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Au Japon, l'agence russe Sputnik déroule sa propagande en toute discrétion

Au Japon, l'agence russe Sputnik déroule sa propagande en toute discrétion

Bannis pour certains de l'Union européenne (UE) et sous haute surveillance aux États-Unis, des médias russes pro-Kremlin étendent leurs réseaux tentaculaires au… Japon. C'est ce que révèle l'enquête du quotidien économique japonais Nihon Keizai Shimbun, qui a notamment analysé le compte X de l'agence de presse Sputnik en japonais. Appareil de propagande de Moscou, il a été banni de l'UE après le début de l'offensive russe contre l'Ukraine, raison pour laquelle son canal japonais (@sputnik_jp) sur X n'est pas visible en France.
Signe de l'influence grandissante de l'agence russe dans l'archipel, les messages du média ont été repris 1,04 million de fois en 2024, soit trois fois plus qu'en 2023, selon des analyses du quotidien. En ce début juillet, il compte 167 000 abonnés, et 'ce nombre a progressé de 60 000 en deux ans', constate Nihon Keizai Shimbun.
L'une des stratégies du média est visiblement d'insérer des informations en faveur de Moscou concernant la guerre en Ukraine dans des contenus anodins ayant pour but de faire le buzz. Ainsi, parmi les posts qui démentent le massacre de Boutcha ou alertent sur un supposé développement d'armes biologiques par l'armée ukrainienne, le compte partage les images d'un pêcheur qui se voit offrir un caillou en signe de remerciement par une loutre de mer qu'il vient de sauver – ce post a été repris plus de 10 000 fois.
Dilemme sur la liberté de la presse
Fait notable, depuis octobre 2023, leurs contenus sont mis en ligne dans la matinée au Japon, alors qu'ils étaient auparavant postés en fin d'après-midi. Compte tenu du décalage horaire entre Moscou et Tokyo – la capitale japonaise est en avance de six heures –, 'la personne qui gère le compte est probablement passée de Moscou à Tokyo', avance le quotidien.
'L'opération de renseignement par une personne connaissant bien la culture et les tendances du pays et installée sur place, c'est l'une de leurs stratégies récurrentes', ajoute Maiko Ichihara, spécialiste de la politique internationale interrogé par Nihon Keizai Shimbun.
Qui plus est, ces informations ont la particularité d'être propagées par des personnes adeptes des théories complotistes, proches notamment du milieu antivaccin. 'Sputnik a fait plusieurs posts en allant dans ce sens, et certains d'entre eux ont été repris plus de 5 000 fois', poursuit le journal. Il cite à ce titre Hiroshi Yamazoe, chercheur à l'Institut national japonais pour les études de la défense :
'L'agence semble mettre la priorité sur la division et la déstabilisation de la société japonaise plutôt que la propagation de la propagande russe.'
Selon le quotidien, l'archipel est vulnérable face à ces opérations : 'Chez nous, on ne peut pas dire que le sujet fait l'objet de débats politiques […] La restriction des activités de ces comptes est difficile du point de vue juridique'. D'autant qu'au nom de la liberté d'opinion, la Constitution du pays interdit toute censure. Masato Kajimoto, professeur de sociologie des médias de l'université de Hong Kong estime ainsi que ce point mériterait d'être 'examiné de façon très prudente afin de ne pas nuire à la liberté de presse [au Japon]'.

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