Comment le pantalon blanc est devenu l'uniforme du cavalier (et était-ce une bonne idée ?)
C'est un choix vestimentaire que les puristes de la mode qualifieraient de faute de goût ». D'autres y verront un choix peu flatteur, voire totalement illogique. Mais presque tous les cavaliers, ceux qui sont vraiment concernés, vous diront que ce semblant d'uniforme est très élégant. Le pantalon blanc - ou crème parfois - est obligatoire, ou très fortement recommandé, dans toutes les compétitions officielles d'équitation en France et à l'international dans les trois disciplines olympiques : sauts d'obstacles, dressage et concours complet, peu importe le niveau du cavalier et de son cheval.
Difficile de remonter la trace historique de son apparition. Certains la relient au développement du polo et la création des "jodhpurs" en référence à la ville Jodhpur, bastion de l'équitation en Inde au XIXe siècle. L'idée était de créer des pantalons qui permettaient au cavalier de ne pas être dérangé dans ses mouvements, et surtout renforcés au niveau des genoux pour éviter les frottements. Météo oblige, ces jodhpurs étaient blancs pour garder autant que possible les cavaliers au frais.
Couleur de l'aristocratie et de l'armée
La colonisation et la mondialisation sont passées par là, et ces pantalons blancs ont été exportés au Royaume-Uni. La légende raconte que Sir Pratap Singh, l'un des fils du Maharadja de Jodhpur, s'est rendu outre-Manche pour le jubilé de la Reine Victoria en 1887, encore Impératrice des Indes. Accompagnés de son équipe de polo, le prince et ses cavaliers ont conquis les Britanniques avec leurs jodhpurs. Le blanc, couleur de l'aristocratie, des gens qui ne travaillent pas et donc qui ne se salissent pas, tout comme le polo en était le sport, est alors resté. Le pantalon blanc était aussi utilisé par les militaires - notamment sous le Premier Empire en France - pour des raisons pratiques : il est plus facile à repérer sur un champ de bataille.
Il n'est désormais plus question de guerre à cheval, et moins question de polo, mais le pantalon blanc moulant est resté. Et s'il est désormais devenu acceptable, voire carrément tendance, de porter un pantalon blanc l'été, les experts de la mode vous orienteront plutôt vers un pantalon coupe droite ou évasée, en jean ou en lin... bien loin du pantalon blanc en coton épais ou tissu technique porté par les cavaliers.
« Quand il faut se trimballer son pantalon blanc toute la journée, il y a la boue, il y a la bave... »
Lola, cavalière amateur depuis plus de 18 ans
L'équitation est un sport qui demande de passer du temps avec son cheval : le brosser, le nourrir, lui curer les sabots, nettoyer son box... Et peut-être voyez-vous où l'on veut en venir avec les nôtres, de gros sabots : ce sport et les pantalons blancs font rarement bon ménage. Le blanc reste rarement blanc après une journée de concours sous la pluie qui a démarré à 5 heures du matin et s'est terminée à 20 heures - c'est arrivé au moins une fois à tous les cavaliers amateurs. « C'est très élégant, je trouve ça très esthétique, mais en concours à petit niveau, ce n'est absolument pas pratique, assène Lola, 23 ans, cavalière amateur depuis plus de 18 ans. Quand il faut se trimballer son pantalon blanc toute la journée, il y a la boue, la bave... »
« Je n'ai jamais regretté d'être propre à cheval »
Si les cavaliers que vous avez croisés aux Jeux Olympiques ou sur de prestigieux terrains de concours, affichaient un pantalon d'un blanc étincelant, c'est souvent parce que ce ne sont pas eux qui s'occupent de leurs chevaux avant d'entrer en piste, mais leur groom, la personne en charge de tous les soins du cheval, y compris les plus salissants. « Notre problème, c'est qu'on se met vite en tenue de compétition, ironise Thierry Rozier, cavalier professionnel, ancien membre de l'équipe de France de sauts d'obstacles. Alors que je n'ai jamais rencontré un judoka en kimono dans la rue en allant à ses combats. Mon pantalon blanc, je le mets dix minutes avant de monter, je me change dans ma voiture. »
Le fils de Marcel Rozier, champion olympique par équipe de sauts d'obstacles à Montréal en 1976, tient à ce que cette tenue reste. « Quel est le plus beau tournoi de tennis ?, interroge-t-il. Wimbledon. Parce qu'ils ont gardé cette tenue blanche qui est classe et belle. Je crois qu'il faut rester un peu dans le classicisme, je n'ai jamais regretté d'être en blanc et propre quand je montais et je trouve que ça reflète aussi le cheval », assène-t-il. « La tradition, ça a du bon, on apprend à être soigné, c'est une discipline dans le sens où à cheval on apprend aussi à se tenir droit, à être fiers, à prendre soin de son pantalon immaculé, développe Violeta, 29 ans, cavalière amateur depuis 25 ans, elle aussi partagée sur le sujet. Mais d'un autre côté, l'uniforme par définition contraint, et ne laisse aucune expression personnelle. »
Et les complexes ?
Et la cavalière de souligner que « des tas de cavalières et surtout en compétition ont développé des complexes et des troubles du comportement alimentaire », pas uniquement à cause du pantalon blanc, elle le concède. Elle s'interroge cependant sur le lien avec cette tenue qui a tendance à souligner les aspérités du corps, celles que l'on aimerait que personne ne voie alors qu'elles sont toutes normales. Les experts vous répéteront que contrairement au noir qui amincit la silhouette, le blanc, lui, la grossit. « Je comprends que les femmes se sentent parfois mal à l'aise parce que le blanc, ce n'est pas une couleur qui met en valeur, ça ne fait pas un beau corps. J'en ai remis un il y a quelques jours, et je me suis dit : ''Ça ne me fait pas du tout de belles jambes'' », soupire Lola.
Et si vous êtes une cavalière, combien de fois, pendant cette semaine du mois, vous êtes-vous tournée vers une autre cavalière en lui montrant discrètement vos fesses et votre pantalon blanc pour lui demander si tout va bien de ce côté-là ? « Effectivement, c'est super casse-bonbons quand on a nos règles. Ce n'est vraiment pas pratique », abonde Lola. « Il y a mille choses qu'il faudrait changer avant ça je trouve », conclut pourtant Violeta. Les deux cavalières ont trouvé la parade : un jogging large et foncé qu'elles enfilent par-dessus, puis qu'elles enlèvent juste avant de se mettre en selle. Le couturier Karl Lagerfeld qualifierait sûrement ça de « signe de défaite » mais ainsi, le blanc reste presque blanc.
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