Le Jura utilise des harpes électriques et des muselières contre les frelons asiatiques
La population de frelons asiatiques a triplé en l'espace d'une année en Suisse.
AFP
Des méthodes inédites pour protéger les abeilles face au frelon asiatique. Sur les hauteurs de Cornol, dans le canton du Jura , des scientifiques ont mis en place des harpes électriques et des «muselières» sur les ruches pour tester de nouvelles défenses, rapporte un communiqué du Centre international pour l'agriculture et les biosciences (CABI) .
Le frelon asiatique a fait son apparition en 2004 dans le sud-ouest de la France, avant de se répandre à travers l'Europe. En Suisse, sa population a triplé en l'espace d'un an . Les scientifiques du CABI y ont été confrontés pour la première fois en 2020 au Noirmont (JU). Une évolution inquiétante, car cet insecte invasif représente une menace pour la production de miel, la pollinisation, la biodiversité, ainsi que pour les espèces locales de frelons, d'abeilles et de guêpes.
Afin de limiter les dégâts causés par le frelon, la Fondation rurale interjurassienne (FRI) mène une expérimentation inédite en Suisse, en partenariat avec le CABI. Deux méthodes de protection
À Cornol, neuf ruches participent à l'expérience. Trois d'entre elles ont été équipées de harpes électriques: des structures composées de fils électrifiés, alternant courant positif et négatif. Les abeilles, qui ne touchent qu'un seul fil, peuvent les traverser sans danger. En revanche, les frelons, en contact avec plusieurs fils simultanément, reçoivent une décharge mortelle.
La docteure Julie Hernandez, experte en abeilles mellifères à la Fondation rurale interjurassienne (FRI), et Simon Aebi, apiculteur dans le canton du Jura, évaluent une ruche.
CABI
Trois autres ruches ont été protégées par muselières. Il s'agit de clôtures métalliques qui empêchent les frelons de chasser à l'entrée de la ruche, permettant ainsi aux abeilles de butiner sans être dérangées. Les trois ruches restantes n'ont pas été protégées et servent de témoins pour comparer les résultats. Ce protocole est reproduit sur neuf sites répartis dans le canton du Jura.
Au-delà de leur efficacité, les scientifiques cherchent aussi à évaluer l'impact de ces dispositifs sur l'environnement. Car si les harpes ont déjà permis d'éliminer des centaines de frelons par jour dans des zones fortement infestées, comme en France ou en Espagne, les scientifiques ne s'attendent pas à des résultats aussi spectaculaires dans un écosystème plus équilibré comme celui du canton du Jura. Protéger les abeilles et l'environnement
Selon le docteur Lukas Seehausen, chercheur au CABI à Delémont, c'est la première fois que ce type d'approche est testé en Suisse. Cité dans le communiqué, il souligne: «Nous voulons obtenir des données quantitatives et qualitatives réelles afin de déterminer quelle méthode, le cas échéant, mérite d'être recommandée.»
La docteure Julie Hernandez, spécialiste des abeilles mellifères à la FRI, précise: «Nous utilisons l'évaluation de la structure des colonies d'abeilles mellifères pour des études de terrain afin de déterminer si la santé des abeilles attaquées par le frelon asiatique peut être améliorée grâce à une utilisation judicieuse de ces dispositifs.»
Le frelon asiatique n'est pas plus agressif envers l'humain que son cousin européen. En revanche, sa piqûre peut être dangereuse pour les personnes allergiques. De plus, il se distingue par sa capacité à être très nombreux et à décimer les ruches.
Sur le frelon asiatique en Suisse
Mathilde Schott est journaliste au sein de la cellule numérique de Tamedia. Elle a obtenu son Master à l'Académie du journalisme et des médias (AJM) de l'Université de Neuchâtel en 2024. Elle a auparavant travaillé pour Keystone-ATS, la RTS, Blick et le Quotidien Jurassien. Plus d'infos
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