
Le Hangar Y à Meudon : de la nacelle au culturel et à l'événementiel
C'est en effet un lieu à part, installé près d'un étang où nagent, entre autres, des carpes au gabarit impressionnant, au coeur d'une forêt historique. « Cette forêt a une âme, avec ses arbres monumentaux qui auraient en effet été plantés sous Louis XIV » glisse Jean-Michel Crovesy, directeur général du Hangar Y. Des séquoias issus d'expéditions royales, un étang hexagonal signé Le Nôtre, des hérons cendrés et des écureuils : l'écrin naturel du Hangar Y ajoute à la poésie du lieu. Mais derrière cette apparence tranquille, une histoire plutôt mouvementée
De l'aérostation au musée au musée oublié
En 1878, alors que la Galerie des Machines de l'Exposition universelle de Paris est démontée, le colonel Charles Renard convainc l'armée de récupérer une travée métallique. L'architecte Henri de Dion, mentor de Gustave Eiffel, la remonte sur le site de Meudon, à proximité d'un château détruit par un incendie au XIXe siècle. Ils y installent l'Etablissement Central de l'Aérostation Militaire de Chalais Meudon où sera construit, en 1884 un ballon dirigeable nommé « La France ». « Pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, un ballon dirigeable parcourt un circuit fermé grâce à un moteur électrique », raconte Jean-Michel Crovesy. C'est l'acte fondateur de l'aviation dirigée
Le lieu évolue à nouveau en 1884 et devient, de 1921 à 1977 Musée de l'Air. Jean-Marc Chagall, en 1964 s'y installera pour y peindre le plafond de l'Opéra Garnier. Fin des années soixante-dix, il tombe dans l'oubli. C'est la loi LCAP (loi relative à la liberté de la création, à l'architecture et au patrimoine) de 2016 qui ouvre la voie à une renaissance : elle institue un nouveau dispositif de protection du patrimoine : les sites patrimoniaux remarquables et autorise l'Etat à conclure un bail emphytéotique administratif de valorisation (BEAV). Frédéric Jousset saisit l'opportunité, signe le bail et confie la restauration aux cabinets Urban Act, DATA Architectes, et à Daniel Lefèvre (architecte en chef des monuments historiques).
Pas tout à fait musée, pas fondation non plus
Un chantier impressionnant s'engage : « La nef était à cil ouvert, le sol en terre battue, les vitres éclatées. il fallait tout reprendre, résume le directeur général du Hangar Y. Résultat : en 2024, le projet reçoit le Prix Eiffel de l'architecture dans la catégorie Patrimoine. Le jardin, autrefois ensauvagé, est lui confié à l'architecte paysagiste Christian Fournet dont l'entreprise appartient aujourd'hui au groupe MUGO. La transformation du site s'est accompagnée d'une transformation de la destination des lieux. Le tout sans subventions ni mécénat fiscal. « Nous ne recevons aucune aide publique. Le Hangar Y repose sur un modèle économique hybride, basé sur deux piliers : les privatisations d'entreprises ou de collectivités et la programmation culturelle » explique Jean-Michel Crovesy.
Pas tout à fait musée, pas fondation non plus, « le Hangar Y est un lieu culturel multiforme, où chacun vient trouver ce qu'il cherche » résume son directeur. Cinéma de plein air, expositions immersives (sur Van Gogh, Gaudi ou Matisse), arts numériques, sculptures monumentales, spectacles vivants, créations chorégraphiques… Le lieu attire un public encore majoritairement local, mais en croissance rapide : plus de 300.000 visiteurs en deux ans et des week-ends à guichets fermés.
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


Le Parisien
17 minutes ago
- Le Parisien
« Ce sera le cœur du quartier » : à Paris, 2 000 Hyper Voisins achètent ensemble une maison dans le XIVe
Ils se surnomment les « Bisounours radicaux ». Les voisins d'un quartier du XIVe arrondissement de Paris, ce « village » délimité par les avenues du Général-Leclerc, René-Coty et Reille, entre Alésia et le parc Montsouris, ont mis, depuis plusieurs années, un point d'honneur sur le partage et la convivialité. Apéros, cafés et autres événements culturels animent le quotidien de ces habitants.


Le Parisien
17 minutes ago
- Le Parisien
« Les gens rentrent et ne s'attendent pas du tout à voir ça » : le Conservatoire des meules et pavés d'Épernon, un musée unique en Europe
Ouvert au public depuis 2005, le Conservatoire des meules et pavés fonctionne principalement grâce aux bénévoles de l'association Épernon Patrimoine & Alentours, qui donnent de leur temps pour raconter un pan méconnu de l'histoire locale, celle des carriers et de leur travail au XIXe siècle jusqu'au début du XXe. En France et à l'échelle européenne, il n'existe pas d'autres lieux comparables pour la préservation et la transmission de ce patrimoine. Un récit riche, dans ce bassin de vie du nord de la Beauce qui produisait alors des meules exportées dans le monde entier, pour équiper des moulins et produire de la farine. Les ouvriers des carrières de grès extrayaient quant à eux les pavés qui ornaient notamment les rues de Paris avant d'être remplacés par du granit breton. L'idée de cet espace muséal, à sa création il y a plus de 20 ans, était de « pouvoir préserver le patrimoine sur les carriers, puisque ici on a des carrières de grès pour faire des pavés et de pierres meulières pour faire des meules », explique Amélie Barreau, passionnée de patrimoine et bénévole depuis 2018 à l'association qu'elle préside depuis 2023. Histoire industrielle et sociale Dès l'entrée du Conservatoire des meules et pavés d'Épernon, on réalise le caractère unique du site. Il est en partie installé dans une ancienne rotonde, initialement créée pour l'exposition universelle de Paris en 1900. Un bâtiment fait tout de bois, qui ajoute du charme à cet espace dédié à l'histoire des meules. Le bâtiment se prolonge ensuite avec l'ancienne bergerie de la ferme modèle d'Épernon, rénovée en espace d'exposition. Cette pièce très lumineuse donne à son tour accès à une nouvelle salle, celle des expositions temporaires, consacrée cette année à l'évolution des chemins de fer en Eure-et-Loir. Dans les deux premiers espaces du musée, de grandes fresques retracent les techniques de travail et les étapes nécessaires pour concevoir des meules de pierre et pavés en grès. Les lieux sont agrémentés d'objets d'époque, de photographies, de maquettes. Tout est fait pour que l'on se rende compte de la difficulté des métiers dans les carrières, devenue l'une des principales industries locales au XIXe siècle. Avec des photos, des témoignages et des démonstrations, le Conservatoire des meules et pavés d'Epernon fait rentrer ses visiteurs dans le monde des carriers. LP/Jade Bihan « On touche tout un type de population, car il y avait des carrières partout pour les meules : Épernon, Berchères-les-Pierres, La Ferté-sous-Jouarre », relate fièrement la présidente. « Il arrive que des personnes, dont les aïeux ont été carriers, viennent au conservatoire, à la recherche d'informations. » Car ce musée raconte aussi une histoire sociale. Celle de personnes travaillant et vivant dans des conditions très dures, qui parlaient peu de leur quotidien avec leurs proches, quand ils en avaient. Certains ouvriers étaient en effet des repris de justice et, quelles que soient les raisons qui les avaient conduits dans les carrières, nombreux sont tôt ou tard tombés malades. Soit à cause des poussières de pierre, soit parce que l'hygiène était déplorable. « Leurs draps n'étaient changés qu'une fois par an », souligne ainsi Daniel, bénévole depuis dix ans. Une situation qui perdurera jusqu'aux évolutions industrielles et, plus tard, la création des premières mutuelles. La nouveauté de l'été 2025 : un escape game Dans le musée, toutes les informations présentées sont le fruit d'un important travail de collecte de documents et de témoignages. Un travail qui ressort lors des visites guidées proposées par les bénévoles du Conservatoire. Ce lieu touristique et patrimonial public a vu passer près de 1 700 visiteurs en 2024. Un chiffre qui repart à la hausse après la période Covid et l'ambition d'avoir une trentaine de visiteurs chaque jour d'ouverture. « Les gens rentrent dans le bâtiment et ne s'attendent pas du tout à voir ça… On n'a jamais de mécontents, ils repartent toujours avec un savoir en plus et, parfois ils reviennent aussi pour les expositions temporaires », confie Amélie Barreau. Elle se réjouit aussi d'offrir une autre porte d'entrée pour « un public habituellement moins attiré par les musées ». En effet, depuis le 14 juin et jusqu'à la fermeture hivernale du site le 30 septembre, les bénévoles du Conservatoire proposent un escape game dans l'univers des carriers. De 2 à 7 visiteurs peuvent résoudre en équipe les différents indices pour retrouver la statue de Saint-Roch, le saint patron des carriers. « C'est un moyen ludique pour attirer des personnes adeptes de jeux de société, d'énigme et de suspens », pour ensuite les inviter à visiter le musée, note Amélie Barreau, « qu'ils soient passionnés ou non par les meules et pavés, on veut qu'ils repartent avec des dates, des idées en tête et surtout qu'ils passent un bon moment ».


Le Parisien
17 minutes ago
- Le Parisien
Les gorges de la Carança : une randonnée vertigineuse à flanc de montagne, dans les Pyrénées-Orientales
Même si l'endroit est fort prisé et fréquenté, il faudra être équipé de bonnes chaussures pour arpenter les gorges de la Carança, et ne pas être sujet au vertige. Mais le coin vaut le détour si l'on ne le connaît pas. La Carança, c'est un torrent qui prend sa source dans les lacs lovés sous la crête frontière, celle qui sépare les deux Catalogne. Déboulant de plus de 2 500 m d'altitude, elle s'est frayé un passage tortueux dans les gorges éponymes pour venir se jeter dans la Têt. L'accès aux gorges a été rendu possible à la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais si l'affaire est aujourd'hui touristique, il était alors question de creuser une galerie pour détourner une partie du flot du torrent vers l'usine hydroélectrique située en contrebas. Les ouvriers ont creusé avec les moyens de l'époque un sentier à même la falaise pour acheminer le matériel nécessaire à ces travaux et à la construction d'un petit barrage. La corniche a été creusée dans la roche par les ouvriers pendant la Seconde Guerre mondiale. LP/Yann Kerveno C'est par cette corniche impressionnante que l'on peut accéder aujourd'hui, sans trop de difficulté, à la deuxième partie des gorges, toute aussi spectaculaire. Une série de passerelles métalliques et de ponts suspendus sont fixés dans les falaises, pour franchir le torrent quand les gorges sont trop étroites. Après la corniche, les passerelles Et là, l'histoire est encore plus ancienne, puisque le tracé de ce cheminement au-dessus du flot suit celui d'un canal en bois de plus de 2 km, construit au XIVe siècle pour permettre de descendre le bois coupé plus haut dans la vallée… Canal qui fut emporté par le grand aïguat de 1940, entre autres désolations provoquées par cet épisode méditerranéen particulièrement violent. Une fois les corniches franchies, on peut donc s'aventurer sur ces passerelles. Solides et impressionnantes, il y en a une dizaine, numérotées pour faciliter les secours contraints de venir assez régulièrement récupérer des personnes égarées ou blessées. Les passerelles suivent le tracé du canal qui servait à descendre le bois de la montagne vers le village de Thuès depuis la fin du Moyen-ge. LP/Yann Kerveno