
Thierry Ardisson, icône controversée de la télévision française
La mort de l'animateur n'est malheureusement pas la mort de ce qu'il représentait: la putasserie médiatique à son meilleur. Commentaire Publié aujourd'hui à 13h06
Bien avant de décéder ce 14 juillet (!), Thierry Ardisson avait la mort dans l'âme. Déjà ce surnom, totalement usurpé: l'homme en noir. On n'en connaît qu'un seul et il s'appelle Johnny Cash. Mais admettons… Si Thierry Ardisson portait systématiquement du noir à l'antenne, c'est qu'il portait le deuil de sa dignité. Thierry Ardisson et les médias
Les publicistes, ce mal nécessaire quand il s'agit de vendre des paquets de lessive, font souvent de très mauvais journalistes. Enfin, pas sûr qu'Ardisson ait jamais revendiqué ce titre, mais disons qu'en tant qu'animateur, ses interviews rayonnaient de mauvaise foi, de coups portés sous la ceinture et de perfidie assumée.
Sans vergogne quand il s'agissait d'imaginer un succès d'audience, celui qui était aussi producteur a multiplié les tentatives de hold-up du PAF (Paysage audiovisuel français), allant jusqu'à concevoir une émission, «Ardimat», où le présentateur menace de tuer son chien si l'audimat ne donne pas satisfaction… L'affaire dure tout de même dix épisodes avant d'être débranchée.
À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe.
Tout ce qu'il a touché ne sent pas forcément mauvais mais sa marque de fabrique demeure celle d'un provocateur de bas étage, d'une hyène prête à croquer les plus petits osselets de ses invités, d'un champion en propos odieux. Une télévision odieuse
La télévision n'avait pas besoin de Thierry Ardisson pour se transformer en cette lessiveuse de l'intelligence qu'elle est trop souvent devenue. Mais il a incarné ce tournant mieux que quiconque en héraut du «temps de cerveau humain disponible» défini par Patrick Le Lay.
Sa résurrection dans les années 2000, après des nineties passées un peu à l'ombre, n'était pas nécessaire: sa succession est assurée avec un Cyril Hanouna aux méthodes aussi viles mais peut-être encore plus dangereux dans le climat politique actuel.
Thierry Ardisson, le publiciste, avait inventé, entre autres slogans, celui de «Quand c'est trop, c'est Tropico!» Sa postérité mériterait plutôt cette paraphrase: «Quand c'est trop con, c'est Ardisson!»
Thierry Ardisson, célébrité de France Boris Senff travaille en rubrique culturelle depuis 1995. Il écrit sur la musique, la photographie, le théâtre, le cinéma, la littérature, l'architecture, les beaux-arts. Plus d'infos @Sibernoff
Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.
Hashtags

Essayez nos fonctionnalités IA
Découvrez ce que Daily8 IA peut faire pour vous :
Commentaires
Aucun commentaire pour le moment...
Articles connexes


24 Heures
an hour ago
- 24 Heures
Pulp à Montreux, une autre classe que Bloc Party
Accueil | Culture | Festivals | La semaine démarrait sur des couleurs britanniques ce lundi sur la Scène du Lac. Avantage à Jarvis Cocker. Publié aujourd'hui à 09h51 Kele Okereke de Bloc Party sur la Scène du Lac, lundi. Lionel Flusin On passera assez vite sur le concert de Bloc Party qui ouvrait la soirée de lundi sur la Scène du Lac au Montreux Jazz . Célébrés pour leur premier album, «Silent Alarm» en 2005, les Anglais jouent plus tendus que jamais – plutôt fort aussi – mais leur post-punk tardif chargé d'adrénaline ne parvient que très rarement à s'extraire d'une charge linéaire et métronomique. Sans contrastes, sans changements de rythme significatifs, leurs câbles martelés filent dans le néant et la monotonie sans rien accrocher, malgré les efforts vocaux du chanteur Kele Okereke qui glapit avec énergie sans jamais parvenir à s'extraire du corset monochrome d'une instrumentation passablement martiale… Le Pulp de Jarvis Cocker Devant une foule encore un peu plus dense, Pulp prenait le relais. L'une des plus emblématiques formations de la Britpop était attendue par toutes sortes de fans, notamment ceux qui n'ont jamais eu la chance de croiser la route de l'une de leurs trop rares tournées depuis une vingtaine d'années – et vingt-quatre ans après leur dernier album, qui vient de trouver un successeur avec le récent «More». À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Les Anglais de Sheffield décapsulaient d'ailleurs leur concert avec le tube «Spike Island», qui ouvre cet ajout inopiné à leur discographie. Un titre qui permettait au fantasque frontman , un Jarvis Cocker en dandy aux lunettes désormais épaisses et aux gestes saccadés, de donner la mesure de son tempérament fantasque et d'une vitalité encore remarquable, à 61 ans. Un bel allumage pour un chanteur épaulé de huit musiciens, dont plusieurs historiques. L'affaire filait droit jusqu'à un premier classique, le «Sorted For E's & Wizz» de leur album incontournable, un «Different Class» de 1995 qui aura droit encore à plusieurs visites. «Disco 2000» évidemment, mais aussi «Mis-Shapes», alors que l'excellent «This Is Hardcore» de 1998 n'aura droit qu'à sa chanson-titre. Mais cet album est peut-être vocalement plus exigeant et il faut hélas admettre que le chant de Jarvis Cocker, s'il n'a rien d'indécent, ne se hisse plus aux hauteurs du passé… Le son du groupe semble d'ailleurs avoir été étudié pour masquer certaines de ses faiblesses, ce qui ne le rend pas meilleur. Peut-être attendait-on trop de Pulp? Plusieurs séquences redonnent un coup de fouet à la monture. «Do You Remember The First Time?» est repris en chœur par la foule et «Common People» se pose en hit conclusif asséné avec aplomb. Pourtant, malgré la présence effrénée d'un chanteur toujours adoré, le concert traverse quelque temps morts, histoire de se souvenir que les nineties ne sont plus tout proches… Montreux Jazz encore Boris Senff travaille en rubrique culturelle depuis 1995. Il écrit sur la musique, la photographie, le théâtre, le cinéma, la littérature, l'architecture, les beaux-arts. Plus d'infos @Sibernoff Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
16 hours ago
- 24 Heures
Il a choqué, séduit, clivé puis s'en est allé – On se souvient de Thierry Ardisson
Accueil | Culture | Cinéma & séries | Décédé à 76 ans, le mage controversé des talk-shows de fin de soirée a bousculé les écrans par ses audaces, mais aussi ses excès. Publié aujourd'hui à 19h04 Thierry Ardisson a su imposer son style et sa verve inimitables. Mais ses détracteurs estiment que certaines dérives populistes ont ouvert la voie à d'autres émissions polémiques. AFP En bref: Il est mort, le divin enfant terrible de la télé française. Thierry Ardisson a tiré sa révérence, foudroyé par un cancer du foie, après quatre décennies d'une carrière télévisuelle où les flamboyances et les coups de génie ont aussi côtoyé les abîmes existentiels les plus sombres . De la noirceur, d'ailleurs, qui s'affichait littéralement sur le personnage: celui qu'on surnommait «l'homme en noir» aura rarement quitté son costume anthracite intégral. Un choix vestimentaire dicté par son manque d'imagination pour s'habiller le matin, disait-il, mais surtout par un souci calculé de visibilité: voir Ardisson se pointer à l'horizon, lui et sa silhouette charbonneuse, c'était presque toujours la promesse d'une interview orageuse et d'un coup de houle sur les ondes. Ce natif de Nice fut d'abord un publicitaire surdoué, dans cette France des années 70 ivre de «réclames» en plein boom télévisuel, où les slogans bien affûtés bâtissent des gloires et des fortunes rapides. «Ovomaltine, c'est d'la dynamique», «Quand c'est trop, c'est Tropico», «Lapeyre, y en a pas deux», des refrains signés Ardisson qui ont bassiné des générations de téléspectateurs. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Le mogul de la pub a le sens de la formule, mais il a également le don pour prendre le pouls d'une société qui se fait de plus en plus pop, débusquant les scoops trash de people que son agence vend à la presse écrite. TF1 lui confie dès 1985 l'émission «Descente de police», où le publicitaire devient un interlocuteur musclé face aux personnalités quasi malmenées par cette interview en mode garde à vue. Le règne de «l'homme en noir» Le programme, jugé trop violent, est vite arrêté, mais le phénomène et la recette Ardisson s'installent pour de bon. On le retrouve aux manettes de plusieurs émissions cultes de la décennie, comme «Bains de minuit», présentée depuis une discothèque, sur La Cinq, ou «Lunettes noires pour nuits blanches» sur Antenne 2. Le champagne coule à flots, les interviews se déroulent clope au bec, affalé sur le canapé. Serge Gainsbourg , Mylène Farmer , Béatrice Dalle viennent causer de leurs anges et de leurs démons dans une atmosphère de décontraction jamais osée à la télé française. Dans les années 90, Thierry Ardisson se fait plus rare, enchaîne les projets avortés, mais la fin de la décennie lui offre une renaissance en mode XXL, il démarre «Tout le monde en parle» en 1998, seconde partie de soirée d'un samedi qui vibre désormais au rythme des outrances de l'émission. Thierry Ardisson reçoit l'humoriste Didier Porte dans son émission «Salut les Terriens» sur la chaîne cryptée Canal +, en 2010. AFP L'animateur y importe plusieurs concepts déjà mis en œuvre dans ses programmes de la fin des années 80, comme l'interview à format calibré, avec ses thématiques imposées et ses gimmicks. Entre deux répliques «Magnéto Serge» ou vannes de son snipeur en chef Laurent Baffie, Ardisson invite pêle-mêle rockeurs ou scientifiques, intellectuels de renom ou complotistes prosélytes, faisant de son émission un cocktail parfois explosif et au scénario imprévisible. Comme ce soir où l'actrice Milla Jovovich, interrogée sur son père, se mure soudain dans le silence, puis éclate un verre sur le sol avant de partir en pleurs et en furie du plateau. En 2006, l'annonce de l'arrêt de «Tout le monde en parle» par France 2, officiellement pour une obscure raison contractuelle, fait enrager Ardisson, qui crie à l'assassinat médiatique, accusant les nouveaux boss de la chaîne de renier le ton provoc d'un programme qui, pourtant, cartonne. Le talk-show aux phrases-chocs L'animateur rebâtit un concept assez similaire chez Canal+, intitulé «Salut les Terriens!», puis monte «Les Terriens du dimanche» sur C8 à partir de 2017, des émissions populaires mais qui peineront à retrouver une dimension iconique. Une période récente où celui que Guillaume Durand avait un jour qualifié «d'un des plus grands intervieweurs des trente dernières années» accepte d'échanger les rôles et de davantage se confier, évoquant ses anciennes addictions à la drogue, ses tentatives de suicide, ses opinions politiques aussi. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Le 10 mai dernier, il avait ainsi déclenché une polémique en déclarant, sur le plateau de «Quelle époque!», talk-show du samedi sur le service public issu de la filiation directe de «Tout le monde en parle», que «Gaza, c'est Auschwitz». Une comparaison dont il s'était par la suite excusé. Disparu quelques semaines plus tard, Ardisson est finalement parti comme il est venu: en grand prêtre des messes télévisuelles à scandale. Thierry Wegmüller se souvient d'Ardisson En 2002, l'entrepreneur et patron de clubs sortait un titre sur l'album de Béatrice Ardisson, seconde épouse de l'animateur. Alors en pleine gloire avec le succès de «Tout le monde en parle», l'homme de télé était venu à Lausanne lors de trois soirées organisées par Thierry Wegmüller. «Je me rappelle avoir passé des moments forts sympathiques avec une personne certes haute en couleur mais très intelligente. Ce qui m'avait particulièrement frappé en le côtoyant, c'était sa sincérité et sa capacité à mettre à l'aise les gens. Il était quelqu'un de facile d'accès, loin de toute arrogance. Quand je regarde certaines personnes qu'on dit être ses successeurs à la télé, comme Hanouna par exemple, je trouve qu'Ardisson jouait la provoc mais avec beaucoup plus de finesse.» Autour de la télé et de Thierry Ardisson Nicolas Poinsot est journaliste à la rubrique culture et société. Auparavant, cet historien de l'art de formation a écrit pendant plus de dix ans pour le magazine Femina et les cahiers sciences et culture du Matin Dimanche. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.


24 Heures
a day ago
- 24 Heures
Thierry Ardisson, icône controversée de la télévision française
Opinion La mort de l'animateur n'est malheureusement pas la mort de ce qu'il représentait: la putasserie médiatique à son meilleur. Commentaire Publié aujourd'hui à 13h06 Bien avant de décéder ce 14 juillet (!), Thierry Ardisson avait la mort dans l'âme. Déjà ce surnom, totalement usurpé: l'homme en noir. On n'en connaît qu'un seul et il s'appelle Johnny Cash. Mais admettons… Si Thierry Ardisson portait systématiquement du noir à l'antenne, c'est qu'il portait le deuil de sa dignité. Thierry Ardisson et les médias Les publicistes, ce mal nécessaire quand il s'agit de vendre des paquets de lessive, font souvent de très mauvais journalistes. Enfin, pas sûr qu'Ardisson ait jamais revendiqué ce titre, mais disons qu'en tant qu'animateur, ses interviews rayonnaient de mauvaise foi, de coups portés sous la ceinture et de perfidie assumée. Sans vergogne quand il s'agissait d'imaginer un succès d'audience, celui qui était aussi producteur a multiplié les tentatives de hold-up du PAF (Paysage audiovisuel français), allant jusqu'à concevoir une émission, «Ardimat», où le présentateur menace de tuer son chien si l'audimat ne donne pas satisfaction… L'affaire dure tout de même dix épisodes avant d'être débranchée. À ce stade, vous trouverez des contenus externes supplémentaires. Si vous acceptez que des cookies soient placés par des fournisseurs externes et que des données personnelles soient ainsi transmises à ces derniers, vous devez autoriser tous les cookies et afficher directement le contenu externe. Tout ce qu'il a touché ne sent pas forcément mauvais mais sa marque de fabrique demeure celle d'un provocateur de bas étage, d'une hyène prête à croquer les plus petits osselets de ses invités, d'un champion en propos odieux. Une télévision odieuse La télévision n'avait pas besoin de Thierry Ardisson pour se transformer en cette lessiveuse de l'intelligence qu'elle est trop souvent devenue. Mais il a incarné ce tournant mieux que quiconque en héraut du «temps de cerveau humain disponible» défini par Patrick Le Lay. Sa résurrection dans les années 2000, après des nineties passées un peu à l'ombre, n'était pas nécessaire: sa succession est assurée avec un Cyril Hanouna aux méthodes aussi viles mais peut-être encore plus dangereux dans le climat politique actuel. Thierry Ardisson, le publiciste, avait inventé, entre autres slogans, celui de «Quand c'est trop, c'est Tropico!» Sa postérité mériterait plutôt cette paraphrase: «Quand c'est trop con, c'est Ardisson!» Thierry Ardisson, célébrité de France Boris Senff travaille en rubrique culturelle depuis 1995. Il écrit sur la musique, la photographie, le théâtre, le cinéma, la littérature, l'architecture, les beaux-arts. Plus d'infos @Sibernoff Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.