
Deux ans de retard et une facture qui bondit de 30 % pour le chantier informatique
La Commission de la construction du Québec (CCQ) repousse une fois de plus le lancement de la première phase du chantier Numériccq, pierre angulaire du virage informatique du secteur québécois de la construction, a appris La Presse. La facture anticipée dépasse maintenant de 30 % le budget initialement prévu.
Prévue pour 2023, la première phase de cet important chantier informatique de la CCQ ne devait pas coûter plus de 280 millions de dollars. « Le dernier budget qui a été approuvé [pour cette phase] est rendu à 365 millions, donc 30 % d'augmentation », a confirmé à La Presse Audrey Murray, PDG de la CCQ.
Ces dernières semaines, la CCQ a repoussé pour la quatrième fois le lancement de la première phase du projet Numériccq. Également baptisé MISTRAL, ce chantier vise à remplacer les systèmes désuets de la CCQ par une plateforme de services en ligne devant simplifier les obligations administratives des travailleurs et entreprises du secteur de la construction.
La première phase est maintenant projetée pour janvier 2026, deux ans de plus que le premier échéancier. L'entreprise Deloitte assure l'intégration du projet alors que SAP développe et intègre le progiciel de gestion intégré.
Un coût à la désuétude
Audrey Murray confie qu'elle a constaté que la facture du chantier augmentait au fil des retards lors de son arrivée en octobre 2023.
PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE
Audrey Murray, PDG de la Commission de la construction du Québec
Rapidement, j'ai vu qu'il y avait un enjeu au niveau de la gouvernance et qu'il y avait des personnes clés qui n'avaient pas l'air de bien comprendre ce qu'on était en train de faire, ce qui n'était pas bon signe.
Audrey Murray, PDG de la CCQ
En examinant les analyses, elle a constaté d'importantes lacunes sur les plans de la planification et de la reddition de comptes de la part des personnes et des organisations impliquées. « Qui fait quoi ? Qui signe où ? Et là, je mets l'intégrateur là-dedans », indique celle qui estime que le projet accapare aujourd'hui 30 % de son temps.
Questionnée sur les raisons du départ de la CCQ en avril du vice-président aux technologies de l'information, Sylvain Beaupré, Mme Murray a refusé de dire s'il était lié aux déboires du chantier. « Vous comprendrez que c'est le genre de dossier qui fait l'objet de confidentialité. On a convenu, Sylvain et moi, qu'on est arrivés au bout d'un cycle. » M. Beaupré a pour sa part refusé de s'entretenir avec La Presse.
Est-ce que le délai de deux ans du chantier met en péril la transition numérique de la CCQ ? Non, assure-t-elle, précisant que le virage entamé est indispensable. « On est au bout du cycle des [systèmes informatiques actuels]. Non seulement on doit améliorer les services, mais on ne peut plus apporter les améliorations nécessaires aux systèmes. Il y a un coût à cette désuétude. »
70 % du budget pour la première phase
La CCQ a entamé sa transition dès 2018. Un premier système destiné aux employés et ressources internes – qui n'est pas comptabilisé dans le projet Numériccq – a été livré en 2021 au coût de 50 millions de dollars. « Ça a été livré dans les délais et même en dessous des coûts », dit Mme Murray.
C'est ensuite que la CCQ a lancé le chantier informatique Numériccq, dans le but d'offrir un portail à ses clients. L'organisation représente près de 200 000 travailleurs de la construction, 30 000 entreprises du secteur ainsi que des firmes comptables.
La CCQ a débloqué une enveloppe de 543 millions pour l'ensemble du projet. Avec les dépassements de coûts, la première phase aura toutefois à elle seule accaparé 70 % du budget.
« Je comprendrais mes clients de trouver que c'est beaucoup trop. Mais le niveau de complexité a manifestement été sous-estimé », répond celle qui confirme avoir demandé à ses équipes de serrer les cordons de la bourse de ses équipes. « C'est les travailleurs et les employeurs qui payent ça. Il faut serrer la vis. »
Contrairement à la SAAQ, la CCQ a préféré déployer sa solution par étapes, tient à rappeler Audrey Murray. « Nous, on n'est pas liés avec SAP et Deloitte pour les prochaines phases. On a les coudées franches pour vraiment faire un bilan », dit-elle, précisant : « On va voir si on n'a pas accès à un modèle, une alternative qui pourrait se connecter à SAP [à moindre coût]. »
Maintenant, est-ce que la PDG de la CCQ peut assurer que le lancement projeté en janvier 2026 aura bien lieu ? « Si jamais je me rends compte qu'on va vers un chaos, je ne vais pas y aller en janvier avec une mise en production, dit-elle. Moi, je ne livre pas un délai et un budget, je livre des services. »
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