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« Nous aimons l'idée de donner une deuxième vie » : dans l'Aube, deux hébergements insolites ont rejoint le Village de la Champagne

« Nous aimons l'idée de donner une deuxième vie » : dans l'Aube, deux hébergements insolites ont rejoint le Village de la Champagne

Le Parisiena day ago
Au cœur de la Champagne, à quelques pas du centre-ville de Bar-sur-Aube (Aube), le Village de la Champagne propose des expériences d'hébergement insolite, entre confort, nature et originalité. Imaginé par l'entreprise familiale Slowmoov, ce site unique conjugue créativité, hospitalité et engagement durable. En cette saison 2025, deux nouveaux hébergements ont été inaugurés, pouvant accueillir deux à quatre personnes.
Le premier, le Saga, est tout simplement un bateau restauré et transformé en logement. Le second, la cabane de Vendredi, est un logement avec une coque de bateau faisant office de toit.
La cabane de Vendredi, nouveauté 2025 du village de la Champagne, a une coque de bateau en guise de toit. LP/Barbara Baudin
Ils rejoignent la vingtaine de types de logements différents du Village de la Champagne. Du pod sans douche ni WC jusqu'au lodge avec jacuzzi privatif, cuisine équipée et prestations hôtelières, les touristes solitaires comme les groupes jusqu'à 10 personnes peuvent y trouver leur bonheur. Les visiteurs peuvent aussi profiter de prestations bien-être, ouvertes au public extérieur : sauna, jacuzzi, terrasse dans l'espace détente Bulles, à réserver pour une heure de déconnexion.
Réaménagés et réutilisés
L'aventure Slowmoov est née il y a une quinzaine d'années avec la création du premier bateau-hébergement, La Toue Cabanée, à Chassenard (Allier). Aujourd'hui, l'entreprise possède plusieurs sites en France, dont celui de l'Aube, en pleine évolution. « Proche de la nature et pourtant à deux pas de la ville, le Village de la Champagne offre un véritable bol d'air. À la seconde où on passe le grillage, avec la verdure qu'on a, on a l'impression de se retrouver en pleine campagne », présente Jeanne-Gwladys Carignant, responsable commercial de Slowmoov.
L'ADN de Slowmoov repose sur l'originalité et la seconde vie donnée à des matériaux et objets au sein des ateliers de la société mère CPC Chantier, un chantier naval fluvial en Bourgogne du Sud : tonneaux bourguignons, coques de bateaux, cabanes fabriquées sur mesure…
« Dans un premier temps, nous avons commencé avec des produits achetés à des personnes qui fabriquaient des cabanes, puis nous avons créé nos propres gammes dans notre usine de fabrication de bateaux », développe Jeanne-Gwladys Carignant. « Les foudres que vous voyez ici, ce sont des vraies foudres où le vin macérait en Bourgogne. On les a rachetés à des vignerons, puis réaménagés pour en faire un hébergement de 9 m2 avec douche, WC et un couchage. Nous aimons l'idée de recycler, de donner une deuxième vie. Ma famille est dans la fabrication de bateaux depuis 30 ans. Nous avons créé les nouveaux logements, comme la cabane de Vendredi avec une coque de bateau soulevée à l'avant en guise de toit que l'on fabrique, pour une expérience authentique en pleine nature. »
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Indignation après l'abattage d'un arbre planté en hommage à Ilan Halimi
Indignation après l'abattage d'un arbre planté en hommage à Ilan Halimi

Le Figaro

time25 minutes ago

  • Le Figaro

Indignation après l'abattage d'un arbre planté en hommage à Ilan Halimi

Une enquête a été ouverte à Épinay-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis, pour retrouver l'auteur de cet acte à caractère antisémite. De l'olivier planté dans le jardin communal d'Alcobendas, à Épinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), il ne reste plus qu'un tronc de quelques dizaines de centimètres de haut. Le reste de l'arbre, mis en terre en hommage à Ilan Halimi il y a presque quinze ans, gît à proximité de la plaque commémorative. « Aucune autre dégradation n'a été constatée » sur ce lieu, situé au-dessus des berges de la Seine, tout près de l'hôtel de ville, indique une source policière. La scène a été découverte jeudi matin, à 9 heures, par des agents de l'établissement public territorial Plaine Commune, dont Épinay-sur-Seine fait partie. Immédiatement, Hervé Chevreau, le maire sans étiquette de cette ville d'un peu plus de 50.000 habitants, a porté plainte pour dégradation de bien public. Pour l'édile, il ne fait aucun doute que cet acte de vandalisme revêt un caractère antisémite. À lire aussi Olivier d'Ilan Halimi coupé : «Ils peuvent abattre un arbre, nous replanterons», condamne Aurore Bergé Publicité L'olivier, symbole de paix et d'espoir, avait été planté en 2011 pour rendre hommage à Ilan Halimi, jeune Français juif de 23 ans, ciblé parce qu'il était « juif, donc riche », selon les préjugés antisémites de Youssouf Fofana et de son « gang des barbares ». Il avait été séquestré et torturé pendant 24 jours en janvier 2006 dans une cité de Bagneux (Hauts-de-Seine) par une vingtaine de tortionnaires qui comptait obtenir une rançon. Découvert un peu moins d'un mois plus tard nu, bâillonné et menotté au bord d'une voie ferrée de Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l'Essonne, où l'avaient abandonné ses bourreaux après l'avoir poignardé et brûlé à l'essence, le jeune homme était mort pendant son transfert à l'hôpital. Présenté comme le « cerveau » de ce meurtre antisémite, Youssouf Fofana a été condamné en juillet 2009 à la réclusion criminelle à perpétuité assortie de 22 ans de sûreté. «C'est le tuer une deuxième fois» À l'époque, le calvaire d'Ilan Halimi avait suscité une vive émotion dans toute la France. Près de vingt ans plus tard, l'abattage de cet arbre, planté pour lui rendre hommage, résonne comme une volonté de « le tuer une deuxième fois », a réagi le chef de l'État, Emmanuel Macron, sur X. Le parquet de Bobigny a ouvert une enquête pour « destruction de bien destiné à l'utilité ou la décoration publique », confiée à la sûreté territoriale du 93, pour faire la lumière sur cette profanation qui a eu lieu vers 2 heures du matin. À cette heure-là, la présence de témoins oculaires est peu probable. Des voisins ou des passants auraient-ils pu entendre le bruit d'une tronçonneuse ? Aucun outil n'a été retrouvé près de l'arbre abattu, indique le parquet. « Le parc est dépourvu de caméra de surveillance, mais le parking situé à proximité immédiate en compte trois », précise une source policière. Selon nos informations, les images enregistrées ont déjà pu être consultées par un officier de police judiciaire. « Au milieu de la nuit, on aperçoit une silhouette avec un sac escalader les grilles, mais le lieu est très végétalisé, très boisé, l'identification formelle pourrait être compliquée », a commenté le maire, contacté par nos confrères du Parisien, qui ont révélé l'affaire. En attendant les suites de l'enquête pour identifier l'auteur et connaître les raisons qui l'ont poussé à commettre cet acte de vandalisme, le président de Plaine Commune, Mathieu Hanotin, s'est « d'ores et déjà engagé à ce qu'un nouvel arbre commémoratif soit replanté dans les meilleurs délais ». La ville de Sainte-Geneviève-des-Bois, où Ilan Halimi avait été retrouvé agonisant, en avait fait de même après que deux arbres plantés en sa mémoire, dont l'un portait sa photo, avaient été vandalisés et sciés le 11 février 2019. L'arbre pour Ilan Halimi, vivant rempart contre l'oubli, a été fauché par la haine antisémite François Bayrou, premier ministre Les réactions politiques n'ont pas tardé à affluer pour dénoncer l'abattage de l'arbre d'Épinay-sur-Seine, alors que la haine antisémite a explosé en France depuis l'attaque du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023. « La nation n'oubliera pas cet enfant de France mort parce que juif. Tous les moyens sont déployés pour punir cet acte de haine. Face à l'antisémitisme : la République, toujours intransigeante », a affirmé Emmanuel Macron sur X. « L'arbre pour Ilan Halimi, vivant rempart contre l'oubli, a été fauché par la haine antisémite, a accusé le premier ministre, François Bayrou. Nul crime ne peut déraciner la mémoire. La lutte jamais achevée contre le mortel poison de la haine est notre devoir premier. » Une condamnation unanime La ministre de l'Éducation nationale, Élisabeth Borne, a regretté l'abattage d'un « symbole d'espoir face à la barbarie ». « Le détruire est un acte infâme de haine et d'antisémitisme d'une lâcheté absolue. Nous sommes face à un affront à notre mémoire collective et aux valeurs de la République. Les auteurs devront répondre de leurs actes. » Le président de l'UDR, Éric Ciotti, a de son côté fustigé « un abominable symbole de l'explosion de l'antisémitisme dans notre pays autant qu'une infâme attaque contre la mémoire du martyr d'Ilan Halimi ». Publicité À gauche, l'eurodéputé Raphaël Glucksmann, coprésident de Place publique, a rendu hommage à « Ilan Halimi, victime perpétuelle des barbares », « pourchassé désormais par-delà la mort ». « Paix à son âme et lutte sans relâche contre les ordures antisémites, ceux qui les excusent et leur pavent la voie », a-t-il asséné. Quant à Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste, il a déclaré : « Honte au profanateur antisémite qui a dû penser que cet acte était d'un courage infini… » C'est émouvant que l'État, la mairie, les citoyens se mobilisent pour dire que ce n'est pas juste un arbre qui a été coupé, c'est une espérance qu'on a cherché à saboter Haïm Korsia, grand rabbin de France Présent à Épinay-sur-Seine après la découverte de l'olivier tronçonné, le grand rabbin de France, Haïm Korsia, a dit trouver « émouvant que l'État, la mairie, les citoyens se mobilisent pour dire que ce n'est pas juste un arbre qui a été coupé, c'est une espérance qu'on a cherché à saboter ». Il a ensuite prié avec d'autres membres de la communauté juive devant la stèle en hommage à Ilan Halimi. Quelque 504 actes antisémites ont été relevés en France entre janvier et mai 2025, soit une augmentation de 134 % par rapport à la même période deux ans plus tôt, selon des chiffres diffusés début juillet par le ministère de l'Intérieur. Malgré une baisse de 24 % par rapport à 2024, le niveau reste « très élevé ».

« C'est valorisant de courir sur un site visité par des passionnés du monde entier »  : visite du seul stade dessiné par Le Corbusier
« C'est valorisant de courir sur un site visité par des passionnés du monde entier »  : visite du seul stade dessiné par Le Corbusier

L'Équipe

timean hour ago

  • L'Équipe

« C'est valorisant de courir sur un site visité par des passionnés du monde entier » : visite du seul stade dessiné par Le Corbusier

Autant l'annoncer d'emblée, Charles-Édouard Jeanneret dit Le Corbusier (1887-1965) père du modernisme architectural, concepteur révolutionnaire de la Villa Savoye à Poissy dans les Yvelines et de la Cité radieuse de Marseille, n'était pas le genre de gars avec qui on avait envie de boire une bière. Il se montrait raide avec ses clients et ses collaborateurs, misogyne, malaisant au plan politique. Son opportunisme le fit tanguer (très) à droite dès les années 1930, draguant le régime de Vichy sous l'Occupation, ou bien (très) à gauche si le sort d'une de ses unités d'habitation qui ont fait sa renommée planétaire, tel le Centrosoyus de Moscou, érigé au moment où Staline entame son bail de dictateur sanguinaire (1928), en dépendait. La saga du Stade de France La seule chose qu'on ne pourra jamais reprocher à celui dont l'Unesco a classé l'intégralité de l'oeuvre à son patrimoine mondial le 17 juillet 2016 en tant que « contribution exceptionnelle au mouvement moderne » est d'avoir anticipé il y a un siècle la façon dont les citadins veulent vivre aujourd'hui, entre la nature et les éléments. Baignée de lumière, la Cité radieuse de Marseille se fond dans le bleu de la Méditerranée. À la Villa Savoye, il a mis en scène une maison qui abolit spectaculairement les frontières entre extérieur et intérieur. L'ancien disciple d'Auguste Perret, le reconstructeur du Havre d'après-guerre, avait une conception hygiéniste de l'habitat. Sans être un ardent pratiquant lui-même, il considérait le sport comme un facteur de régénérescence physique et morale, en phase avec la pensée dominante des années 1930. En 1936, « Corbu » eut une idée radicale : raser le centre de Paris pour y ériger des tours d'habitation géantes, histoire que l'air circule. En parallèle, il fit parvenir des plans au sous-secrétariat d'État à la Santé publique chargé de l'Organisation des Loisirs et des Sports du Front populaire. Ceux d'un complexe olympique d'une capacité de 100 000 spectateurs. Le seul stade signé le Corbusier en France Paradoxalement, le seul stade en France qu'il a dessiné de sa main ne dispose que de 4 500 places. On le trouve à Firminy, dans le département de la Loire. Ses habitants, qu'on appelle les Appelous, s'y sont massés le 22 juin 2024 pour voir passer la flamme olympique. Lors de cette fête populaire, combien au sein de cette cité ouvrière à forte densité de population immigrée, marquée par de violentes émeutes en 2009, où la commune voisine de La Ricamarie est restée détentrice du record de France du nombre de débits de boissons par nombre d'habitants année après année, combien donc ont conscience, en posant leurs fesses sur les bancs en béton, de faire corps avec un pan de l'histoire de l'architecture ? Tous. Firminy est piquouzée au Corbusier. Matrixée au Modulor, la silhouette humaine standardisée d'1,83 m servant à calibrer la structure d'une unité d'habitation. Le Corbusier ou le produit d'appel idéal pour le rayonnement de la cité qui compta jusqu'à 25 000 habitants quand Creusot-Loire employait tout un bassin de population. La big, big star locale. Tout Appelou qui se respecte a appris à nager à la piscine André-Wogenscky, le bras droit du grand homme. Tous les collèges de la ville sont montés en cortèges visiter l'unité d'habitation. La Maison de la culture leur appartient corps et biens. Réchauffée par ses couleurs primaires, on y vient pour danser, peindre, assister à des expositions ou des concerts. Posée sur un socle de grès houiller massif, on y a une vue d'ensemble sur le stade (en béton) derrière laquelle se profile l'église Saint-Pierre (en béton) qui fait comme la cheminée d'un transatlantique géant. « Le stade est très joli, très bien agencé malgré son âge » Elise Fournel, lycéenne et licenciée au club d'athlétisme de Firminy Le béton de « Corbu ». Mythique. Comme à Poissy où, un an après sa construction, les propriétaires engagent un procès contre l'architecte car il pleut dans leur chambre, une partie de la façade de la Maison de la culture a menacé de s'effondrer en 1962. L'étanchéité : intemporel caillou dans la chaussure du Corbusier (et des locataires). Mieux valait prendre son temps pour qu'un ciment, enfin de bonne qualité, prenne. Entamée en 1973, la construction de l'église Saint-Pierre a été achevée en 2006. Celle du stade d'athlé a duré un peu moins : quatre ans, entre 1966 et 1969. Si à Poissy le flux des visiteurs tient de la déambulation dévote, Ali Hadj, 36 ans, gérant du Café du Mail, situé à deux cents mètres du stade, garde des souvenirs guillerets de la Semaine de l'enfance qui se déroulait là avant les grandes vacances. « Les centres aérés de Firminy se rejoignaient pour des festivités autour du sport. Je n'en avais pas conscience puisque j'avais dans les 10-12 ans, mais toutes les classes sociales se mélangeaient : ceux qui avaient la vie aisée, ceux qui avaient la vie moins aisée. » Claude Bardy, 86 ans, ancien entraîneur à l'ACO (l'Athlétic Club de l'Ondaine), le club d'athlétisme du coin, a vécu les travaux en privilégié : « Je travaillais moi-même dans le bâtiment. Les patrons nous envoyaient visiter. "Corbu", c'est spécial. Une façon de vivre autrement. Avant, il y avait une école au dernier étage de l'unité d'habitation. Avec ma 4L, j'allais chercher mes jeunes qui habitaient là-haut. On partait aux Championnats de France. » Élise Fournel, lycéenne à Albert-Camus, a été marquée par le confort des appartements : « Autrefois les gens n'avaient pas forcément des logis aussi bien réalisés avec une chambre pour chacun, une salle de bains, la vue depuis sa terrasse. » Licenciée à l'ACO, elle pratique le 400 et le 800 m. « Le stade est très joli, très bien agencé malgré son âge. Il reste agréable à utiliser. C'est valorisant pour nous de courir sur un site comme celui-ci, visité par des passionnés du monde entier. » Des matches amicaux de Saint-Etienne L'inauguration, en 1971, aurait plu à l'iconoclaste archi. Sur cette terre de football, à quinze kilomètres de Geoffroy-Guichard, les Appelous se voient proposer un match de rugby entre Béziers et Narbonne. Il en est passé des clients au Corbusier. Les Verts de Saint-Étienne pour une série de matches amicaux comme cette rencontre face au Dinamo Bucarest en 2000. À la fin des années 1980, un tournoi international juniors de football prend place sur le site classé Monument historique (et toujours le seul dans sa catégorie). Sur le terrain, ça gueule en anglais, portugais, danois, algérien, italien. Hafida Gadi-Richard s'est entraînée dans les couloirs de la piste d'athlé pour décrocher son titre de championne de France de semi-marathon en 2002. Le soir du 26 juin, le deuxième des trois meetings du Challenge Loire renvoyait aux belles heures du sport en vallée de l'Ondaine. Quatre-vingt-cinq records personnels y sont tombés. Dans la semi-obscurité, Julien Rabaca, de l'ACS Monistrol, remportait la finale du 3 000 m en 8'23''. Trois jours plus tard, transportés par hélicoptère, les poteaux d'éclairage validés par les architectes des bâtiments de France permettraient d'y voir plus clair. Des puristes, ces gens-là. Pointilleux comme pas permis. « Ici, on a toujours une forme de bataille entre les architectes des bâtiments de France, soucieux de faire respecter la règle corbuséenne, et les pratiquants qui veulent faire leur sport », sourit Didier Chastel, responsable du stade, également manager de la section athlétisme. « Un stade signé Le Corbusier, ça ne se gère pas comme n'importe quel autre. » Olympiades, utopie architecturale née dans l'euphorie des JO de Grenoble Maire de Firminy, Julien Luya a appris à composer avec les bâtiments de France : « Ils ont leur conception de la préservation du patrimoine. » Il prend l'exemple de l'éclairage. « Les dessins d'origine comportaient des mâts d'éclairage aux quatre coins du stade. On dit que Le Corbusier était rigide. Au contraire, il avait intégré que les progrès de la technique puissent modifier certains de ses bâtiments et il ne s'en offusquait pas. C'est en cela que nous avons plaidé auprès des bâtiments de France pour installer des mâts éclairant puissamment mais qui coûtent moins cher que si nous avions dû les reproduire à l'identique. » Des détails peuvent agacer Didier Chastel : « Rien n'avait été prévu pour le stockage du matériel à l'exception d'une petite cabane. Où est-ce qu'on range les haies ? Et les tondeuses à gazon ? » Reprenant les points essentiels de l'architecture corbuséenne, la piscine, de l'autre côté des tribunes, s'en sort-elle mieux ? Le fait qu'elle soit actuellement en pleins travaux ne plaide pas en sa faveur d'autant qu'elle l'a été régulièrement depuis sa mise en fonction en 1971. Dans les entrailles du bâtiment, la corrosion est une source d'inquiétude permanente avec 15 000 m3 d'eau qui exercent une pression d'enfer sur le béton pas très armé du Corbusier. Des morceaux entiers se décrochent des parois si on les gratte avec les doigts et il a plu aussi directement dans le grand bassin. La piscine, lieu de rencontre des nageurs et des visiteurs D'habitude résonnent ici les cris des gamins dévalant les toboggans à eau, ajoutés sans dénaturer l'espace. En ce moment, des échafaudages occupent le bassin de 25 m vide et montent à la hauteur du plongeoir de 5 mètres. Même comme cela, les immenses surfaces vitrées, les escaliers type coursive, le bleu et le jaune de « Corbu » mêlés à l'orange cher à Wogenscky, signataire définitif de l'oeuvre en 1970, nous replongent dans l'atmosphère de Playtime, le long-métrage de Jacques Tati (1967). Gilles Villeneuve (un homonyme du pilote canadien de Formule 1) dirige la piscine. Son « Corbu », il le gère au jour le jour. « Cette piscine est une pièce rare de nos jours, mais la question qui se pose aussi est de savoir si elle est bien adaptée. » La force mais aussi la principale faiblesse de la piscine résident dans ce béton à haute teneur historique, on l'a vu, mais qui n'autorise des transformations qu'à la marge. « Chaque fois qu'on veut apporter des améliorations, il faut passer par le patrimoine (la direction générale des patrimoines et de l'architecture). Nous avons des dépenses d'énergie énormes. 325 000 euros en 2023, rien que pour l'électricité. On pourrait disposer des panneaux photovoltaïques sur le toit mais le caractère patrimonial du site nous l'interdit. » Il pointe les leds au plafond : « Avec les normes architecturales fixées, ils nous ont coûté trois fois plus cher que pour une installation classique. » Le directeur se félicite en revanche du faible prix d'entrée pour un bâtiment situé en plein centre-ville et géré à 100 % par la municipalité, une rareté au moment où les centres aqualudiques privés poussent comme des champignons en périphérie des cités : 2 euros hors abonnement pour ses concitoyens, 5 euros pour les autres. « On n'a peut-être pas un bassin à débordement, on s'accroche à des goulottes, mais c'est le prix à payer pour nager dans du Corbusier. Et c'est un lieu vivant. L'an dernier, on a accueilli 43 classes de primaire. Le club des Dauphins, lui, repart fort avec 280 licenciés » Gilles Villeneuve, directeur de la piscine de Firminy « On n'a peut-être pas un bassin à débordement, on s'accroche à des goulottes, mais c'est le prix à payer pour nager dans du Corbusier. Et c'est un lieu vivant. L'an dernier, on a accueilli 43 classes de primaire. Le club des Dauphins, lui, repart fort avec 280 licenciés. La piscine fait partie d'un circuit touristique. Après être passés à l'église Saint-Pierre, les gens font un stop chez nous. On a deux sortes de public : les nageurs et les visiteurs. » On lève le nez. Des dizaines de corbeaux survolent la pelouse du stade. Symbolique fugace. Pourquoi Charles-Édouard Jeanneret-Gris s'était-il rebaptisé « Le Corbusier » ? Du côté de sa mère, il comptait un trisaïeul belge dénommé Lecorbésier et il éprouvait aussi un faible pour les corbaques (il signait « couah ! couah ! » ses courriers personnels). Le gars qui peignait à poil dans son 240 m2 situé au 24 de la rue Nungesser-et-Coli dans le XVIe arrondissement parisien, d'où il disposait d'une vue plongeante sur le Parc des Princes, avait propension à se laisser gagner par son intransigeance. Ainsi, le 12 janvier 1936, il assiste, du haut de son appartement-atelier, à la branlée infligée à l'équipe de France lors par les Pays-Bas (1-6) d'une rencontre amicale. Plus que les trois buts de Beb Bakhuys, c'est le tableau d'affichage du stade qui coince. « Les chiffres étaient si sales qu'avec ma lorgnette j'arrivais à peine à les lire. Triste tenue de maison », écrit-il dans Quand les cathédrales étaient blanches (1937). Il en rajoute une couche sur l'horloge du Parc des Princes : « Elle est recouverte par la publicité d'un chocolat ; deux autres cinquièmes du tableau proclament les vertus d'un cirage à chaussures. On a vendu sa dignité pour gagner quatre sous, cela au nom des étrangers qui viennent participer ici aux joutes internationales décisives, où la France hisse son drapeau à côté de celui des nations rivales. Sale nature d'esprit. Relâchement. Bassesse. » Fichu bonhomme !

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Le Figaro

time2 hours ago

  • Le Figaro

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Réservé aux abonnés La surfréquentation des sites les plus prisés menace leur avenir, en plus d'excéder les habitants. Les pouvoirs publics prennent des mesures pour mieux répartir les flux de visiteurs dans le temps et l'espace. Des hordes de touristes sur la butte Montmartre à Paris ou à Versailles, des plages bondées sur la côte basque… l'été bat son plein en France, avec son lot de contrariétés : à la mer, à la campagne comme en ville, la surfréquentation touristique devient une plaie pour les sites les plus prisés, et menace leur avenir. Tout le monde en pâtit. Les touristes eux-mêmes sont déçus par leur expérience de visite, les habitants n'en peuvent plus, la nature perd ses droits, les monuments saturent… 95 % des voyageurs se rendent sur moins de 5 % de la planète Inlassablement pourtant, les flux de visiteurs se concentrent sur les mêmes endroits. « Présence touristique perçue comme excessive et nuisible » : le mot surtourisme a fait son entrée dans l'édition 2025 du dictionnaire le Robert, tant le phénomène est bien établi. D'après l'Organisation mondiale du tourisme (OMT), 95 % des voyageurs se rendent sur moins de 5 % de la planète. Malgré la variété de ses régions, la France, première destination touristique mondiale avec 100 millions de visiteurs…

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