
Mort de Thierry Ardisson : Gainsbarre, Tristane Banon, Michel Rocard… Les séquences cultes de ses émissions
Pour ne rien louper, il fallait tout regarder.
Thierry Ardisson
ne s'est jamais rien interdit. Impertinent, « cash », agaçant… L'animateur, disparu à l'âge de 76 ans, a tout osé, ce qui a donné lieu à de nombreuses séquences qui ont
marqué le monde de la télévision
.
En octobre 2020, l'Institut national de l'audiovisuel a lancé
INA Arditube
, une chaîne YouTube qui propose des centaines d'épisodes d'émissions cultes et d'invités interviewés par l'animateur. « Il y a un côté mausolée numérique, mais ce sera aussi une chaîne vivante », avait commenté alors Thierry Ardisson. « Quand on fait de la télé, c'est de l'éphémère, alors que je travaillais beaucoup mes interviews, et c'est très récompensant que tout ça ne parte pas en fumée. » Drôles, émouvantes ou dérangeantes, voici quelques séquences devenues mythiques.
Serge Gainsbourg a son rond de serviette à « Lunettes noires pour nuits blanches ». Habitué de l'émission, il se livre pourtant à un exercice inédit en 1989, celui de l'auto-interview. Pour cela, il utilise son alter ego Gainsbarre pour L'interroger. « Moi je trouve que t'as une sale gueule, tu te dis quoi le matin quand tu sors des vap' », lui lance d'emblée son personnage de provocateur. Pendant une petite dizaine de minutes, l'artiste répond aux questions « existentielles » posées par son double portant sur le sexe, la vie, l'amour, la mort, le luxe ou encore la peinture (première passion de Gainsbourg), et même la religion, sa judéité, et ses souvenirs d'enfant juif pendant la guerre.
« En 1942, tu leur en veux aux Français, de t'avoir cousu une étoile de shérif ? » lui demande ainsi Gainsbarre. Et Gainsbourg de répondre : « Je n'en veux pas à la Wehrmacht, c'étaient des pauvres mecs qui faisaient l'Occupation. J'en veux aux miliciens. Enfin j'en veux… Il y a prescription, vaf*nculo ».
L'émission s'appelle « Autant en emporte le temps » et a été quelque peu oubliée. À cette époque, Ardisson mélange vraies et fausses interviews, personnages réels ou interprétés par des comédiens. C'est ainsi que
« l'homme en noir »
se paye le luxe d'interviewer John Lennon, fondateur des Beatles. Ou plutôt, de le ressusciter, alors que le chanteur légendaire des Fab Four est mort assassiné en 1980. C'est donc un sosie qui se tient face à Thierry Ardisson, et qui mentionne dans chacune de ses réponses ou presque un titre des Beatles.
« Sucer c'est tromper ? », cette question, l'animateur a osé la lancer à l'ancien Premier ministre Michel Rocard, en 2001, dans son émission « Tout le monde en parle » sur France 2. Il la tente dans le cadre de la séquence « Alerte rose », une succession de questions sur le sexe, auxquelles le politique a répondu sans broncher. Alors « Sucer c'est tromper ? », Michel Rocard, souriant, répond finalement par la négative.
En 2001, l'animateur reçoit sur le plateau de « Tout le monde en parle » Éric et Ramzy et Patrick Balkany. Leur présence entraîne un échange houleux. Le duo de comédiens critique la vidéosurveillance, trop présente à son goût à Levallois-Perret, fief de Patrick Balkany.
Ramzy confie par ailleurs qu'habitant Gennevilliers, il a peur de se faire agresser par la police municipale de Levallois-Perret lorsqu'il y met les pieds, alors qu'il n'a rien fait. Ce à quoi Patrick Balkany répond : « On ne sait jamais ». Pour défendre son camarade, Éric Judor rétorque alors : « En attendant, vous, vous avez été condamné. » Ambiance.
Ça pourrait être une interview promotionnelle classique. En ce mois de mars 2002, l'actrice Milla Jovovich, vient défendre le film « Resident Evil » dans « Tout le monde en parle ». L'exercice du question réponse est quelque peu agité, foutraque mais se passe bien. Jusqu'à ce que Thierry Ardisson mentionne les huit années de prison de son père, Bogdanovich Jovovich, pour fraude à l'assurance. Complètement désarçonnée, piquée au vif, la jeune femme confirme les dires de l'animateur, jette un verre d'eau et quitte le plateau avec fracas.
Milla Jovovich avait d'ailleurs expliqué son geste dans
nos colonnes
deux semaines après sa sortie remarquée : « Si je voulais me respecter et respecter ma famille, c'est la seule chose que j'avais à faire ».
C'est une séquence choc. Hallucinante même. Mais elle a pris tout son sens des années après sa diffusion au moment où a éclaté l'affaire DSK. En 2007, Ardisson produit «
93 Faubourg Saint-Honoré
» où il reçoit ses invités chez lui à dîner. Parmi les convives ce soir-là, l'autrice Tristane Banon qui se met à raconter comment l'homme politique a tenté de la violer après lui avoir donné rendez-vous à une adresse où « c'était un appartement vide, complètement vide, avec une télévision, un magnétoscope et un lit au fond. »
« Il a essayé de dégrafer mon soutien-gorge, il a ouvert mon jean… On a fini par se battre », poursuit la romancière qui avait commencé à bâtir un dossier contre cet agresseur mystère. Car à l'époque, le nom de ce député est bipé quand elle le prononce au début de son intervention « Mois c'est… avec qui ça s'est très mal passé ». Mais il s'agit de Dominique Strauss-Kahn, bien avant l'affaire du Sofitel de New York en 2011. La séquence réapparaîtra au moment où l'ex-Ministre est mis en cause par plusieurs femmes. « On le sait, il est obsédé par les gonzesses », glisse Ardisson pendant la conversation.
C'est une interview plus récente, mais restée dans les annales et qui a marqué la nouvelle génération. Invité par
Thierry Ardisson
sur le plateau de «
Salut les terriens
», sur Canal +, en 2017, le youtubeur Squeezie tente de répondre tant bien que mal aux piques lancées par l'animateur. « Manger des pizzas, c'est devenu un métier ? », « Si nos enfants passent leur temps à regarder des vidéos, ils ne vont jamais trouver de travail ? » lui demande Thierry Ardisson.
Traumatisé par cette émission qui s'est mal passée, Squeezie a pris ensuite ses distances avec la télé et ses sollicitations. En 2024, les deux personnalités sont apparues ensemble dans une courte vidéo de quelques secondes, où elles se serrent la main. Thierry Ardisson félicite Squeezie pour l'intégration de son équipe d'e-sport, Gentle Mates, à la Call of Duty League : « Bravo les gars, je vais suivre ça de très près », lui glisse-t-il. Une manière d'enterrer la hache de guerre.
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