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Virginie Calmels : «Après les annonces de François Bayrou, les entrepreneurs vont-ils encore devoir payer la facture ?»

Virginie Calmels : «Après les annonces de François Bayrou, les entrepreneurs vont-ils encore devoir payer la facture ?»

Le Figaro15-07-2025
TRIBUNE - Le premier ministre a détaillé ce mardi ses propositions pour réaliser 43 milliards d'euros d'économies en 2026. Pour Virginie Calmels, présidente de CroissancePlus, le diagnostic du chef du gouvernement est le bon, mais l'application des mesures risque de pénaliser les entreprises et les investissements.
Virginie Calmels est présidente de CroissancePlus et présidente fondatrice de Futurae.
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Depuis juin dernier, l'Assemblée nationale est bloquée. Elle s'entend le plus souvent sur des textes absurdes ou décalés, comme la taxe Zucman ou des lois mémorielles, mais elle ne parvient pas à dégager de ligne politique claire et majoritaire sur les sujets les plus importants, notamment en ce qui concerne l'économie et la baisse nécessaire de la dépense publique.
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Cette absence de cap, les entreprises de France l'ont déjà payée cher début 2025, lorsqu'il a fallu racler les fonds tiroir du secteur privé pour rapidement présenter une copie budgétaire qui évite la banqueroute. Une partie des entreprises de taille intermédiaire (ETI) et des grandes entreprises ont vu leur taux d'impôt sur les sociétés augmenter, avec la création d'une contribution exceptionnelle qui semble partie pour durer. L'ensemble de nos entreprises a du s'asseoir sur la suppression de la cotisation sur la valeur Ajouté (CVAE), ce qui a d'abord pénalisé les industries. Les charges sociales sur les actifs ont augmenté de 1,6 milliard d'euros pour financer la Sécurité Sociale, et plusieurs dispositifs en faveur de l'innovation ont été significativement rabotés, notamment les Jeunes Entreprises Innovantes et le Crédit d impôt recherche.
Pour 2026, François Bayrou a présenté ce mardi ses grandes orientations budgétaires, et également ses mesures pour «remettre la France au travail». Principal motif de satisfaction : le diagnostic est le bon, et le premier ministre a su faire preuve d'une pédagogie salutaire. Nos dépenses publiques sont hors de contrôle, et nous ne produisons plus assez de richesses. Dès lors, la question centrale est : comment concrètement produire davantage et réduire la dépense publique. C'est ici que malgré de nombreuses pistes intéressantes, le contexte politique risque de transformer de bonnes intentions en mauvais budget, ce qui serait fatal pour nos entreprises.
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Ainsi, l'allocation sociale unique, la refonte des règles de l'assurance chômage ou encore le meilleur usage de la commande publique sont des idées positives, soutenues par l'ensemble du monde économique. Mais combien de temps faudrait-il pour les mettre en œuvre, si d'aventure une majorité existait pour les soutenir ?
Autre exemple : en échange d'une extinction de certaines niches fiscales, le gouvernement propose de simplifier drastiquement les normes et les procédures, ce qui peut s'entendre. Mais en l'absence de calendrier précis et de méthode claire pour contraindre les administrations, qui, parmi les entrepreneurs, va croire sérieusement à ces promesses de simplification déjà trop souvent entendues ?
Enfin, d'autres mesures financières de plus court terme, comme l'année blanche ou la limitation des avantages concédés aux retraités aisés sont entendables et raisonnables mais politiquement difficiles à porter. Personne ne peut reprocher à un premier ministre d'un pays en quasi-faillite de les mettre en avant. Mais qui peut croire que la copie budgétaire finale ressemblera à celle envisagée actuellement par ce gouvernement ?
Les entreprises de France ne peuvent pas se permettre de payer encore une fois un surcroît de taxes et de charges en échange de promesses en l'air qu'aucune majorité ne soutiendra. Virginie Calmels
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Au milieu de ces bonnes intentions du chef du gouvernement, plusieurs dispositifs toxiques semblent eux, malheureusement, davantage susceptibles de faire consensus chez nos députés, notamment concernant le volet des recettes fiscales. Car encore une fois, sous couvert de « chasse aux riches » et de « chasse aux niches », l'investissement et l'entreprise risquent toujours d'être les premiers contributeurs à l'effort de redressement. Un nouvel impôt sur le patrimoine est annoncé, qui aurait de grandes similitudes avec l'ancien Impôt sur la Fortune. Les « aides aux entreprises », incluant des réductions de charges sociales sur des millions de salariés en France, seront probablement à nouveau rabotées. Les « patrimoines improductifs » seront quant à eux pénalisés, sans que nous sachions précisément ce que ce terme d'improductif recouvre. Les dernières semaines nous ont aussi offert un triste florilège de mesures confiscatoires anti-économiques : remise en cause du Pacte Dutreil, ISF incluant l'outil de travail, suppression des aides pour l'emploi à domicile… Ces dispositions, heureusement écartées par le premier ministre, risquent bien de ressurgir à l'automne.
Si l'ensemble des mesures proposées par François Bayrou fait globalement preuve de cohérence, l'application des propositions positives suscite de nombreux doutes faute de majorité, là où la mise en œuvre des idées les plus néfastes semble plus certaines car pouvant bénéficier d'un accord à l'Assemblée. Chaque parlementaire devra donc avoir clairement en tête les conséquences à long terme de ses décisions politiques d'aujourd'hui. Les entreprises de France ne peuvent pas se permettre de payer encore une fois un surcroît de taxes et de charges en échange de promesses en l'air qu'aucune majorité ne soutiendra. Car les entreprises sont avant tout constituées d'entrepreneurs, d'investisseurs, de fournisseurs, de clients, et surtout de salariés qui chaque jour créent la richesse qu'ensuite nous redistribuons.
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