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« La naloxone, c'est la clé »

« La naloxone, c'est la clé »

La Presse23-07-2025
Les paramédicaux de Montréal et de Laval sont aux premières loges de la crise des surdoses. En 2024, ils ont été appelés à intervenir près de trois fois par jour pour des cas où de la naloxone, un antidote qui renverse l'effet des opioïdes, a été administrée. Il y a cinq ans, le portrait était tout autre. Un dossier de Marie-Laurence Desgagné
Pour les intervenants rencontrés par La Presse, il n'y a pas de doute : l'utilisation de la naloxone peut sauver des vies. Ils encouragent le grand public à mieux s'informer au sujet de l'administration de ce médicament, « un outil de premiers soins comme plein d'autres ». Voici quelques informations utiles pour mieux dépister les effets d'une surdose et intervenir auprès d'une personne touchée.
Quels sont les signes d'une surdose d'opioïdes ?
Une surdose survient lorsque la consommation d'une substance excède ce que le corps peut tolérer. Ses effets sont graves et peuvent entraîner la mort.
Dans le cas d'une surdose d'opioïdes, la respiration ralentit au point d'être très difficile, voire absente. Les pupilles se contractent jusqu'à se faire très petites et les lèvres et le bout des doigts deviennent bleus par manque d'oxygène. La personne peut paraître inconsciente, et n'offrir aucune réaction au bruit ou à la douleur.
Comment réagir en présence d'un individu en surdose d'opioïdes ?
En matière d'interventions, « la naloxone, c'est la clé », mentionne Catherine Boucher-Rodriguez, coordonnatrice professionnelle au sein de l'équipe de lutte contre les surdoses de la Santé publique de Laval. L'antidote permet de renverser les effets d'une surdose en agissant sur les mêmes récepteurs du cerveau que les opioïdes. Il agit généralement en environ deux minutes, mais son effet est temporaire. En cas d'intoxication importante, il est fort probable que plus d'une dose soit nécessaire pour traiter une personne en état de surdose.
« C'est donc vraiment important que les gens soient redirigés vers les services d'urgence, parce qu'ils vont peut-être avoir besoin de soins supplémentaires », précise la Dre Catherine de Montigny, médecin en médecine des toxicomanies au CHUM.
« Il faut appeler le 911, surtout qu'on ne sait pas ce que la personne a consommé. Dans le pire des cas, les premiers répondants se déplacent pour rien », ajoute Mme Boucher-Rodriguez.
Elle souligne que la loi protège les personnes qui appellent les secours des accusations de possession de drogues. Les témoins d'une surdose qui seraient eux-mêmes consommateurs n'ont donc pas à craindre l'intervention des services d'urgence, et sont encouragés à rester sur les lieux pour aider l'individu en détresse. « L'objectif, c'est de sauver la vie d'une personne », ajoute-t-elle.
Est-ce compliqué pour le public d'obtenir et d'administrer la naloxone ?
Les trousses de naloxone sont gratuites et offertes en pharmacie sans ordonnance, ou auprès de certains organismes communautaires. Elles sont distribuées « autant aux personnes qui consomment qu'aux proches ou aux intervenants », précise Mme Boucher-Rodriguez.
« C'est une bonne chose d'en avoir avec soi, il faut enlever le maximum de stigmatisation autour de ça. Il faut le voir comme un outil de premiers soins comme plein d'autres », ajoute la Dre de Montigny.
Pour la médecin, il ne faut pas que la peur d'avoir à manipuler des seringues empêche les gens de se procurer de la naloxone. « Il existe différentes façons d'administrer [cet antidote]. Une d'entre elles, c'est un intranasal [à injecter dans les narines], donc c'est vraiment simple. » L'Institut national de santé publique du Québec a aussi créé des vidéos explicatives qui permettent de mieux comprendre comment administrer le médicament.
Voyez les vidéos de l'INSPQ
Est-ce que la naloxone peut nuire au patient ?
La Dre de Montigny est catégorique. « Si on a mal jugé la situation ou que la personne a arrêté de respirer pour une raison autre qu'une surdose, on n'aura jamais causé de tort en donnant de la naloxone. »
« La naloxone est efficace uniquement sur les opioïdes », ce qui la rend moins efficace lorsque la surdose résulte d'un mélange de substances, un phénomène aujourd'hui très courant, explique Gabrielle Nadaï, agente de planification de l'équipe de lutte contre les surdoses de la Santé publique de Laval. Malgré tout, elle souligne que l'usage de l'antidote, en l'absence de certitude sur ce que la personne a consommé, « ne fera pas de mal ».
À ce titre, la Santé publique lavalloise espère pouvoir bientôt sensibiliser les jeunes du secondaire à l'importance de cette médication. « Ce qui vient renforcer notre inquiétude, c'est le fait que les jeunes sont plus naïfs face aux opioïdes », ce qui les rend à risque de surdoses, ajoute-t-elle.
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On faisait aussi de premières expertises à partir du poil d'animal. » PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE Les requêtes adressées au laboratoire d'expertise biolégale portent souvent sur les orignaux et les chevreuils. Les technologies ont évolué, mais le travail de base demeure le même. Il s'agit d'aider les agents de la faune à éclaircir les circonstances d'un acte illégal – du braconnage, par exemple –, d'en trouver l'auteur, et d'établir une preuve scientifique pour leur permettre de faire avancer leurs enquêtes. Chasse et pêche À l'automne, les requêtes sont surtout liées à la chasse. « Ces poils appartiennent-ils à un mâle ou à une femelle ? Est-ce qu'on peut faire un lien entre le poil trouvé sur une scène d'abattage et la viande saisie dans un congélateur ? Cette tache de sang appartient à quelle espèce animale ? », énumère Cécilia Hernandez. 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Sept personnes par année meurent en tentant de sauver quelqu'un de la noyade
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