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Recenser les lucioles, écouter les chauves-souris

Recenser les lucioles, écouter les chauves-souris

La Presse07-07-2025
Pendant plusieurs soirées de l'été, l'organisme Urbanature invite des citoyens bénévoles à observer les chauves-souris et à recueillir des données sur l'habitat des lucioles, dans des parcs de Montréal. Nos journalistes les ont accompagnés au parc Glen Field, à Westmount.
Trouver la pollution lumineuse, savoir où sont les insectes et identifier les espèces de chauves-souris : c'est l'objectif de passionnés qui se réunissent pendant l'été pour faire de la science citoyenne en observant l'habitat des lucioles et en enregistrant les cris des chiroptères, à Montréal.
« C'est vraiment surprenant [ce que l'on peut voir] ! », dit Emma Despland, professeure de biologie à l'Université Concordia et l'une des organisatrices de l'activité. Elle avance que même à Montréal, on peut observer ces animaux nocturnes.
Pendant plusieurs soirées de l'été, l'organisme Urbanature invite des citoyens bénévoles à observer les chauves-souris et à recueillir des données sur l'habitat des lucioles, dans des parcs de Montréal.
Les renseignements sont utilisés pour une étude scientifique qui vise à recueillir de l'information sur la qualité des espaces verts de la ville, pour savoir, par exemple, où est la pollution lumineuse.
Les lucioles sont une bonne indication de la santé des espaces verts.
Emma Despland, professeure de biologie à l'Université Concordia
Le choix de la luciole n'est pas anodin. Elle est l'étoile de l'étude parce qu'elle permet de recueillir beaucoup de renseignements sur un habitat. Comme c'est un prédateur, sa présence permet de savoir s'il y a des proies, donc d'autres insectes. Ensuite, les lucioles préfèrent les endroits sombres, donc sans pollution lumineuse.
Les participants, de toutes sortes d'horizons, visitent un parc différent à chacune des sorties, puis notent la présence, ou non, de lucioles et de chauves-souris à l'endroit exploré. Au passage de La Presse, c'est au parc Glen Field, dans Westmount, que la balade avait lieu.
PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE
Le petit groupe d'observateurs se dirige vers le parc Glen Field de Westmount. Ils explorent un espace vert différent lors de chaque soirée de recensement.
Après avoir observé l'espace vert, les marcheurs remplissent un formulaire, qui demande une foule d'informations sur l'endroit étudié. Le ciel est-il visible ? Combien de lucioles y a-t-il ? Quel genre d'espace urbain est-ce ? Quelle est la température extérieure ? L'herbe est-elle haute ?
« C'est un peu comme regarder les étoiles »
Mike Harrison, rencontré à la marche, participait pour la première fois à un projet de science citoyenne. « Ça m'intéressait. Même si on n'en voit pas beaucoup, c'est une occasion d'apprendre. »
« C'est un peu comme regarder les étoiles », dit Louis Lax-Roseman, étudiant en biologie, en marchant dans la broussaille, tentant de voir si des insectes se dissimulent dans la pénombre. Lorsqu'il y en a beaucoup, les lucioles peuvent être comparées à des feux d'artifice, dit-il.
PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE
Les participants bénévoles doivent remplir un formulaire sur leurs observations comportant de nombreuses questions.
« On est capables de prendre beaucoup plus de données [en faisant de la science citoyenne] », mentionne Mme Despland. Elle précise que ce ne sont pas des informations parfaitement fiables, mais cela reste une bonne façon de s'engager dans sa communauté, tout en étant utile pour la planète.
C'est aussi une pratique scientifique ouverte à tous, professionnels ou non. « Il y en a qui sont biologistes, et il y en a qui ne le sont pas », dit Mme Despland.
Soirée tranquille, mais utile
Pendant la promenade à laquelle nous avons assisté, les conditions étaient loin d'être idéales pour l'observation de chauves-souris et d'insectes. La nuit était fraîche, venteuse et, surtout, lumineuse.
La pleine lune éclairait le ciel, ce qui décourageait les lucioles de sortir. Comme de fait, aucun insecte bioluminescent n'a pu être observé dans le courant de la soirée.
Mais ce n'est pas grave, « l'absence est tout aussi importante à noter que la présence ! », explique Ashley Spanier-Levasseur, qui coordonnait l'activité.
Le manque de lucioles peut aussi témoigner de la piètre qualité d'un milieu de vie pour ces bestioles.
PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE
La pleine lune éclairait le ciel pendant la promenade à laquelle La Presse a assisté, diminuant les probabilités d'apercevoir des lucioles.
« C'est certainement à cause de la pleine lune [qu'il n'y a pas de lucioles] », dit Emma Despland. Elle explique aussi que c'est la fin de la saison d'observation de ces insectes, qui préfèrent le temps plus chaud.
À l'écoute des chiroptères
Un échomètre acoustique, un appareil branché sur une tablette numérique, permet d'entendre les sons émis par les chauves-souris et de voir les ondes audio à l'écran.
PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE
Ashley Spanier-Levasseur, qui coordonnait l'activité, tient un échomètre acoustique, qui permet d'entendre les sons émis par les chauves-souris.
« J'ai eu une touche ! », s'enthousiasme Louis Lax-Roseman, qui tente de montrer la fréquence des sons captés par son appareil. Il assure qu'il s'agit d'une grande chauve-souris brune : l'étudiant en biologie peut les identifier simplement par leur cri.
Les sons des chauves-souris sont enregistrés, puis ajoutés à l'application iNaturalist, où des milliers de personnes peuvent faire de l'identification d'animaux.
Selon Emma Despland, ce genre de données est de plus en plus utile pour les chercheurs professionnels, qui peuvent constater, à l'aide d'observations citoyennes, où se situent certaines espèces animales.
La soirée n'était pas idéale pour les chauves-souris non plus, ces dernières préférant les nuits un peu plus chaudes. « Elles ont froid facilement », fait savoir Louis Lax-Roseman. Pendant toute la marche, quatre ou cinq cris ont été enregistrés avec les appareils, mais aucune bête ailée n'a pu être observée directement.
Ashley Spanier-Levasseur remarque malheureusement qu'il y a moins de chauves-souris d'année en année. « C'est un constat anecdotique, mais quand même », se désole-t-elle.
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