De Liverpool à la sélection portugaise, la famille du football s'est rassemblée à Gondomar pour rendre hommage à Diogo Jota et André Silva
« Il n'y a pas de mots », a avoué l'évêque de Porto quelques secondes après avoir pris la parole pour ouvrir les obsèques de Diogo Jota et André Silva, décédés dans la nuit de mercredi à jeudi dans un accident de voiture près de Zamora, en Espagne. Pas de mots peut-être mais des images difficiles à oublier.
Il fallait avoir le coeur bien accroché pour soutenir celle de la veuve de l'international portugais penchée la main sur le cercueil de son mari, montant les marches de l'église de Gondomar voûtée sous le poids la détresse. Elle avait épousé l'attaquant de Liverpool le 22 juin, à quelques hectomètres de là, elle qui avait tout vécu avec lui depuis le lycée et venait d'avoir un troisième enfant, en novembre dernier.
À côté d'elle, parmi ceux qui portaient son mari ce samedi en fin de matinée, Ruben Neves. Le compère des années Porto et Wolverhampton, à peine débarqué avec Joao Cancelo des États-Unis, où ils avaient disputé la veille sans la moindre envie d'être là un quart de finale de Coupe du monde des clubs avec Al Hilal (1-2 contre Fluminense). Beaucoup d'autres internationaux ou ex-internationaux portugais (Joao Moutinho, Bernardo Siva, Joao Felix, Danilo Pereira, Bruno Fernandes, Ruben Dias, Ricardo Horta, Adrien Silva, José Sa, Rui Patricio, Ruben Semedo) sont venus.
« Ce sont des jours très tristes, mais aujourd'hui nous montrons que nous sommes une famille, que nous sommes tous unis et que nous sommes le Portugal »
Roberto Martinez, sélectionneur espagnol du Portugal
La grande famille de Liverpool aussi, arrivée la veille au soir et qui est entrée en cortège une demi-heure avant la cérémonie, avec en tête le capitaine Virgil Van Dijk et Andrew Robertson, dans les mains une couronne de fleurs rouges ornées d'un 20 et d'un 30, en hommage à leur ancien coéquipier et à l'attaquant de Penafiel (D2 portugaise).
Avant que la cérémonie ne débute, la musique envoyée vers l'extérieur de l'édifice ne couvrait pas complètement les râles de désespoir des proches de Diogo Jota et André Silva. Des milliers de personnes s'étaient massées sur le parvis mais aussi à l'arrière de l'édifice ou dans un des cimetières adjacents. Pour partager la peine de Joaquim et Isabel da Silva, parents ancrés dans la vie locale qui ont perdu leurs deux enfants. Pour applaudir les plus illustres de l'assistance (l'ancien sélectionneur Fernando Santos, l'agent Jorge Mendes ou Nuno Espirito Santo, l'entraîneur de Diogo Jota à Porto et Wolverhampton).
Pour saluer, également, la présence touchante des joueurs de Penafiel, tous ensemble pour entrer dans l'église et encore groupés après la mise en terre, deux petites heures plus tard, à l'issue d'une cérémonie simple, en parfaite cohérence avec la personnalité des défunts. Roberto Martinez a été le seul à s'arrêter devant l'espace réservé à la centaine de journalistes présents sur place. « Ce sont des jours très tristes, mais aujourd'hui nous montrons que nous sommes une famille, que nous sommes tous unis et que nous sommes le Portugal (...) Diogo Jota et André Silva seront toujours avec nous », a déclaré le sélectionneur du Portugal, ému.
« Leur vie, c'était un conte de fées qui s'achève en tragédie grecque »
Toni, ancien entraîneur de Benfica et de Bordeaux
La délégation des Reds venait de quitter les lieux avec en son coeur l'international français Ibrahima Konaté, lui aussi très marqué. Comme les autres, il jouera désormais avec le coeur alourdi. Mais en quittant Gondomar, Toni pensait d'abord, comme tout le monde, aux parents et aux compagnes des deux victimes. « Leur vie, c'était un conte de fées qui s'achève en tragédie grecque », conclut l'ancien entraîneur de Benfica et de Bordeaux.
Un peu plus tôt, pendant que les caméras filmaient l'intervention de Roberto Martinez, elles ont aussi capté, en arrière-plan, l'image du monde qui avance malgré tout : alors que les curieux arpentaient encore par centaines les alentours de l'emplacement où reposent désormais Diogo Jota et André Silva, quelques personnes se présentaient déjà sur les marches de l'église. Ce samedi, quelques minutes après des obsèques qui marqueront pour longtemps le football portugais et mondial, un mariage a été célébré dans l'église de Gondomar.
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