
Éditorial: Foi de tricheur, il n'y a rien de pire que le dopage mécanique
Des assistances électriques pourraient se dissimuler sur les vélos du Tour de France. Un scandale – de ne pas en avoir sur le sien. Éditorial Publié aujourd'hui à 13h59
Le peloton du Tour de France, entre ombre et lumière.
AFP
Qui s'est déjà fait dépasser par un papy sifflotant l'«Hymne à la joie» en pleine montée sous le cagnard connaît ce sentiment d'injustice. Vous, vous suez des hectolitres sur votre vélo classique, arc-bouté sur les pédales, pendant que lui avale les hectomètres sur sa monture électrique, le mollet facile et la mine amène.
«C'est de la triche!» Pour ceux qui ne jurent que par les décharges d'acide lactique dans les cuisses, l'aversion pour les cyclistes assistés est tenace. Alors imaginez dans le peloton du Tour de France : se promener avec un moteur caché, on appelle ça du dopage mécanique , et la sentence est irrévocable: le goudron et les plumes.
Les progrès réalisés dans l'électrification des montures filent le vertige. Il suffirait d'une micropuce indétectable, dissimulée dans le moyeu de la roue, pour apporter un petit coup de boost au moment opportun. Quelques dizaines de watts supplémentaires, pas plus, juste histoire d'appuyer ce petit coup de giclette qui fait toute la différence au sommet du col.
Un boxeur qui cale un fer à cheval dans son gant, des jumeaux qui se relaient sous le même dossard pour courir un marathon, un gardien de football qui réduit la taille de son but: si on ne peut même plus tricher, à quoi ça sert de jouer? Certes. Or, il y a triche, et triche.
Imaginez que le papy en question se soit injecté une dose d'EPO pour parvenir à vous distancer si aisément, on pourrait au moins lui laisser le mérite du dévouement total, corps et âme, à la performance. Car les vrais dopés, eux, immolent leur santé sur l'autel de la gloire. Il y a là une approche sacrificielle: je triche, d'accord, mais j'en assumerai les conséquences en mon for intérieur, car potentiellement, j'y laisse une partie de mon espérance de vie.
Le tricheur mécanique, lui, se satisfait de la vile roublardise, s'approprie les lauriers sans jamais en payer le prix. Alors la sentence est irrévocable: oui, le goudron et les plumes – à moins de nous partager discrètement les ressorts de son astuce.
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