
Le mystère de la molécule finalement percé
Même si celui de la Caramilk échappe toujours à la science, un autre produit bien connu du grand public vient de finalement livrer son secret : l'acétaminophène.
Jean-Benoit Legault
La Presse Canadienne
Bien que cette molécule connue commercialement sous des noms comme Tylenol et Tempra soit en vente libre depuis des dizaines d'années, il aura fallu attendre la publication toute récente de travaux par des chercheurs de l'Université hébraïque de Jérusalem pour comprendre exactement comment elle aide à soulager la douleur.
« L'acétaminophène peut aider la douleur, mais ça peut traiter aussi la fièvre, a rappelé la cheffe du service de douleur chronique au CHU de Québec-Université Laval, la docteure Anne Marie Pinard. On sait que ce sont deux mécanismes qui sont probablement différents, mais si on se concentre sur la douleur, on ne savait pas très bien comment ça fonctionnait. »
On croyait jusqu'à tout récemment que l'acétaminophène soulageait la douleur en agissant directement sur le cerveau et la moelle épinière, plus précisément en provoquant la production d'un métabolite appelé AM404.
Les chercheurs israéliens ont démontré que cette substance est produite non seulement dans le système nerveux central des gens qui prennent de l'acétaminophène, mais aussi directement dans les terminaisons nerveuses à l'origine de la douleur.
AM404 bloque des canaux (appelés canaux sodiques) qui aident à transmettre le signal douloureux. En les bloquant, AM404 neutralise le signal douloureux à la source.
« Ça fait des années qu'on sait que (ces canaux sodiques) sont une cible intéressante, et en voici une preuve de plus », a dit la docteure Pinard.
Ces résultats, expliquent les auteurs de l'étude, fournissent des informations sur les mécanismes d'action périphériques de l'acétaminophène et soulignent le potentiel de l'AM404 en tant qu'anesthésique local sélectif de la douleur, « offrant ainsi des implications plus larges pour les stratégies de gestion de la douleur ».
Cette avancée, ajoutent-ils, « pourrait donc déboucher sur la création de nouveaux types d'analgésiques ». Comme l'AM404 cible uniquement les nerfs qui transmettent la douleur, la substance pourrait éviter l'engourdissement, la faiblesse musculaire et les effets secondaires associés aux anesthésiques locaux traditionnels, croient les auteurs de l'étude.
Mais en attendant d'éventuels nouveaux médicaments pour soulager la douleur, a indiqué la docteure Pinard, les travaux des chercheurs israéliens pourraient permettre de mieux comprendre pourquoi certaines personnes répondent mieux que d'autres à des molécules comme l'acétaminophène.
« Prenons l'exemple de la codéine, a-t-elle dit. La codéine n'est pas un antidouleur en soi, il faut que notre corps la transforme en morphine pour qu'elle devienne active. Et on sait qu'il y a 10 % ou 15 % des gens qui n'ont pas cette enzyme, donc quand ils prennent la codéine, c'est comme s'ils ne prenaient rien. Est-ce qu'il pourrait y avoir quelque chose de similaire avec le Tylenol ? »
D'autant plus que de multiples études ont carrément remis en question l'efficacité analgésique de l'acétaminophène, a rappelé la docteure Pinard. « Quand on regarde les grandes méta-analyses, ça nous dit que ça ne fonctionne pas très bien, mais ce n'est pas ce que je vois en clinique », a-t-elle dit.
La molécule n'est bien évidemment pas « miraculeuse », a-t-elle ajouté, mais si on exige une réduction de la douleur de 50 % pour juger de son efficacité, « on pourra avoir tendance à la balayer du revers de la main ».
« Mais moi, si ça enlève 20 % ou 25 % de la douleur dans un contexte de douleur chronique, je vais le prendre, a conclu la docteure Pinard. Tout seul, ça se peut que ça ne donne pas grand-chose, mais si on additionne l'acétaminophène, la physiothérapie, la rééducation… c'est là qu'on réussit à avoir un effet. »
Les conclusions de cette étude ont été publiées par la revue scientifique PNAS.
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