
Victoire de Victoria Mboko
On rejoint nos sièges, section 226, rangée A. Vous le savez, je suis un inconditionnel du Canadien. J'adore aller au Centre Bell encourager l'équipe, mais je dois admettre que le sport auquel il est le plus agréable d'assister en présentiel (ça faisait longtemps !), c'est le tennis. Et de loin.
Y fait beau. On est dehors. Relaxe. Y'a pas de chikaboumchikaboum à tout bout de champ. On crie puis on se calme. Notre silence est aussi lourd de sens, aussi chargé que nos applaudissements. Devant nous, il y a deux êtres humains, sans armure, sans masque, que l'on peut regarder dans les yeux, que l'on peut voir se concentrer, se donner, s'épanouir ou s'affaisser. C'est un spectacle à dimension humaine. C'est du théâtre à deux personnages. On se croirait au parc du coin à regarder jouer nos voisins. Sauf que nos voisins sont les meilleurs joueurs et les meilleures joueuses au monde.
Ce soir, c'est spécial. Il y a quelque chose dans l'air, et pour une fois, ce n'est pas de la pollution, c'est de l'amour.
Une émotion pure. Joyeuse, bon enfant. Tout le monde affiche un grand sourire, comme le gars dans la pub de Trivago.
Une bénévole qui aide les gens à trouver leur place me dit : « Est-ce que c'est vous ou Patrick Lagacé qui avez dit qu'elle avait déjà gagné ? » Je lui réponds : « Je crois que c'est Paul Arcand… » Elle rétorque : « En tout cas, c'est vrai, elle a déjà gagné. » Elle, on sait qui c'est, même pas besoin de le préciser, c'est Vicky.
Oui, elle a déjà gagné, il y a deux semaines. Personne n'aurait parié qu'elle allait se retrouver en finale de l'Omnium Banque Nationale. On connaissait à peine son nom. Maintenant, on l'appelle par son prénom. Comme Céline et Ginette. Quoi qu'il arrive, une étoile est née. Et elle n'a pas fini de briller. Comme la lune, presque pleine, qui, plus tard, va arriver, rangée ciel.
La dame, qui connaît bien les chroniqueurs de La Presse, nous tend deux pancartes sur lesquelles on peut lire : « Allez Vicky ! » Des deux côtés. Pas besoin de traduire. On est à MONTRÉAL avec un accent aigu, comme c'est inscrit sur le terrain. Et puis le nom « tennis » vient du français « tenez ». Tenez-vous bien, ça va brasser.
Le match va débuter. Au tennis, pas de cloche ni de grosse sirène pour nous prévenir que ça commence. Seulement un premier grand silence envahissant le stade. L'échauffement des joueuses est terminé. Cette fois, elles frappent pour vrai.
PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE
Victoria Mboko, lors de sa finale contre Naomi Osaka, jeudi
La première manche se passe mal pour notre protégée. 6–2 Osaka. On est déçus, mais pas découragés. Premièrement, Mboko a déjà gagné. Et puis la Canadienne nous a habitués à commencer en mouton et à finir en lion. Alors, on ne sait jamais.
Le monsieur assis à côté de nous est japonais. Il vit au Québec depuis 1968. Sa fille qui l'accompagne est née ici. On pourrait croire qu'ils prennent pour la Japonaise. Les racines étant plus fortes que tout. Pas du tout, ils sont team Vicky, comme nous.
C'est ce qui est magique, en ce moment, on est 12 000 personnes qui ne se connaissent absolument pas, mais qui espèrent la même chose : un triomphe de notre compatriote. Ça nous rapproche. Ça nous unit.
C'est la beauté du sport. Faire réaliser à des gens qui vivent en étrangers, au même endroit, qu'ils sont semblables, qu'ils font partie de la même famille. Qu'ils habitent la même maison, le même pays. Allez, notre sœur Vicky !
On brandit nos pancartes. Et Vicky y va. Pas à peu près. Elle remporte la deuxième manche 6 à 4. Tout se décidera lors de la troisième.
Naomi Osaka semble ébranlée. Elle ne s'attendait pas à une telle opposition de son adversaire. Et en plus, le troisième joueur (le public) la déstabilise. À Montréal, normalement, la foule l'appuie. Mais pas cette fois. La nôtre d'abord.
L'ultime manche est quelque chose de plus en plus répandu dans notre belle ville. Non pas un nid-de-poule, mais plutôt un sens unique. Mboko domine sa rivale. Tellement que je n'arrête pas de me dire : « Ça se peut pas. Ça se peut pas. » Point de match. Réussi. Vicky tombe à genoux. Ben oui, ça se peut !
Victoire, Victoria !
On exulte de joie. L'arbitre brésilienne ne peut plus nous rappeler à l'ordre. C'est l'ovation. Digne d'une Coupe Stanley.
Quelle histoire ! Un conte de fées. Ou plutôt un conte de filles. C'est l'un des agréables constats de ces derniers jours. Le tennis féminin a complètement éclipsé le tennis masculin. Personne ne se demande ce qui se passe à Toronto, au même moment.
On n'en a que pour les dames. Ce qui prouve que le sport féminin peut autant, et parfois plus, nous emballer que son pendant masculin. Je souhaite aux hockey, soccer et basket féminins d'atteindre ce degré de popularité.
Vicky est en train de parler au monde, avec toute la franchise, la gentillesse, l'humilité et l'intelligence dont elle a fait preuve durant tout le tournoi. Ce n'est pas une one-hit wonder que nous avons devant nous. Cette femme est solide. Tant face à l'adversité que face au succès. Elle ira loin. Elle est déjà rendue plus loin qu'aucune joueuse canadienne de 18 ans ne s'est rendue. Dix-huit ans ! C'est hallucinant.
PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE
Victoria Mboko célèbre sa victoire, jeudi.
Marc et moi saluons nos amis d'un soir, assis à A3 et A4. On prend une grande respiration. C'est bon. La brise du soir souffle sur l'enceinte. Rafraîchissante comme notre nouvelle idole.
Je la regarde prendre soin de tous les fans qui l'entourent. Brillante comme la lune qui est arrivée à temps pour la dernière manche. Je me sens privilégié d'être là. On parlera longtemps de cet évènement, et chaque fois, je pourrai dire : « J'étais là. » Oui, j'étais là. Comme des milliers de chanceux. Les autres y étaient aussi, à leur façon. Devant leurs écrans ou en pensée.
Là avec elle, que nous ne connaissions pas, ou à peine, il y a deux semaines. Avec elle, qui a gagné. Déjà et maintenant.
« J'aime Montréal ! », dit Vicky.
Montréal l'aime aussi.
Le M dans Mboko, c'est pour « Montréal ».
Le M dans Mboko, c'est pour « aime », aussi.
Que vous soyez un Déry, un Smith, un Laferrière, un Rossi, un Ibrahim, un Wang, on est tous des Mdéry, Msmith, Mlaferrière, Mrossi, Mibrahim ou Mwang, aujourd'hui.
Signé Mlaporte.

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