amendes ont été infligés aux ONG qui les affrètent.
«On opte pour la première option, pour ne pas être bloqués pendant 20 jours, en espérant revenir dans la zone de sauvetage le plus vite possible afin de sauver d'autres vies», explique Luisa. «C'est extrêmement frustrant. D'autant plus quand on sait qu'on a une capacité de 400 personnes à bord», se désole-t-elle. De 278 personnes avant le décret Piantedosi, l' Ocean Viking secourt aujourd'hui 128 rescapés par patrouille en mer. En décembre dernier, le Geo Barents de Médecins sans frontières a mis fin à ses activités en Méditerranée centrale, lassé des restrictions imposées par les autorités italiennes.
Des restrictions qui par ailleurs sont contraires au droit maritime international, déplorées depuis longtemps par les ONG et les observateurs, qui rappellent que toute personne en difficulté en mer doit être secourue et déposée au plus vite dans un lieu sûr le plus proche possible. L'État libyen, en déliquescence, ne peut être considéré comme tel en raison des violations des droits à l'encontre des migrants – en plus des traitements inhumains (tortures, passages à tabac, humiliations, viols, voire assassinats) – largement documentées par des témoignages et des enquêtes indépendantes.
Peu importe pour le gouvernement farouchement anti-immigration de Giorgia Meloni, qui se targue d'avoir fait baisser le nombre de traversées de la Méditerranée centrale, notamment en ayant poussé l'Union européenne à conclure en juillet 2023 un partenariat avec la Tunisie pour aider le pays à lutter contre l'immigration irrégulière. S'il est vrai que les franchissements sont passés de plus de 150'000 en 2023 (année record) à 66'000 l'année suivante, ils sont repartis à la hausse depuis janvier. Les morts et les disparus, eux, restent tristement à un niveau stable – voire augmentent «légèrement» – depuis l'entrée en fonction de la leader d'extrême droite. En attendant, les sondages l'attestent: sa formation, Fratelli d'Italia, demeure la première force politique du pays. En mai dernier, la moyenne des intentions de vote en sa faveur atteignait 30,3%.
* Les prénoms ont été modifiés.
1. Alarm Phone est un numéro d'urgence dont la permanence est gérée 24 heures sur 24 et sept jours sur sept par des bénévoles. Les passagers des embarcations l'appellent lorsqu'ils nécessitent de l'aide. L'association transfère ensuite aux autorités et ONG leur message et situation géographique.
2. Plusieurs ONG, telle Sea Bird, disposent de deux petits avions qui survolent la zone et avertissent aussi dès qu'elles repèrent un navire en difficulté.
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Et je me suis demandé: quel historien digne de ce nom, qui aime vraiment son pays, resterait silencieux?» Une crise qui affaiblit Volodymyr Zelensky Les deux jeunes filles, descendues pour la première fois de leur vie dans la rue pour manifester, ne cachent pas leur déception à l'égard de Volodymyr Zelensky. «On a beaucoup de respect pour ce qu'il a fait au début de la guerre en restant à Kiev, et on apprécie sa politique étrangère. Mais cela ne fait pas de lui un dieu vivant», explique Lena. Selon Sébastien Gobert, spécialiste de l'Ukraine et auteur du livre: « L'Ukraine, la République des oligarques », l'épisode marque un tournant politique. «Zelensky en ressort affaibli. Les raisons profondes du passage en force de la loi demeurent floues, mais le défoulement de cette séquence est parfaitement clair. L'administration Zelensky a voulu imposer sa volonté, mais elle a subi un retour de bâton, venu aussi bien de la société civile que des partenaires européens de l'Ukraine.» Le président ukrainien, longtemps perçu comme l'incarnation de la résistance démocratique face à l'agression russe, fait désormais face à une contestation frontale, tant sur le plan intérieur qu'international. Sa crédibilité s'en trouve ébranlée, alors même que sa popularité, en recul depuis plusieurs mois, avait connu un rebond notable après l'incident diplomatique autour du Bureau ovale en février 2025. La dynamique de mobilisation intérieure pourrait s'en trouver transformée. D'autres manifestations pourraient éclater, sur de nouveaux sujets. «Le Rubicon a été franchi. La population a vu que la contestation pouvait porter ses fruits», observe encore Sébastien Gobert. En arrière-plan se dessine un possible rééquilibrage des centres de pouvoir à Kiev, notamment autour d'Andriy Yermak, le tout-puissant conseiller du président, dont le rôle pourrait désormais être remis en cause. Mais la question fondamentale demeure: Volodymyr Zelensky entendra-t-il les mises en garde de ses partenaires européens et de la société civile, ou choisira-t-il au contraire de contourner l'opposition pour faire passer sa réforme sous une autre forme, plus discrète? Une tradition ukrainienne de révolte et de manifestations Les derniers rayons du soleil accompagnent les manifestants. Au loin, un ciel couleur de sang se mêle à la fumée opaque d'une bombe planante tombée dans les environs de la ville. Arsenii, jeune graphiste de Kharkiv, avec ses amis lors de la manifestation devant l'Opéra de Kharkiv. Iryna Matviyishyn Arseniy Novikov, 19 ans, avance d'un pas calme aux côtés d'un groupe d'amis. 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Découvrez les bénévoles qui sauvent en moyenne trois personnes par jour sur le Léman

Depuis 140 ans, la Société internationale de sauvetage du Léman (SISL) secourt les usagers du lac. Une action fondée sur le volontariat et les dons. Sarah Rempe Publié aujourd'hui à 07h00 Sur le Léman, la Société de Sauvetage de Morges fait partie des 34 sociétés de la SISL. Yvain Genevay / Tamedia En bref: En 2024, 1353 personnes et 687 embarcations ont été secourues sur les eaux du Léman. Autrement dit, plus de trois personnes par jour. Qui réalise cette performance à l'enjeu souvent vital? Peu de gens le savent, mais nous la devons à des bénévoles, qui font des miracles dans l'ombre. Ces volontaires, ce sont les sauveteurs et sauveteuses du Léman, réunis sous la bannière de la Société internationale de sauvetage du Léman (SISL) et de ses 34 sections tout autour du lac. Leur mission est la même depuis cent quarante ans: porter le plus rapidement possible secours ou assistance aux navigateurs en difficulté et, dans la mesure de leurs moyens, ramener à bon port les embarcations endommagées ou qui ne peuvent plus naviguer de façon autonome. Morges, le 3 juin 2025. Reportage avec la Société de Sauvetage de Morges qui fêtera ses 140 ans en août. Yvain Genevay / Tamedia On pourrait penser que cet investissement de sauveteurs mobilisables 24 h/24 est financé par les autorités. Il n'en est pourtant rien. «On vit grâce aux cotisations de nos membres, aux dons, au soutien d'entités comme la Loterie Romande et aux revenus des manifestations», expose Lionel Rochat, actuel président du Sauvetage de Morges. Sa société peut par exemple compter sur les revenus du stand qu'elle tient au Paléo Festival. Mais maintenir son budget à l'équilibre est un travail de chaque instant. «C'est presque 90% du temps du président d'aller frapper aux portes pour dénicher des sponsors et du soutien.» À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Les finances, le nerf de la guerre du sauvetage Le sauvetage n'étant pas sous l'égide du Canton, ce dernier n'est pas tenu de le financer. «Il a fallu se battre et maintenant il nous donne 130'000 francs à se partager entre 20 sections vaudoises. Ça fait 6500 francs par année, ça couvre à peine nos frais d'essence», regrette Philippe Bonzon, membre du comité central de la SISL. Ces frais ont fait débat au niveau national il y a trois ans. Olivier Feller, conseiller national PLR avait déposé une motion afin que les sociétés de sauvetage puissent bénéficier d'un rabais sur les taxes affectées aux carburants, comme c'est le cas dans l'agriculture, la pêche professionnelle et même les dameuses de pistes de ski. Le vote s'était soldé par un refus. Sauveteurs mais bénévoles avant tout Mais comment est-il possible que la sécurité sur le Léman dépende de bénévoles? «On nous reconnaît le droit d'intervenir et la centrale d'engagement nous appelle, mais il n'y a rien dans la loi qui nous y oblige, détaille Philippe Bonzon. D'autres cantons ont inscrit ce principe dans leur loi. Pas Vaud.» Morges, le 3 juin 2025. Reportage avec la Société de Sauvetage de Morges qui fêtera ses 140 ans en août. Yvain Genevay / Tamedia Un flou juridique qui pourrait s'expliquer par la genèse des sociétés de sauvetage. «L'idée est née de marins, a été mise sur pied et fonctionne depuis cent quarante ans, donc ça arrange l'État de pouvoir se reposer sur nous, ajoute Olivier Durgniat, président de la SISL. S'il devait assurer et financer lui-même des postes de secours, ça coûterait des millions.» Morges, le 3 juin 2025. Reportage avec la Société de Sauvetage de Morges qui fêtera ses 140 ans en août. Yvain Genevay / Tamedia En attendant, les membres des sociétés lémaniques sont contraints d'alterner entre sauvetage d'urgence sur le lac et vente de saucisse dans les manifestations pour assurer la pérennité d'un rôle méconnu, mais capital, notamment avec l'apparition ces dernières années d'activités populaires comme le paddle, le foil ou le wakesurf. «Depuis le Covid, il y a de plus en plus de monde qui s'est rapproché du lac, confirme Olivier Durgniat. Avant ce n'étaient que des navigateurs qui connaissaient leur environnement, maintenant ce sont des gens qui ne maîtrisent pas forcément le lac et les mesures de sécurité. Ça nous mobilise davantage.» À l'image des sapeurs-pompiers volontaires, ce sont donc des superhéros sans cape, les sauveteurs, qui offrent de leur temps pour faire du Léman un endroit sécure. «On n'est même pas complètement bénévoles puisqu'on paie une cotisation», précise Philippe Bonzon. Des volontaires passionnés qui, après cent quarante ans d'existence, sont plus indispensables que jamais. Une formation structurée des bénévoles Ce n'est pas parce que les sauveteurs s'investissent gratuitement que la formation qui leur est donnée est prise à la légère, bien au contraire. Arrivé au comité central de la SISL en 2023, Philippe Bonzon a repris les rênes de la formation . «Beaucoup de travail se faisait déjà, mais c'était un peu chacun de son côté. J'ai essayé d'y apporter une structure. On organise désormais nos formations sur trois niveaux: en sections, à l'échelle régionale et de manière centralisée.» Un nouvel arrivant dans une section locale – un mousse – recevra une formation de base comprenant notamment l'apprentissage de l'utilisation de la radio, certains types de nœuds, le lancer de sac et cordages, le remorquage et les principes de sécurité lors de la navigation. Une fois son test réussi, il devient membre à part entière, mais poursuivra sa formation. «C'est là qu'on a décidé de se coordonner entre sections, poursuit Philippe Bonzon. Cela accroît la cohésion des différentes sociétés et facilite l'échange d'expériences et l'interopérabilité des intervenants.» Morges, le 16.06.2022. Philippe Bonzon, président du Sauvetage de Morges et des Vaudois. Pour la première fois de l'histoire, tous les sauvetages vaudois organisent une action de recrutement commune vendredi soir, à l'initiative de Morges et de Saint-Prex. VANESSA CARDOSO/ 24HEURES Les sauveteurs sont ainsi répartis en sept zones de formation. «On investit financièrement pour avoir des membres formateurs, qui, ensuite, peuvent repartager leurs connaissances gratuitement. C'est tout l'intérêt et cela nous permet de continuer. Sans ça, on n'aurait tout simplement pas les moyens de financer l'apprentissage de tout le monde. Pareil avec le matériel de formation très coûteux que l'on peut se partager.» Car la formation qualitative est une carte de visite essentielle en vue du recrutement, selon son responsable. «C'est de plus en plus difficile de trouver des gens pour intervenir de jour, car les employeurs ne sont pas toujours d'accord de les libérer.» Une difficulté que les sociétés tentent de contrer en cherchant à atteindre une grande variété de professions, y compris celles aux horaires plus flexibles. Les sociétés de sauvetage doivent trouver des financements pour payer, notamment, le matériel de formation. Journal de Morges Un drame a encouragé la création de la Société de sauvetage du Léman C'est à la fin du XIXe siècle que l'idée d'une société de sauvetage sur le Léman voit le jour. C'est un pilote et capitaine de bateaux à vapeur de Thonon, Joseph Mégemond, qui lance ce projet. «Il a constaté qu'il y avait passablement de naufrages et de personnes en difficulté sur le lac déjà à l'époque, raconte Olivier Durgniat, président de la SISL. Il a donc décidé de créer la société des sauveteurs du lac Léman, Rhône et Arve. Malheureusement, il était meilleur sauveteur que gestionnaire et sa société a très vite périclité.» Mais un drame va le remettre en selle et le conforter dans son idée. Le 23 novembre 1883, le Léman est le théâtre d'une catastrophe nautique. Par un jour de tempête, Le Rhône et Le Cygne , deux bateaux à vapeur, entrent en collision. L'accident fait onze morts et Le Rhône sombre. Il gît d'ailleurs encore au fond du lac, à 300 mètres de profondeur. «Mégemond s'approche alors du colonel Hubert-Saladin, à Genève, pour lui expliquer l'importance de créer une société de sauvetage tout autour du lac. La «Société de sauvetage du lac Léman» – qui deviendra par la suite la SISL actuelle – naît le 6 septembre 1885 à Thonon-les-Bains.» Les sections de Thonon, Genève, Versoix, Nyon, Ouchy et Morges sont les premières créées suite à cette assemblée, bientôt suivies par d'autres. En 1900, la SISL compte 20 sections. Sauvetage à la force du poignet À l'époque, les sauvetages se faisaient à la force du poignet. «Nos aïeux avaient du mérite d'intervenir à la rame, il fallait avoir envie, parce que les vagues étaient les mêmes qu'aujourd'hui», observe Philippe Bonzon, ancien président de la Société de Sauvetage de Morges entre 2017 et 2023. Les canots à rames de l'époque sont désormais utilisés exclusivement lors de manifestations ou de concours internes aux sociétés de sauvetage. Ici, le Beaufort , de la section de Saint-Prex. Journal de Morges Au fil des ans, la SISL et ses désormais 34 sections disséminées autour du Léman se sont bien évidemment développées. Les bateaux à rames, véritable fierté des sauveteurs, sont désormais sortis uniquement lors des manifestations des différentes sociétés. À l'heure de souffler ses 140 bougies, la SISL compte 2200 membres mais tous n'interviennent pas. «À Morges, par exemple, sur 115 membres, il y en a 35-40 qui sortent en interventions, précise Philippe Bonzon. Les autres font les tours de garde. Mais c'est ce qui est sympa: on ne met pas les anciens au placard, c'est l'état d'esprit du sauvetage. C'est un joli mélange social entre les forces vives et les plus âgés.» D'autres articles sur le Léman Newsletter «La semaine vaudoise» Retrouvez l'essentiel de l'actualité du canton de Vaud, chaque vendredi dans votre boîte mail. Autres newsletters Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.

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