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La semaine où la France a mis un coup d'accélérateur à la reconnaissance de la Palestine

La semaine où la France a mis un coup d'accélérateur à la reconnaissance de la Palestine

POLITIQUE - Objectifs atteints. Pressé par la gauche et une partie de son camp, Emmanuel Macron s'était longtemps refusé à reconnaître l'État de Palestine de manière unilatérale, arguant que seule une reconnaissance commune par plusieurs pays pourrait vraiment faire avancer les choses. Face au désastre humanitaire en cours à Gaza et pour redonner un souffle de vie à une solution à deux États placée en coma artificiel, la France a finalement revu sa stratégie. Avec succès.
Jeudi 24 juillet, le chef de l'État prend tout le monde de court. Alors que Paris doit coprésider quatre jours plus tard une conférence à l'ONU en faveur de la solution à deux États, Emmanuel Macron annonce que « la France reconnaîtra l'État de Palestine » et donne rendez-vous à la prochaine Assemblée générale des Nations Unies en septembre.
Le lundi suivant, à New York, son ministre des Affaires Étrangères Jean-Noël Barrot enfonce le clou : la reconnaissance française est « un appel à tous les peuples et pays du monde à apporter leur pierre à l'édifice de la paix », un appel « aux pays qui n'ont pas encore reconnu l'État de Palestine : c'est aujourd'hui que votre décision aura le plus d'impact sur le cours des choses. »
« Nous, ministres des Affaires étrangères… »
Des pays au positionnement jusqu'alors discrets se manifestent. Avant de concrétiser le lendemain, mardi 30 juillet, en signant la déclaration de New York. « Nous, ministre des Affaires étrangères d'Andorre, Australie, Canada, Finlande, France, Islande, Irlande, Luxembourg, Malte, Portugal, Norvège, Nouvelle-Zélande, Saint-Marin, Slovénie et Espagne, avons déjà reconnu l'État de Palestine, ont exprimé ou expriment la volonté ou la considération positive de leur pays » à le faire, indique le texte commun.
Les annonces qui suivent sont tout aussi encourageantes. Le même jour, le Royaume-Uni se dit prêt à suivre sous conditions. Puis c'est le Canada qui suit, au prix de la colère de Donald Trump. Le Portugal, également signataire de la déclaration de New York, engage dès le 31 juillet des démarches nationales pour une concrétisation en septembre. Même l'Allemagne durcit le ton, alors que son chancelier Friedrich Merz se montrait plus conciliant avec la politique israélienne. « La récente conférence de l'ONU à New York a montré qu'Israël se trouvait de plus en plus en position minoritaire », déclare le 31 juillet Johann Wadephul, ministre des Affaires Étrangères. Et s'il a réitéré la position de Berlin qui est que « la reconnaissance d'un État palestinien doit intervenir à la fin d'un processus » de négociations, il s'est toutefois fait plus pressant. « Un tel processus doit maintenant commencer. L'Allemagne ne déviera pas de cet objectif. Sinon, elle sera forcée de réagir à toute action unilatérale » de la part d'Israël, prévient-il.
Plutôt que de tenter de convaincre tout le monde d'avancer collectivement, Paris a donc choisi d'être moteur pour entraîner cet effet de groupe. Un changement de stratégie qui s'est révélé payant. « La dynamique que nous avions lancée a entraîné un mouvement », se félicite l'Élysée auprès du HuffPost, en ce 1er août. « Ces soutiens montrent que notre mouvement a créé à la fois un impact que souhaitait le Président de la République sur le cadre politique lui-même, avec les éléments qui sont présents dans le plan d'action en 42 points adopté à la conférence sur les deux états de New York, mais aussi un soutien à la solution à deux États par la reconnaissance qui se profile désormais de façon collective en septembre aux Nations Unies », souligne-t-on de même source.
Rien n'est encore joué, puisqu'il faudra attendre le rendez-vous des chefs d'État et de gouvernement en septembre pour passer des paroles aux actes. Mais Paris peut se flatter d'avoir embarqué le Canada, pays du G7 et l'Australie, membre du G20.
Deux victoires qui en cachent une autre
La to-do list d'Emmanuel Macron est presque totalement cochée. Outre la reconnaissance de la Palestine, le chef de l'État souhaitait un engagement des pays arabes sur une normalisation des relations avec Israël, afin d'arriver, à terme, à la solution à deux États. Une stratégie jusqu'à présent mise à mal par le drame humain dans l'enclave palestinienne et dont l'État hébreu est responsable.
Néanmoins, une avancée notable a eu lieu dans le cadre de la conférence à New York. Pour la première fois, la Ligue arabe ainsi qu'une quinzaine de pays dont la Jordanie, le Qatar et l'Égypte ont publiquement condamné l'attaque du 7 octobre 2023 et appelé le Hamas à « remettre ses armes à l'Autorité palestinienne » laquelle doit être seule en charge de la gouvernance du territoire, « avec le soutien approprié ». Une déclaration « historique et inédite » pour Jean-Noël Barrot et qui va dans la direction souhaitée par Paris.
À l'aune de cette première conférence, le bilan est donc plus que positif, d'autant que ces deux victoires officielles en cachent une autre. Car en réaffirmant leur soutien à la solution à deux États et leur condamnation du 7 octobre, les pays de la Ligue Arabe sont allés dans le sens de l'accord d'Abraham. Conclu avec fierté par Donald Trump lui-même lors de son premier mandat, il visait justement à normaliser les relations entre Israël et certains pays en échange de la suspension du projet israélien d'annexion d'une partie des territoires palestiniens occupés. Et Jean-Noël Barrot, interrogé sur les critiques américaines vis-à-vis de l'initiative française, n'a pas manqué de renvoyer la balle à l'envoyeur : « Avec les engagements qui ont été pris (...) nous créons les conditions pour que les États-Unis, le moment venu, puissent réamorcer cette logique des accords d'Abraham », a-t-il déclaré sur BFMTV. Le cocorico n'en est que plus savoureux.
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