
Feux d'artifice illégaux à la plage de Verdun
Le problème dure depuis des années. Des feux d'artifice interdits, à toute heure de la nuit, allumés à partir de la plage de Verdun. Malgré les interventions policières et les lourdes amendes, pas moyen pour le voisinage de fermer l'œil.
Les citoyens consultés par La Presse sont unanimes. Les tirs de feux d'artifice, qui peuvent survenir plusieurs fois par semaine dans les périodes les plus chaudes de l'année, minent sérieusement leur qualité de vie – notamment en gâchant leur sommeil.
« Pour moi, ça fait trois ans que ça dure. C'est devenu sans arrêt. Je suis frustré d'avoir enduré ça tout ce temps-là », déplore Nicholas Coutts, qui habite L'Île-des-Sœurs.
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Son condo, situé dans l'immeuble Club marin 1, se trouve directement en face de la plage de Verdun. À vol d'oiseau, seulement quelques centaines de mètres séparent les deux endroits. Ainsi, malgré les bouchons et les fenêtres fermées, le bruit produit par les feux d'artifice s'entend très facilement.
Depuis le début de 2025, M. Coutts compte 71 moments où des feux d'artifice ont été tirés. Au mois de juin seulement, il en a recensé 34.
Il connaît les chiffres, parce qu'il note les évènements dans un calepin, à force de devoir en subir les désagréments.
Dans l'espoir de faire régler le problème, Nicholas Coutts rapporte avoir soulevé quatre fois le sujet au conseil municipal. Il multiplie également les visites au poste de quartier (PDQ) 16, mais s'indigne contre la réponse policière, selon lui « insuffisante ». Il sent que les autorités ne « prennent pas ça au sérieux ».
« Ça me dérange, évidemment. Je fais beaucoup de lecture tard en soirée et je trouve ça inacceptable », ajoute Claude Desbiens, lui aussi résidant du Club marin 1.
« C'est fatigant. Pourquoi y a-t-il des feux d'artifice de façon régulière depuis deux ou trois ans ? On dirait que c'est juste pour nous emmerder. Il n'y a pas toujours de fête à célébrer : ça peut être n'importe quand », continue-t-il.
« J'ai appelé à quatre ou cinq reprises les policiers, et j'ai arrêté, parce que ça ne sert à rien », lance M. Desbiens.
L'arrondissement reconnaît un « fléau »
« L'arrondissement de Verdun est bien au fait de la problématique des feux d'artifice, en particulier à la plage », nous répond par écrit le cabinet de la mairesse, Marie-Andrée Mauger.
« Ce phénomène, devenu un véritable fléau, soulève d'importants enjeux de bruit et de sécurité », ajoute-t-il.
En 2024 seulement, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) a réalisé plus de 100 interventions à la plage de Verdun concernant les feux d'artifice, remis des constats d'infraction et mené des patrouilles ciblées, indique le cabinet.
PHOTO FOURNIE PAR NICHOLAS COUTTS
Ce genre de boîte se trouve régulièrement sur la plage, le lendemain d'un épisode de feux d'artifices interdits.
« En 2025, cette présence est maintenue, avec une attention particulière en dehors des heures d'ouverture de la plage », affirme-t-il.
L'arrondissement de Verdun a également durci son règlement contre les feux d'artifice, en 2023. Les contrevenants s'exposent désormais à des amendes allant de 1000 $ à 2000 $.
À Verdun, toute personne qui s'apprête à lancer un feu d'artifice s'expose à un constat d'infraction. Même chose pour un individu qui se trouverait sur la plage entre 23 h et 7 h, indique son Règlement sur la propreté, la nuisance et les parcs.
« Après vérification auprès du poste de quartier, une baisse significative des appels au 911 concernant les feux d'artifice aurait été observée », soutient le SPVM, en réponse aux questions de La Presse.
« Le PDQ déploie les effectifs selon l'évolution de la problématique et des plaintes reçues », ajoute le SPVM.
Pas d'hier
« On se réveille en sursaut. Ça vient avec tous les problèmes physiques et psychologiques que ce genre de situation entraîne. On ne peut pas endurer ça toutes les nuits. »
Carmen, qui préfère taire son nom de famille, est une ancienne résidante de L'Île-des-Sœurs. Elle y habitait un condo entre 2019 et 2022. Pour elle, avant même la pandémie, les feux d'artifice étaient déjà un problème, dit-elle en entrevue.
Fouillant dans ses archives, au bout du fil, Carmen nous dit avoir 17 pages de communications avec les élus de Verdun et le poste de police local sous la main.
« Mon premier courriel était le 30 août 2019. J'ai eu des échanges avec l'ancien maire, Jean-François Parenteau, j'ai appelé au 911, j'ai fait toutes sortes de communications. […] La plage est assez courte, le problème est à un endroit très précis. Je ne comprends pas que ce ne soit pas réglé », dénonce Carmen.
PHOTO ÉDOUARD DESROCHES, LA PRESSE
À Verdun, toute personne qui s'apprête à lancer un feu d'artifice s'expose à un constat d'infraction allant de 1000 $ à 2000 $.
Ultimement, la persistance du phénomène a été l'une des raisons qui ont poussé Carmen à déménager.
« Toute personne témoin de tels actes est invitée à contacter immédiatement le 911, souligne le cabinet de la mairesse de Verdun. Chaque infraction constatée entraîne une sanction sans avertissement préalable. »
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Durant la même période, les douaniers canadiens ont intercepté 349 grammes de fentanyl provenant des États-Unis et destiné au marché canadien, soit 87 fois plus que dans l'autre direction. De leur côté, les douaniers américains saisissaient durant la même période « moins de 700 grammes » de fentanyl à la frontière canadienne, selon leurs statistiques. Or, aux autres frontières américaines (Mexique, Porto Rico, maritimes et aéroports), ils en ont saisi un peu plus de deux tonnes métriques et demie, soit 2540 kilos. Le fentanyl en provenance du Canada représentait alors 1,57 % du total des entrées saisies des deux côtés de la frontière. 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