
«Le plus grand marché criminel du pays» : l'Office antistupéfiants alerte sur la «menace existentielle» du trafic de drogue en France
Le trafic de stupéfiants représente une «menace existentielle» pour la France, cingle le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, dans un rapport de l'Office antistupéfiants (Ofast) de la police nationale rendu à la fin du mois de juillet. Ce constat alarmant résumé en 62 pages, révélé par Le Monde et Valeurs Actuelles et que Le Figaro a pu consulter, rend compte d'un territoire gangrené par les points de deal, sans «zones blanches». Ces dernières années, le commerce des stupéfiants est devenu «le plus grand marché criminel du pays» avec près de 7 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2023. «C'est un tsunami blanc qui s'abat sur la France», expose le ministre en référence aux saisies record de cocaïne qui ont augmenté de 130% en 2024 (53 tonnes saisies par les autorités).
L'expansion de ces trafics a pour corollaire une violence désinhibée de la part des narcos. «Nos villes sont désormais le théâtre de guerres de territoires qui se règlent à coups de kalachnikovs ou de grenades», note l'Ofast. Cocaïne, cannabis, drogues de synthèse ... Ces trafics sont «la cause de la majorité des violences crapuleuses constatées en France». Une brutalité qui sert à asseoir son hégémonie sur un marché où l'offre est permanente et abondante. En 2024, 367 assassinats et tentatives liés au narcotrafic ont été recensés. Ces crimes ont entraîné la mort de 110 personnes et en ont blessé 341.
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173 villes touchées par les homicides sur fond de trafic
«Depuis 2021, le nombre d'assassinats et de tentatives d'assassinats a augmenté de 33%», souligne l'Ofast. Le maillage national des points de deal parsème des affrontements armés aux quatre coins du pays. L'an dernier, 173 villes ont été touchées contre 161 en 2023. Marseille (40 faits de violences liés aux trafics de drogue), Grenoble (14 faits) et Toulouse (12 faits) sont les villes les plus touchées. Des villes de taille moyenne comme Villeurbanne, Échirolles et Dijon, concentrent des hausses significatives. «Des petites villes sont également touchées, comme Florange, démontrant le caractère diffus et hétérogène des actes criminels», note encore l'office antistupéfiants.
C'est dans ce contexte que l'organisation criminelle marseillaise, la DZ Mafia, a régulièrement défrayé la chronique. Qualifiée de «menace majeure» par l'Ofast, elle se distingue par «son ultraviolence, sa volonté d'expansion territoriale», en aidant notamment des «groupes indépendants afin d'exiger d'eux un retour sur investissement». Et d'ajouter : «Sa renommée pourrait également pousser d'autres groupes criminels à s'inspirer de ces méthodes pour gagner en importance.»
Outre les assassinats entre bandes rivales souvent exécutés sur la voie publique, sous le regard effrayé des passants, les narcos ont recours aux enlèvements-séquestrations, aux «jambisations» (des attaques violentes ciblant les membres inférieurs dans un but de punition ou d'avertissement) et aux «rafalages» (tirs d'armes à feu en rafale) d'immeubles pour s'approprier un territoire. «Ces violences sont souvent déléguées à une main-d'œuvre recrutée spécifiquement, pour des tarifs pouvant aller de 2000 à 10.000 €, pour violenter un mauvais payeur ou éliminer une tête de réseau», analyse le rapport de police.
Des consommations en hausse
Pour mener à bien un trafic de drogue et les violences qui en découlent, nul besoin d'être présent sur place. «La détention n'est plus considérée par les trafiquants comme une entrave.» Depuis leur cellule, les narcos gèrent d'une main de maître leurs réseaux avec lesquels ils restent en contact permanents grâce aux téléphones portables détenus illégalement. L'incarcération est même «mise à profit pour développer de nouveaux réseaux criminels». Ainsi, le 27 juillet 2024, un agent du centre pénitentiaire de Bois-d'Arcy, dans les Yvelines, a été interpellé après avoir introduit de la drogue dans la prison pour un détenu dans la cellule duquel étaient saisis trois téléphones portables, des stupéfiants, deux couteaux, des comptes et une clé WI-FI.
Mais «s'il y a des dealers, c'est bien parce qu'il y a des consommateurs», tient à rappeler Bruno Retailleau. En 2023, 3% des Français avaient déclaré avoir consommé au moins une fois de la cocaïne dans l'année, soit 1,1 million d'usagers contre 600.000 en 2017, selon l'Enquête sur les représentations, opinions et perceptions sur les psychotropes (EROPP) menée par de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (Ofdt). «Bien qu'elle concerne dix à quinze fois moins de personnes que le cannabis, la consommation de cocaïne a donc connu un essor important qui s'est accéléré dans la décennie 2010. Recherchée pour ses propriétés stimulantes en contexte professionnel, festif ou sexuel, elle s'est démocratisée.» Quant au cannabis, il reste la drogue la plus consommée en France. L'Ofdt recense 5 millions d'usagers dans l'année ; 1,4 million d'usagers réguliers et 900.000 usagers quotidiens.
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