
Une union « encourageante » à l'Omnium Banque Nationale
Le match avait été marqué par un moment inusité. Il se jouait sur le no 6, un terrain sans gradins, où les chasseurs de balles sont forcément plus près de l'action que dans les plus grands stades. Et Chan avait atteint un des chasseurs de balles accroupi près du filet pendant un échange. Deux fois plutôt qu'une, Chan s'est enquise de l'état de santé de l'adolescent, qui semblait bien plus diverti que blessé. Il a continué son travail.
« Je voulais juste m'assurer qu'il n'était pas blessé », lance Chan, elle aussi amusée par l'incident.
La grande joueuse, 21e au monde en double, titrée 21 fois pour que ce soit raccord, offrait des réponses détaillées, dans un anglais plus que convenable. Jiang, 27e joueuse mondiale, gagnante de cinq titres, se contentait d'acquiescer, dans un anglais hésitant.
Chan s'est même permis une analyse du jeu de Mboko, qui avait gagné son match de deuxième tour la veille. « On essayait d'éviter de la faire jouer sur son revers, mais son coup droit est également solide », a-t-elle décortiqué.
Tout ça est bien beau, mais La Presse ne s'entretenait pas avec les deux spécialistes du double pour connaître leur avis sur Mboko. L'idée était plutôt de comprendre ce qui a mené la Taïwanaise Chan et la Chinoise Jiang à s'unir pour le double, sachant les vives tensions entre leurs gouvernements respectifs. Les voici à un deuxième tournoi ensemble, après Washington.
PHOTO DOMINICK GRAVEL, LA PRESSE
Jiang Xinyu et Chan Hao-ching
On commence ensemble, on apprend à se connaître. On veut gagner, mais on y va un match à la fois.
Chan Hao-ching
Relancées sur la symbolique de leur association, elles montrent un malaise évident. « On ne répondra pas aux questions », rétorque Chan. « Est-ce un sujet dont vous vous faites beaucoup parler ? », tente-t-on.
La relationniste de la WTA offre son aide. « Tu peux être honnête et répondre 'parfois' », suggère-t-elle à Chan. L'homme qui accompagne Jiang, comme interprète et comme membre de son équipe d'entraînement, s'interpose. « Je ne pense pas que ce soit une bonne idée de répondre à cette question », plaide-t-il.
Ainsi finira l'entrevue.
« Intéressant »
Au bout du fil, l'ancien ambassadeur du Canada en Chine Guy Saint-Jacques n'est guère étonné de la réaction des joueuses.
« Évidemment, elles ne peuvent pas garder leur association secrète, car c'est médiatisé. C'est clair qu'elles ne veulent pas en discuter, mais je trouve leur association encourageante », lance celui qui a représenté le Canada à Pékin de 2012 à 2016.
PHOTO DOMINICK GRAVEL, ARCHIVES LA PRESSE
L'ancien ambassadeur du Canada à Pékin, Guy Saint-Jacques
« Encourageant » et « un peu surprenant », ajoute-t-il. « C'est clair qu'il n'y aurait pas d'équipe conjointe dans des évènements comme les Jeux olympiques. Mais ça montre qu'il y a moyen d'avoir des relations cordiales de chaque côté du détroit de Taïwan », poursuit celui qui est aussi fellow à l'Institut des études internationales de Montréal.
Chan et Jiang ne forment pas la première union sino-taïwanaise du tennis. Jiang elle-même faisait équipe avec la Taïwanaise Wu Fang-hsien jusqu'à tout récemment. Et trois fois, un tandem sino-taïwanais a remporté un tournoi du Grand Chelem : les trois fois, c'était la Taïwanaise Hsieh Su-wei, d'abord avec Peng Shuai (Wimbledon 2013, Roland-Garros 2014), puis avec Wang Xinyu (Roland-Garros 2023). Il reste que ces duos sont rares. Wu et Jiang formaient le seul duo du genre parmi les 64 à Wimbledon en juin.
On avait toutefois bien compris en quoi la situation pouvait être délicate politiquement quand, en 2021, Peng avait subitement disparu, après qu'elle eut accusé l'ancien vice-premier ministre chinois Zhang Gaoli d'agression sexuelle. Questionnée par la consœur québécoise Stephanie Myles sur la disparition de sa partenaire de longue date, Hsieh Su-wei avait évité de répondre, prétextant notamment qu'elle gérait des problèmes de visa.
Lisez l'article de Stephanie Myles (en anglais)
La tension s'est aussi manifestée aux Jeux olympiques de 2024. Une pancarte et une serviette en soutien à Taïwan avaient été confisquées à des amateurs pendant la finale du double masculin en badminton.
Il existe tout de même des échanges entre Taïwan et la Chine. Des échanges « limités », selon Guy Saint-Jacques. Limités et intéressés.
« Il y a beaucoup d'échanges commerciaux, beaucoup d'investissements taïwanais en Chine, souligne-t-il. Ça fait partie de la stratégie de Pékin : créer une dépendance économique. Ils se disent : si on devient le principal marché de Taïwan, ils auront de la difficulté à résister si on met de la pression. »
Impossible, évidemment, de se prononcer sur les motivations derrière le partenariat que l'on voit à l'œuvre cette semaine à Montréal. La complicité entre les deux semble authentique ; en traversant le stade IGA pour retourner au vestiaire après leur match, mercredi, elles parlaient et riaient de bon cœur. Entre les échanges, elles communiquaient et s'encourageaient comme le font les duos qui ont une dynamique saine.
« On est de très bonnes amies ! », a assuré Chan.
Chan et Jiang ont remporté leur match de vendredi contre la Brésilienne Luisa Stefani et la Hongroise Timea Babos, 8es têtes de série. Elles affrontent ce samedi un autre duo symbolique formé de l'Américaine Taylor Townsend et de la Chinoise Zhang Shuai, troisième favori du tournoi.
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