
Avantages indus, dépenses extravagantes et gestion humaine calamiteuse dans un hôpital psychiatrique lyonnais
À l'hôpital psychiatrique de Saint-Cyr-au-Mont-d'Or, la nouvelle direction a du pain sur la planche. Après deux années de placement sous tutelle, la chambre régionale des comptes vient livrer la facture d'une décennie d'errements et d'entorses de l'ancien directeur de cet établissement situé au nord de l'agglomération lyonnaise. Gestion humaine calamiteuse, commande publique défaillante, avantages indus… tout est passé au crible par les magistrats financiers alors que des recours juridiques sont encore en cours.
Entre les villas cossues posées sur les flancs du massif des monts d'Or, dont la pierre dorée domine Lyon, l'ancien château de Saint-Cyr héberge les patients psychiatriques du territoire depuis 1972. Mais après un demi-siècle d'exercice, rien ne va plus dans cet établissement, le 3e plus important du département, qui accueille 10.700 patients par an. Le début des années 2020 a été marqué par des suicides, un viol entre patients et un management particulièrement toxique.
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Le rapport de la chambre régionale des comptes publié ce 26 juin insiste sur les relations exécrables entretenues par le centre hospitalier de Saint-Cyr-au-Mont-d'Or (CHSCMO) avec les autres structures psychiatriques du territoire, le centre hospitalier du Vinatier, pivot régional, en tête. En cause l'allongement des séjours dans son unité d'urgence, engendrant sa saturation et son indisponibilité. «Les principales coopérations auxquelles a pris part le CHSCMO durant la période de contrôle sont globalement insatisfaisantes» notent les magistrats financiers
Le directeur entretenait en revanche d'excellentes relations avec une clinique privée du territoire située à quelques kilomètres des monts d'Or dans la commune de Vaugneray, à l'ouest de Lyon. Il a en effet produit une note d'orientation stratégique pour l'aider à développer son activité. Une preuve de «déloyauté», pour la chambre, d'autant que son propre établissement connaissait alors une baisse d'activité.
Avantages indus
Cette baisse d'activité de l'ordre de 15% en nombre de patients sur la période 2015-2022 n'a d'ailleurs pas donné lieu à une diminution des ressources humaines note le rapport de la CRC pointant une baisse de productivité. «Bien que les effectifs médicaux soient restés stables sur la période, le nombre d'actes réalisés par les professionnels de santé a baissé de plus de 23 %., écrivent les magistrats financiers. Ceux réalisés par le corps médical enregistrent quant à eux une chute de 35 %».
Sur cet aspect des ressources, les accusations de harcèlement déjà connues ne sont pas mentionnées par la CRC. Mais elle développe un chapelet de carences importantes, «en matière de prévention et de santé». «L'absence de politique en matière de ressources humaines a conduit à l'attribution d'avantages, dont certains sont irréguliers», note-t-elle par ailleurs. Il en va ainsi de voitures de services utilisées comme voitures de fonction, de l'attribution de téléphones portables, dont certains n'auraient d'ailleurs pas été restitués par l'ancien directeur, et du règlement de contraventions routières par l'hôpital. Les véhicules disposaient de cartes essence et péage non déclarés comme avantage en nature.
La cour relève enfin une pratique établie selon laquelle les repas destinés aux patients étaient commandés en très grandes quantités pour nourrir les personnels, avec un préjudice annuel estimé à 246.000 euros. Heures supplémentaires non encadrées, gestion du temps de travail approximative, journée de solidarité non effectué et prime d'engagement collectif versée sans fondement complètent ces avantages indus. En matière de recrutement, la CRC pointe des entorses répétées aux procédures et des promotions sans qualifications.
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«Dépenses peu économes des deniers publics»
Une analyse partielle de la carte achat de l'hôpital a fait apparaître là encore des dépenses farfelues. Des frais de maroquinerie, de produits de beauté et de coiffure mais aussi de vêtements, d'équipements de sport, de chocolats ou de fleurs apparaissent ainsi en décalage avec les missions d'un centre hospitalier psychiatrique. «Le nombre élevé de dépenses est peu économe des deniers publics et appelle à un encadrement, tout particulièrement en matière de restauration, sur site ou à l'occasion de sorties», ajoute la CRC.
Au-delà, la politique d'achat apparaît trop peu encadrée au goût des magistrats financiers. Ces derniers s'étranglent encore des 43.000 euros de travaux engagés sur la villa mise à disposition du directeur alors même que le processus d'estimation en vue de la vente de ce bien était engagé auprès de France Domaine. «Les dépenses ainsi engagées sont particulièrement peu économes des deniers publics s'agissant d'un bien finalement détruit dans le cadre de l'opération de cession», notent-ils. Les travaux d'accessibilité pour les personnes à mobilités réduites dans les locaux du centre hospitalier n'ont en revanche jamais été effectués.
À la lecture du rapport il apparaît logique que la déontologie soit aussi lacunaire. Et la stratégie financière décousue. Autant de défi pour la nouvelle directrice nommée l'an passé. Pour l'heure tous les recours juridiques ne sont pas purgés. Notamment l'arrêté de placement sous administration, annulé par le tribunal administratif. L'ARS a fait appel.
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